Après avoir multiplié des déclarations incendiaires contre les responsables du pays, les responsables du parti de Hocine Aït Ahmed vont imaginer une autre manière de protester. Une marche populaire est prévue dans les prochains jours. Certaines sources parlent d’une manifestation à Alger malgré l’échec d’une première tentative à Tazmalt la semaine dernière. Les militants du FFS de cette localité avaient, en effet, essayé de marcher dans les rues de la ville pourtant réputée bastion de la formation de Aït Ahmed. Seulement, les foules n’étaient pas au rendez-vous. Les citoyens et les militants n’ont pas répondu à l’appel de ce parti. La marche avait tourné, tout simplement, au fiasco. Ce n’est que partie remise puisque le parti ne désespère pas de radicaliser la protestation. L’essentiel est de protester. D’afficher son mécontentement contre une décision qui va discréditer le parti. C’est dans cette optique que Ali Laskri a convoqué, pour aujourd’hui, les élus de son parti pour « débattre des actions de protestation appropriées que compte mener le parti contre la dissolution arbitraire et illégale des assemblées locales des deux wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa », lit-on dans le communiqué du parti transmis à notre rédaction. Le FFS voit dans la décision « des risques de voir la région sombrer à nouveau dans la violence », parce que, ajoute le document, cette décision est « raciste et régionaliste ». La réunion d’aujourd’hui vise aussi, selon les rédacteurs du communiqué, à « contrecarrer le régime spécial décrété contre la Kabylie ».Contrairement à l’attitude de protestation du FFS, le Rassemblement national démocratique (RND) tiendra, aujourd’hui à Sidi Fredj, une session de son conseil national pour débattre, bien entendu, des prochaines élections partielles en Kabylie. Même si le parti ne compte pas beaucoup d’élus dans la région, il ambitionne de rafler des sièges supplémentaires à l’occasion des élections prochaines pour consolider sa présence dans une région réputée hostile aux partis dits du « pouvoir ». Le secrétaire général de ce parti, Ahmed Ouyahia, également chef du gouvernement, profitera de cette occasion pour s’exprimer sur une question aussi sensible que la crise de Kabylie. L’actuel chef de l’Exécutif gouvernemental tentera à coup sûr de défendre une option en tant que chef de parti, une occasion qui ne lui est offerte que rarement. Loin d’appeler à une protestation, il battra le rappel de ses troupes pour mieux se préparer en vue de marquer sa présence lors d’une élection qui n’a toujours pas livré tous ses secrets. C’est donc un week-end politique animé mais pas chargé que va vivre la capitale avec, cependant, un ordre du jour différent pour deux formations politiques qui ont des objectifs tout à fait opposés, puisque au moment où le FFS s’inscrit dans une attitude défensive, le RND est dans une position tout autre qui fait que le parti a beaucoup plus de choses à gagner qu’à perdre. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il n’y a pas beaucoup de surprises à attendre du côté du parti de Ahmed Ouyahia. Les regards seront, au contraire, tournés vers le Front des forces socialistes qui va adopter une démarche certainement plus radicale mais qui ne changera pas, en réalité, beaucoup de choses puisque la décision de dissolution des assemblées locales est venue du plus haut sommet de l’Etat.
Ali Boukhlef