«Je suis toujours au service du club»

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Rubrique animée par Hamid Oukaci

Avec la JSK, il a remporté huit championnats, deux Coupes d’Algérie, une Coupe d’Afrique des clubs champions et deux Supercoupes d’Algérie et d’Afrique, tandis qu’avec les Verts, il a vécu «la belle époque», comme on dit sous les couleurs nationales. Larbès a été sélectionné huit années successives avec l’Equipe A, soit de 1974 à 1982. Il a participé aux grands événements footballistiques, tels la Coupe d’Afrique des nations à deux reprises, la Coupe du monde et les Jeux Olympiques de Moscou. Connu pour sa discipline et son fair-play, Larbès n’a jamais reçu de carton rouge durant toute sa carrière, laquelle s’étale sur plus de 15 ans dans le haut niveau. Il est, actuellement l’entraîneur des poussins de la JSK, le club qu’il n’a pas quitté depuis son arrivée en 1972.

Pour la rubrique Ithran que propose la Dépêche de Kabylie, Dda Salah Larbès a bien voulu contribuer par des souvenirs émouvants avec son club, la JSK.

La Dépêche de Kabylie : Alors Dda Salah, comment ça se passe pour vous avec les poussins de la JSK ?

Salah Larbès : Je dirais que ça se passe plutôt bien, puisque nous sommes en train de faire un travail de base avec les jeunes poussins du club pour les former et leur inculquer, bien sûr, les règles du football en axant notre travail sur l’éducation, qui est à mon avis le pilier de chaque joueur.

Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans la balle ronde ?

J’ai débuté le football dans mon village natal à Tixeraïne, j’ai signé ma première licence en cadets dans le club de la JS Tixeraïne en 1967, avant d’être sélectionné en équipe nationale cadets. Mon premier entraîneur à l’époque était Saïd Allik, d’ailleurs, c’est lui qui m’a inscrit pour participer au concours des jeunes joueurs, car à cette époque pour être sélectionné en équipe nationale, il fallait d’abord passer des tests de sélection. Ensuite j’ai joué avec la CS Douanes comme juniors et puis avec l’équipe des Travaux publics en seniors.

Comment êtes-vous venu à la JSK ?

D’abord je souligne que j’ai été sélectionné en équipe nationale juniors et puis en équipe nationale espoirs, donc j’avais déjà un nom. Je me souviens que le président Abdelkader Khalef m’a envoyé un émissaire, en l’occurrence Hadj Oumnia, pour me faire part du désir de la JSK de m’enrôler ; bien sûr j’ai été fou de joie. C’était un rêve pour moi de jouer dans ce grand club que je porte dans mon cœur depuis mon plus jeune âge. Donc, j’ai donné mon accord de principe et j’ai intégré la JSK en début de saison 1972/73 avec Cerbah, Dali et Aouis

Vous étiez un porte-bonheur pour le club puisque vous avez gagné votre premier titre de championnat, racontez-nous vos débuts avec la JSK ?

J’ai été titulaire dès la première saison. Je me souviens que durant le premier match du championnat face au NAHD, au stade Oukil-Ramdane, j’étais sur le banc de touche. Mais le hasard a voulu que Dali se blesse, alors j’ai fait ma première entrée et depuis ce jour j’étais devenu été titulaire. Le hasard a voulu que je gagne mon premier titre dès la première saison.

Comment avez-vous savouré ce premier sacre ?

Je ne peux pas vous décrire l’ambiance. C’était plus que de la joie. C’était fou ! Eh comment ! Gagner un premier titre de Championnat a toujours une saveur particulière, on a joué notre dernier match face au CRB, au coup de sifflet final, c’était la grande joie. On a fêté notre victoire à l’hôtel Lalla Khedidja et après on est sorti dans la ville à bord d’un camion au milieu d’une liesse populaire inscriptible.

Vous aviez été entraîné par plusieurs coaches, qui vous a le plus marqué ?

Il y a beaucoup d’entraîneurs avec lesquels je garde de bons souvenirs. Mais, je pense que les plus proches sont Khalef et Zywotko, d’ailleurs ce sont avec eux que j’ai travaillé le plus longtemps. Je peux dire que c’était la stabilité. Donc, c’est ces deux entraîneurs qui m’ont le plus marqué.

Quel est votre meilleur souvenir avec la JSK ?

C’est l’année du premier doublé, plus exactement la finale de la Coupe d’Algérie face au NAHD. Je me souviens que j’ai marqué le premier but de la rencontre et on a gagné aussi notre premier doublé. C’était tout simplement extraordinaire !

