Les citoyens s’apprêtent à célébrer leurs martyrs

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Pour une fois, la population ou une frange de la population de la commune de Yatafen a été associée à la préparation de la commémoration du 20 août ; et 43 ans après l’indépendance du pays, les martyrs enterrés en ce lieu auront enfin leurs noms gravés sur une stèle commémorative et connus du large public. D’emblée, le ton fut donné sur le comment du déroulement de cette fête. La 1re proposition fut d’organiser une très grande fête à laquelle seront conviées beaucoup de personnes et de personnalités, mais cette proposition se heurte à l’inexistence de moyens financiers, et de l’avis de beaucoup de présents, “il n’est pas question que la population cotise”. La raison que tous invoquèrent est qu’aucun village de la commune de Yatafen ne possède de comité qui puisse réunir les citoyens et les convaincre de la nécessité de mettre la main dans la poche, de même que les citoyens n’ont pas les moyens. Quant à la commune, l’administrateur délégué dira à l’assistance “la commune n’a plus les moyens d’antan pour financier une telle fête, comme prévu par ceux qui veulent l’organiser, mais quant à la limonade et aux gâteaux, nous pouvons les prendre en charge”. En effet, la semaine dernière, quelque 120 personnes ont été présentes à la réunion (où étaient invités plus de 400 selon les organisateurs) à laquelle l’ONM, l’association des enfants de chahids et l’administration communale ont appelé. La réunion qui a duré plus de 4 heures a tourné sur la préparation de cette fête, qui non seulement est une fête nationale (20 août), mais aussi sera l’occasion de l’inauguration de la stèle en forme de Z amazighe, sur laquelle sont immortalisés à jamais les noms des 133 martyrs des communes de Yatafen, Iboudraren, Akbil, Béni Yenni, Ouacifs, Abi Youcef et Ililten, tous enterrés dans ce carré des martyrs connu sous le nom significatif d’ailleurs, de Chouhada. Dans cette réunion, outre les citoyens de la commune de Yatafen et les organisations de “la famille révolutionnaire”, il y avait aussi les administrateurs délégués des communes de Yatafen et Iboudraren, et des membres du comité de village de Darna. Ainsi, durant plus de 4 heures, les débats ont tourné sur les moyens financiers à dégager pour que cette journée (20 août) soit marquée à jamais dans l’esprit des citoyens et de l’avis des intervenants, les moyens financiers et colossaux ne peuvent être à la charge des citoyens. D’ailleurs, ceci fera même soulever l’ire de certains en disant : “Cette journée doit être à la charge de l’Etat, c’est à l’Etat et plus particulièrement au ministère des Moudjahidine de mettre les moyens”. Au point de faire dire à d’autres : “Pourquoi dans d’autres wilayas, c’est l’Etat qui prend en charge ce genre de manifestation alors que dans notre commune, ce sera aux citoyens ?”. Ces réflexions pousseront ainsi les organisateurs de la réunion à différer le côté financier et le choix de la façon d’organiser cette fête à plus tard. De ce fait, il a été décidé que la décision de faire “une grande ou une petite fête” sera prise ultérieurement suite à la décision de la commission “choisie” ce jour… Ce qu’il y a à relever dans cette réunion, c’est l’absence des comités de village de la commune de Yatafen ; ce qui fera d’ailleurs dire à l’administrateur délégué de la commune de Yatafen : “J’ai appelé cinq fois les villages à se constituer en comité pour que nous puissions travailler ensemble dans l’intérêt de la commune depuis mon arrivée (3 mois, Ndlr) et à ce jour aucun échos, alors comment veut-on parler d’organisation aujourd’hui ?” Toutefois, après plusieurs interventions, une commission comprenant les membres de l’ONM, de l’association des enfants de chahids et des volontaires de différents villages de la commune a été créée et charge à cette dernière, composée de près de 25 membres, d’assurer le contact permanent avec la population de la commune et d’établir le programme à concrétiser durant cette cérémonie d’inauguration de cette stèle, le 20 août prochain. Signalons que durant les débats, la question “du pourquoi le désengagement de la population ?” est revenue à maintes reprises, mais aucune réponse n’a été donnée par les présents, comme le fossé existant entre la génération “des vieux” et celle de maintenant (les jeunes) a été mis en évidence par plusieurs présents. Par ailleurs, il est aussi à relever l’espoir de certains citoyens qui en conclusion ont souhaité que cette réunion soit un catalyseur pour la création des comités de villages dans la commune de Yatafen, de même qu’un appel est lancé à toute bonne volonté et âme charitable pour apporter sa contribution à l’organisation et la réussite de cette journée.

B. M’hana

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