Il y’a près d’une décennie, Louiza Hannoune commettait à l’Assemblée nationale un discours particulièrement enflammé contre la privatisation. Dans le foulée, elle s’en était pris violemment à ceux qu’à ses yeux “veulent brader l’économie nationale et la souvraineté du pays” à qui elle reprochait l’irruption du privé-algérien ou étranger-dans le marché. Comme argument, elle avait pris l’exemple-sans doute le plus mauvais et le moins pertinent-d’Algérie Telecom dont elle avait défendu bec et ongles la situation de monopole sur la téléphonie mobile sous peine de disparition, avec les conséquences que la patronne du parti des travailleurs avait décrit comme apocalyptiques. Au sortir de cette séance, un confrère avait interpellé Mme Hannoune à peu près dans ces termes : “Madame, sans Djezzy, je n’aurai peut-être eu aucune chance d’accéder à un télèphone portable, alors que vous, vous l’avez reçu chez vous, emballé et gratuit, avec puce, appareil et abonnement illimité.
Alors, il est difficile de croire que ce n’est pas ce prévilège que vous défendez plutôt que l’intérêt des travailleurs et la souveraineté nationale”. L’exemple, peut être un tantinet caricatural mais il n’est pas dénué d’intérêt. Les rentes de situation et les privilèges brandis comme argument économique quand ce n’est pas carrément comme options politiques stratégiques, ce n’est pas ce qui manque dans notre paysage. Pourtant, Algérie Telecom n’a pas disparu, elle a même amélioré ses performances grâce à la concurrence des deux autres opérateurs.
Le consommateur, qu’on a tendance à souvent oublier, a maintenant un produit et un service à portée de main et, plus heureux encore, à moindre coût. Depuis peu la mode est au ”lynchage” de l’achat à crédit. De sombres économistes, des citadins au dessus des autres et des nouveaux riches ignares en font leur sujet favori. Les premiers, avec une facilité désespérante nous suggèrent que les crédits doivent être réorientés vers la PME/PMI, seule gage de la relance du développement. Les seconds pensent que tous les problèmes de circulation et de pollution viennent des achats frénétiques à crédit. Les derniers, qui ne se gênent décidément pas sont outrés que “n’importe qui” maintenant peut s’offrir une voiture neuve ou un écran plasma. Les situations acquises mènent décidément à tout, même à la… révolte d’une caste dont les nouvelles donné économiques dérangent les habitudes “exclusives” de consommation. Dans les altercations courantes entre automobilistes sur la route une nouvelle insulte est née: “Salope, tu l’as achetée à crédit !” Tragi. comique.
S.L