“La spéculation et le mauvais temps en sont à l’origine”

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La Dépêche de Kabylie : Depuis quelques semaines, le marché du poisson à Tizi-Ouzou connaît une hausse considérable des prix, quelles en sont les raisons, à votre avis?

M. Djabali : Je pense que d’abord, il ne faut pas se précipiter pour tirer des conclusions hâtives. Oui, la hausse des prix caractérise le marché actuellement à Tizi-Ouzou. Cela est dû à diverses raisons. Premièrement, il y a les conditions climatiques, le mauvais temps ayant sensiblement influencé les opérations de pêche, plus la mer est agitée moins on trouve de bateaux de pêche en mer. Je crois que cette année, l’hiver a été très rude pour les pêcheurs, il y a eu donc moins de production. En de telles circonstances la pêche est rendue difficile l’eau en surface étant sale, empêche la remontée de la sardine.

Parallèlement à cette baisse de production, la demande a connu une hausse aussi, ce qui est bien normal en période de pénurie. Dans ce contexte caractérisé par un déséquilibre du rapport offre demande, les mandataires mettent leur grain de sel en spéculant sur les prix, cela s’ajoute au fait que les prix des viandes rouges et autres connaissent eux aussi, une augmentation, ce qui fait que les citoyens se rabattent sur la sardine. Toutes ces raisons font que les prix actuels sont hors d’atteinte des consommateurs dont le pouvoir d’achat reste moyen.

On parle aussi d’une bonne quantité de la production de Tizi-Ouzou vendue sur d’autres marchés, autre que local…

Ce constat est valable particulièrement pour le poisson noble qui constitue le gros des produits de notre wilaya. Je vous cite l’exemple de la crevette qui est vendu à Alger à des prix bien plus élevés comparativement au marché local. Le circuit de distribution a été largement amélioré, aujourd’hui des bourgades lointaines du chef-lieu telles Bouzguene, sont approvisionnées quotidiennement. Tizi-Ouzou, il faut le préciser, est aussi approvisionnée à partir des régions de l’Ouest et surtout de la wilaya de Boumerdès.

Pourquoi ne mettez-vous pas en place le système de stockage, afin d’assurer l’approvisionnement du marché régulièrement ?

Vous devez savoir que la sardine est un produit périssable, donc qui doit se vendre dans la journée. Cependant, nous allons très prochainement mettre en service un entrepôt figorifique à Azzefoun, ce qui nous permettra de disposer d’un marché de gros du poisson.

Il y a aussi la pêche dans le barrage qui est aussi effective, nous avons déjà délivré trois autorisations pour la pêche au niveau du barrage de Taksebt. La carpe est déjà disponible sur le marché local.

Ne pensez-vous pas que c’est un paradoxe de constater une telle flambée pour une wilaya qui dispose d’un aussi large littoral ?

Je ne vois pas les choses de cette manière, moi, je dis que les prix répondent à une logique de marché même si l’Etat a fait des efforts pour aider les pêcheurs en subventionnant les outils de pêche. On tente de juguler l’effet de la spéculation en collaboration avec la Direction du commerce.

Comment prévoyez-vous la suite, les prix continueront-ils à prendre l’ascenseur?

Il n’y a pas lieu de s’affoler, il y a certes une durée pour stabiliser le marché, cela ne saurait tarder? Je dis aussi qu’ il existe des situations de flambée, il y a également des cas où la sardine ne trouvait pas preneur à 20 DA. En été, la crise ne durera pas très longtemps.

Entretien réalisé par A. Z.

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