La direction de l’urbanisme et de la construction a convié les spécialistes en charge de la construction et de l’aménagement du territoire à une journée d’étude ayant pour thème la requalification du tissu urbain de la ville de Bouira. La ville de Bouira a été promulguée commune en 1868. Avant et depuis le début du XVIIe siècle, le site comprenait un souk et un check-point régi par les turcs depuis le fort construit pour percevoir l’impôt et asseoir l’autorité ottomane dans la région. La ville connaîtra ses premières extensions avec les colonisateurs entre 1830 et 1962 puisque c’est à cette époque que des patios sont érigés le long de l’actuelle rue Abane Ramdane. Dans le cadre du plan de Constantine, trois cités sont réalisées aux fins de fixer les 12 000 âmes et de les isoler des moudjahidine. Promulguée wilaya en 1974 après plusieurs années de dépendance de Tizi Ouzou, la ville bénéficie d’une opération de réaménagement et de réhabilitation. Le projet commencé avec la réalisation de deux cités en barre à l’entrée sud, est vite interrompu suite à l’opposition des propriétaires des terrains. L’inexistence d’assiettes foncières amène les pouvoirs publics à aller vers l’ouest de la ville surtout que même les Français avaient recouru à cette partie de la ville quand ils ont construit la cité de recasement aujourd’hui éradiquée, la cité Gouizi Said. Ainsi et dans le cadre du développement urbanistique, la ville a connu de profondes mutations tant sur le plan culturel et le plan spatial.
De nouvelles entités indépendantes ont été créées conformément à une politique d’aménagement qui a montré ses limites en donnant naissance à des cités-dortoirs où les éléments inhérents à une vie paisible, assurant le confort du citoyen n’ont pas été pris en considération.
Ces politiques qui se sont succédé jusqu’en 1999 ont plongé l’ancienne ville dans un état d’abandon et d’oubli, faits qui ont accentué l’état de délabrement, la détérioration des réseaux de voirie et d’assainissement, l’exiguïté du réseau viaire, l’apparition des constructions illicites, donnant à la ville une image hideuse. La nomination du wali Ali Bouguerra qui a eu la chance de travailler à Bouira pendant des années et sa connaissance du sujet dans ses moindres détails seraont une aubaine. Fort de cet argument, il a décidé de revenir à l’ancienne ville, partant du constat amer cité plus haut et afin de donner vie à l’ancien tissu urbain et d’en éradiquer les constructions vétustes et insalubres pour hisser la ville au rang de grande métropole. En plus des opérations de démolition, la direction de wilaya a opté pour la création de boulevards structurants et de nœuds visant à rendre la circulation plus fluide, d’une part, et désenclaver les quartiers. Voulant allier l’histoire et les perspectives d’avenir, le premier boulevard qui a d’autre part accueilli l’opération n’est autre que la rue Abane Ramdane, la première artère autour de laquelle est née Bouira. Riche de la première expérience de rénovation engagée en 1974 et qui a échoué, plusieurs formules de partenariat, d’expropriation, de montage, de promotion ont été retenues sur chaque site d’intervention. S’agissant de la nouvelle ville où réside la majorité des Bouiris, les pouvoirs publics ont décidé de mettre ces cités à niveau en intervenant pour réaliser des aménagements extérieurs, en créant des espaces verts, en uniformisant les grilles de sécurité, en interdisant les transformations sur les façades, les devantures métalliques anarchiques, en prévoyant des accès pour handicapés… Ces rectificatifs sont les résultats d’un diagnostique minutieux fait par les spécialistes. L’adhésion du citoyen à ce grand projet est plus que nécessaire, elle est vitale à moins que les Bouiris veuillent rester en marge et laisser Bouira dans son état hideux. La revalorisation du tissu urbain dérange peut-être certains mais c’est un projet pourvoyeur d’emplois, créateur de richesse et nécessaire à une ville qui, grâce à l’autoroute, est devenue une périphérie de la capitale. Pour ces arguments, le wali doit avoir le soutien de tout le monde.
Manel A.
