Conférence de Hocine Haroun sur la peinture

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Sur invitation de l’association culturelle «Ibturen» Hocine Haroun est venu pour parler de la peinture dans tous ses aspects, esthétiques, éducatifs et sociaux.

Devant un auditoire venu essentiellement du milieu éducatif, enseignant, élèves, amateurs de l’art, Haroun, parlant aussi bien qu’il dessine, a essayé de disserter sur de multiples aspects de la peinture en illustrant souvent son propos des péripéties de son parcours personnel. Ce professeur d’enseignement moyen de lettres françaises a très tôt décelé en lui-même l’appel profond de l’art il a fait sa première exposition pendant le Service national, à 22 ans. Pour Haroun, certes, l’art s’apprend mais il doit avoir pour socle des prédispositions certaines, une sensibilité particulière, un sixième sens accordé à une poignée d’élus. «L’art est d’abord le propre du génie, il n’est pas donné à tout le monde, beaucoup de personnes jouent de la guitare ou dessinent mais tout le monde ne peut être Idir, Aït Manguellet, Issiakhem ou Van Gogh». Haroun a une production abondante, environ 500 toiles. En parcourant ses œuvres, on est impressionné par la finesse de sa touche, le doigté délicat qui va jusqu’au détail.

Les ruelles d’Aït Frah sont saisissantes de vérité, et les personnages paraissent extirpés brusquement de leur mouvement, comme des instantanés photographiques. Dans «Ruelle ombrée avec homme assis» le site est restitué dans ses moindres détails, l’œil se promène sur l’agencement inégal des tuiles entre lequelles poussent les herbes sauvages, les yeux subtils de l’ombre et du soleil, les pierres mal colmatées. Un vieillard est assis là, à l’ombre, faisant corps avec la pierraille, avec le temps, comme le témoin d’un monde en ruine. La Kabylie est très présente dans ses toiles, certainement parce que l’auteur y est originaire mais également parce qu’elle offre un vaste champ visuel, une grande variété de paysages, de contrastes, où toutes les sensations propres aux artistes peuvent être sollicitées. Mais Haroun a aussi peint La Casbah, la Baie d’Alger rendue aussi belle que nature, des sites de Ghardaïa. Parfois il se laisse aller dans une sorte de dilution des formes et des couleurs, un fondu se jouant de l’apparence à la limite de la perception figurative, frisant l’abstrait. Y a-t-il un effet de l’art et de la peinture sur la société ? Haroun répond qu’on aurait tort de mépriser l’effet éducatif des arts, son exaltation de la sensibilité, sa tempérance de la brutalité. L’art exalte le sens en pondérant l’instinct et reste le champ d’expression privilégié de la quintessence humaine, tant il est vrai que si tous les vivants peuvent manger, se mouvoir, ou souvent s’affronter, l’art est par contre le propre de l’homme.

M. Amarouche

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