«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).L’être humain ne s’adresse à Dieu que quand il a des difficultés, c’est ce que font aussi les animaux, à l’époque où ils avaient le don de la parole. C’est l’histoire d’un chacal, demandant des faveurs à Dieu, que nous allons vous raconter à travers ce conte du terroir. Ayant entendu que Dieu exauce les vœux des gens pieux, le chacal se met soudain à prier. Il se place sous un arbre touffu, se prosterne et demande à haute voix :- A Rebbi illan d’eg g’enni, anaghd ghorek’ assagi thlatha lah’ouayedt i menagh vghigh ad’ dhsagh ad’tchagh ad’ h’aznagh Moqled ar ghori k’etch ig zemren i koulchi. (Mon Dieu, maître des cieux, je t’en prie, exauce-moi trois vœux, je veux rire, manger et pleurer. Daigne les exaucer toi qui peut le réaliser).Une mésange (thassen de laghthe), qui avait élu domicile dans l’arbre l’entend et lui dit :- A Dieu, les gens demandent des choses qu’ils ne peuvent réaliser, par exemple avoir des enfants ou guérir des maladies. Ce que tu lui demandes là est à la portée de n’importe qui, ce n’est pas la peine de l’importuner, moi-même je peux te les exaucer. Si tu veux rire aujourd’hui, suis-moi dans les champs. Arrivés dans une clairière, ils trouvent un paysan en train de labourer avec une araire (el maâoun) et une paire de bœufs (thayoug’a g-izgaren). Son frère le suit de près, pioche à la main pour émietter les mottes (ik’ara) de terre.La mésange observe la scène et dit au chacal : – Prépare-toi à te fendre la rate dans quelques instants, tu vas te rouler par terre de rire !- Je ne demande que ça, ça fait longtemps que je n’ai pas ri, j’en ai vraiment besoin, chère amie !La mésange prend son envol et se pose sur la tête du laboureur et se met à le picorer. Ses mains prises par le manchon de l’araire et l’aiguillon (Amzel) le paysan secoue la tête pour se débarrasser de la mésange, qui lui tape dessus. Ne pouvant la chasser, il demande à son frère de l’aider :- H’aouz afroukh agi, negh enghith aâli ! (Chasse cet oiseau de ma tête ou tue-le, mon frère Ali !)Un peu simplet, Ali s’exécute sans trop réfléchir. Il lève sa pioche bien haut et l’abat sur l’oiseau, mais en guise mésange c’est le crâne de son frère qu’il prend comme une bûche. L’habile oiseau s’est envolé au dernier moment pour éviter le coup. La scène est tellement hilarante pour le chacal qu’il se roule à terre de rire. Le jour suivant, la mésange vient voir le chacal et lui dit : – J’ai exaucé ton premier vœu, tu as été content, tu le seras encore plus aujourd’hui, tu vas manger avec grand appétit, un plat qui ne t’es pas destiné, mais dont tu vas te régaler. Suis-moi !La mésange et le chacal se tiennent aux aguets sur les bords d’un chemin, emprunté par les habitants du village d’à-côté. Soudain, apparaît un couple, l’homme porte dans ses bras un petit enfant, tandis que sa femme porte sur sa tête un énorme couffin (adhe laâ) plein de couscous, recouvert de morceaux de viande. Il est destiné à leur fille qui vient d’accoucher.Devinant son contenu, la mésange se met en travers du chemin de l’homme et feint d’avoir une aile cassée. La voyant, le bambin s’écrit :
Benrejdal Lounès (A suivre)