Et le plus mauvais ?

C’était le jour où nous avions perdu ici à Tizi Ouzou un match de Coupe d’Afrique avec une équipe africaine. On ne savait pas ce qui nous arrivait ce jour-là. On a dominé la rencontre mais on a perdu, d’ailleurs, durant toute la semaine on évitait de croiser les gens. Il y avait même ceux qui sont restés chez eux par respect pour nos supporters que nous avions, quelque part, déçus.

Justement, parlez-nous de votre relation avec les supporters ?

Il y avait du respect et surtout la confiance. Nos supporters étaient sûrs qu’on était les meilleurs. Mais ils avaient peur que l’on passe à côté de notre but, car un joueur peut rater son match quel que soit son statut. D’ailleurs, c’était vraiment rare qu’un supporter ose insulter un joueur. Ils avaient confiance en leur équipe. Au contraire, ils nous encourageaient souvent et nous, en contrepartie, on était prêts à mourir pour eux. Je ne vous cache pas que quand on rentrait sur le terrain, que les gradins étaient pleins comme un œuf et que les supporteurs scandaient «Imazighen». Croyez-moi, vous donnerez plus que ce que vous pouvez donner !

En quelle année avez-vous arrêté de jouer ?

Normalement, je devais arrêter en 1986, juste après le doublé. Mais à l’époque Khalef nous a demandé, à moi et à Fergani de choisir celui qui raccrocherait pour ne pas laisser un vide au sein de l’équipe. Donc Ferguani a arrêté en 1986 et moi la saison d’après, soit en 1987.

Ensuite vous avez entamé votre carrière d’entraîneur ?

Effectivement, je n’ai jamais quitté la JSK depuis mon arrivée. Après avoir arrêté comme joueur, j’ai intégré directement le staff technique. Donc, j’ai travaillé avec Khalef et Zywotko et ensuite avec Fergani. Et depuis 1995, je suis avec les poussins de la JSK.

Puisque vous êtes toujours à la JSK, quelle est la différence entre la JSK de votre époque et celle d’aujourd’hui ?

Je peux vous dire qu’à notre époque, c’était la stabilité qui payait. D’ailleurs, on ne changeait pas les joueurs et les entraîneurs du jour au lendemain. Certes, il y avait des partants et des nouvelles recrues mais en petit nombre. Ce qui donnait une certaine stabilité à l’équipe, d’ailleurs les résultats vous les connaissez. Aujourd’hui justement, c’est cette stabilité qui manque à la JSK. J’avoue qu’on a un groupe de très bons joueurs mais les changements effectués chaque fin de saison, soit par les départs ou bien par un recrutement massif, je crois qu’ils n’arrangent guère les affaires du club.

Si on revenait à l’équipe nationale, quelle est votre histoire avec cette dernière ?

Avec l’équipe nationale, c’est une longue histoire. J’ai été sélectionné en cadets, en juniors et puis en espoirs. En équipe A, j’ai débuté en 1974 pour arrêter juste après le Mondial d’Espagne. J’ai joué plusieurs matchs avec l’équipe A. J’ai participé à la Coupe d’Afrique des nations au Nigeria où nous étions finalistes. J’ai participé aussi aux Jeux Olympiques de Moscou où nous avions atteint les quarts de finale et aussi à la Coupe d’Afrique en Libye, où nous étions classés 4e et enfin, le glorieux Mondial d’Espagne.

Vous êtes actuellement entraîneur des poussins, qu’est-ce que vous essayez de leur inculquer ?

Pour mes poussins, je leur dis que le football, avant tout, est une éducation et chaque joueur doit respecter l’adversaire et les règles du jeu. Moi personnellement, je n’ai jamais eu de carton rouge durant toute ma carrière ceci en étant défenseur. Regardez ce qui se passe actuellement dans les stades. La majorité des incidents sont causés par les joueurs eux-mêmes ! C’est eux qui contestent les décisions de l’arbitre et se bagarrent entre eux, donc les supporters suivent automatiquement. Il est vraiment rare de voir un match de football de nos jours sans incidents.

Vous avez peut -être un mot à dire en conclusion aux supporters de la JSK ?

Oui ! Effectivement, je leur lance un appel pour rester solidaires avec leur équipe, parce que c’est tout ce qui nous reste. Je leur dis que seule la stabilité peut payer, en contrepartie, je dirais aux joueurs de faire des sacrifices pour rendre heureux notre cher public.

H. O.

Pour vos contacts [email protected]

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