En 2003, une troupe théâtrale dénommée Issuraf est venue redorer le blason du mouvement culturel de Semmache, un village distant de 35 km à l’est de Bouira. Créée à l’initiative d’un groupe de jeunes motivés, qui voulaient contribuer à l’épanouissement culturel de leur village, cette troupe n’a pas manqué de se distinguer par ses nombreuses pièces présentées à travers les quatre coins du pays, depuis sa création. La troupe est composée de vingt comédiens répartis en trois groupes et de cinq encadreurs, tous amateurs qui activent sans aucun moyen (ni local pour les répétitions, ni subventions). “Nous travaillons avec nos propres moyens, et personne ne nous a proposé de nous aider malgré nos innombrables sollicitations’’, déplore Abdennour, l’un des principaux encadreurs. En effet, faute de moyens, les comédiens sont contraints avant chaque représentation, de répéter dans le garage d’un particulier. Quant à la sonorisation, elle est mise à leur disposition gratuitement par le président de l’association “Thafath’’ du même village. Signalons que les membres de cette dernière sont les premiers et les seuls à venir en aide à cette troupe qui s’est illustrée lors de plusieurs manifestations à travers le territoire national, notamment à Béjaïa, Alger, Sidi Bel-Abbès et Aïn Defla, où elle a raflé plusieurs prix. En plus des problèmes financiers et infrastructurels, le manque de formation des encadreurs a entravé l’évolution de cette troupe, puisque c’est eux qui composent et mettent en scène les pièces. «Ce que nous voulons, c’est une formation au moins pour les compositeurs et les metteurs en scène», enchaîne le même interlocuteur. Toutes les pièces sont puisées de leur imagination, de l’actualité et des difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement. Enfin, avec les idées des uns et la générosité des autres, Issuraf a su créer une synergie créative, qui continue à égayer les petits et les grands. Les responsables leur ont tourné le dos, peut-être, pour ne pas les voir !
Salmi Mourad