La misère sociale engendre généralement des changements dans les habitudes alimentaires et vestimentaires. Pour ce dernier volet, c’est certainement cette misère qui avait fait qu’il y a eu création d’une activité nouvelle, jusque-là inconnue en Algérie, qui n’est autre que la revente de produits utilisés. Ce nouveau commerce qui s’est proliféré ces derniers temps est appelé communément friperie, en référence au terme anglais Free Price (prix libre). Destiné aux petites bourses en priorité, il a inondé le marché de la wilaya de Béjaïa pour atteindre officiellement la moyenne d’une boutique par commune, car selon les services du registre du commerce, il y a quand même cinquante-trois commerçants inscrits sans compter ceux de l’informel. Le phénomène de la friperie qui s’étend de plus en plus, a vu sa naissance depuis une dizaine d’années dans la wilaya de Béjaïa, dont les commerçants en la matière ont commencé à s’approvisionner auprès du premier importateur de la wilaya de Béjaïa avant de se rabattre sur les autres importateurs implantés à travers le territoire national, notamment dans la région de Sétif, Bordj Bou Arréridj et Alger. Acheminés via la Tunisie sous forme de ballots contenant chacun un type d’article, les effets vestimentaires sont importés dans leur globalité d’Europe et d’Amérique, les Etats-Unis et le Canada en l’occurrence. Certes, il n’y a qu’une cinquantaine de commerçants inscrits au registre du commerce, mais il y a le triple d’ambulants qui sillonnent les marchés hebdomadaires et surtout le grand marché de Tazmalt où on trouve de tout, à l’instar d’ailleurs de ceux de Tadjenant et Dubaï à El Eulma. Cette prolifération de ce type de commerce a été, quelque part, bénéfique aux pères de famille qui arrivent à vêtir leurs progénitures, notamment à moindre prix surtout lors des fêtes ou encore la veille de la rentrée scolaire. “Moi, je me suis bien retrouvé avec la friperie car depuis, j’arrive à acheter aux enfants des habits qui sont pour moi neufs et à un prix raisonnable”, déclare un père de famile rencontré dans un magasin de vente de friperie au niveau du chef-lieu. De son côté, un ancien revendeur, nous déclare avoir arrêté l’activité car il considère qu’il y a une concurrence déloyale du moment que les vendeurs ambulants, fort nombreux, ne sont soumis à aucune taxe ni impôt, alors que les commerçants inscrits au registre de commerce doivent payer leurs impôts. Effectivement, en plus de la cinquantaine de commerces en friperie présentes dans tout le territoire de la wilaya, chaque marché hebdomadaire a son lot de revendeurs d’articles de friperie dont la majorité ne possède même pas de registres de commerce et ses charges se limitent au paiement des droits de placement de la tente servant de boutique de fortune durant le jour de marché. Voulant avoir une idée sur le côté médical de la chose du fait que ces vêtements ont été déjà portés, un dermatologue de Béjaïa, voulant garder l’anonymat, nous rétorquera qu’il n’a jamais rien été prouvé sur les habits en coton mais qu’il faut éviter les synthétiques qu’ils soient neufs ou de friperie. Quelques soient les difficultés rencontrées par les commerçants ou, encore l’impression du déjà utilisé dégagée par ces habits, il y a un fait important qui crée cet engouement e qui fait que les petits gens se rabattent sur ce type de commerce n’est autre que le prix abordable qui est trois fois inférieur au prix du neuf. C’est la raison principale de la prolifération de cette activité.
A. Gana