Demain, l’heure de vérité

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Ainsi, les six candidats ont axé leur campagne électorale essentiellement sur des appels au vote en fournissant un travail de proximité.

Entre discours populiste et engouement populaire, les candidats ont pu constater l’intérêt que suscite cette élection auprès des citoyens.

Bouteflika, le candidat rassembleur

Candidat indépendant, le président sortant Abdelaziz Bouteflika se présente pour briguer un troisième mandat. Son programme est claire : consolidation des acquis de la réconciliation nationale, poursuite du redressement national, renforcement de la bonne gouvernance et poursuite du développement humain.

Le candidat a eu à le vérifier, l’engouement populaire s’est accentué même en Kabylie où on lui a réservé un accueil chaleureux à Béjaïa et Tizi Ouzou.

Bouteflika mène le bal et aucun candidat ne semble rivaliser avec lui.

Côté annonces, Bouteflika a été généreux en décidant d’augmenter le SNMG lors de la prochaine tripartite, d’effacer les dettes des agriculteurs, de créer une académie de tamazight et d’octroyer une enveloppe de 150 milliards de dollars pour les cinq ans à venir.

Aussi, le candidat a eu le soutien de bon nombre de personnalités et de partis politiques qui ont fait campagne en sa faveur. Cette campagne a été l’occasion pour lui de rappeler la situation dans laquelle se trouvait le pays avant 1999, les projets réalisés, les acquis ainsi que la paix retrouvée.

Il faut le signaler, le président sortant et candidat à sa propre succession a laissé ses adversaires politiques perplexes vu sa popularité qui a augmenté et son engagement en faveur de la paix, terme qui reviendra sur les lèvres du candidat à chaque sortie.

Aussi, le fait marquant lors de sa campagne, reste incontestablement sa visite historique à Tizi Ouzou où il a tendu la main à ses habitants : “Je me suis trompé sur votre sujet”, dira-t-il. Il s’est montré rassembleur et a appelé les Algériens à aller aux urnes massivement : “Allez voter même si vous ne le faites pas pour moi, l’essentiel c’est que vous vous exprimiez en masse”.

Le leitmotiv de Hanoune

Pour sa part, la candidate du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, n’a pas mobilisé les foules ambitionnées. Le thème de sa campagne a tourné autour de la souveraineté nationale, de la rupture avec les politiques et les idéologies du parti unique, ainsi que son refrain de dissoudre l’Assemblée nationale si elle est élue.

La trotskyste ira jusqu’à exiger la démission des ministres qui mènent campagne pour le candidat Bouteflika. Dans un discours grivois, elle s’attaquerer à la politique actuelle en sortant du discours socialiste. Il faut dire que Louisa Hanoune ne parvient plus à mobiliser les foules comme naguère et elle a eu à le vérifier à Alger à la salle Harcha qui était à moitié vide.

Le discours a changé et les ambitions aussi. Désormais, il faut compter avec une Louisa qui n’a comme obsession que la magistrature suprême, un chemin qui s’avère délicat et on aura à le confirmer demain.

Aussi, Hanoune fera du parti unique l’origine de tous les maux en Algérie.

Djahid Younsi, l’homme aux stéréotypes

Le candidat d’El Islah se fera remarquer dès sa première sortie en appelant le candidats indépendant à un débat à l’américaine en direct à la télévision.

S’ensuit une série d’annonces plus au moins équivoques comme son appel à une amnistie générale et la possibilité pour les ex-dirigeants du FIS de reprendre l’activité politique. Il se démarquera ensuite d’être uniquement un candidat du courant islamiste mais de tous les Algériens :  » Je ne suis ni régionaliste ni islamiste, mais un candidat qui représente toute l’Algérie”. Il appelera le peuple à garder ses valeurs algériennes : islamité, arabité et amazighité. Aussi, il fera des jeunes sa seule préoccupation. Néanmoins, le parti n’a pas l’écho qu’il avait autrefois où son guide spirituel Abdallah Djabalah régnait en maître, les temps ont changé.

Mohamed Said, milite pour une capitale au Sud

De son côté, le candidat indépendant Mohamed Saïd appellera dans ses discours au partage de la rente pétrolière avec une promesse de créer une capitale dans le Sud.

Pour le reste, c’est un discours plutôt vague, opaque et populiste en appelant toutefois à la reconstitution de la classe moyenne. Il faut dire que Mohamed Saïd est l’inconnu de cette élection, comme quoi dans chaque classe il y a un dernier.

Touati espére et y croit

Moussa Touati, candidat du FNA, le parti qui a créé la surprise lors des dernières législatives, a mené une campagne de proximité axée sur la volonté de rompre avec la politique actuelle, lui qui exige un deuxième tour, se qualifie de  » lion “et banni le terme “lièvre”. Toujours avec un discours populiste, le candidat appelle à contrecarrer les tentatives de fraude en tirant à boulets rouges sur ses détracteurs et ses adversaires politiques, se qualifiant de “hizb zaoualias” le parti des pauvres, son arme pour s’octroyer les voix des plus démunis. Aussi, l’immigration clandestine n’a pas été en reste dans ses discours, puisque le candidat du FNA dira que la seule solution pour venir à bout de ce phénomène est le changement. Son optimisme est grand, et sa volonté est farouche avec comme objectif créer la surprise demain !

Rebaïne, une campagne “zaoualia”

Rebaïne candidat pour la deuxième fois à une élection présidentielle et représentant du parti AHD 54 a annoncé la couleur avant l’entame de l’élection en s’autoproclamant seul adversaire du candidat Bouteflika.

En allant dans le même sens que son adversaire politique, celui qui a récolté 0,6 % à l’élection de 2004 se dit un enfant du peuple et issu d’une formation de  » zaoualias ». Il appellera à la promotion de la langue amazighe, lui qui se proclame un militant avéré de la cause berbère tout en critiquant l’actuel système éducatif. Il appellera aussi à dissoudre toutes les institutions de l’Etat tout en se basant sur un discours économique loin des aspirations du peuple.

Hacène Merbouti

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