Il y a 6 ans, la barbarie terroriste

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Le puissant souffle balaie tout sur son passage. Des véhicules garés sur l’accotement sont déformés par la puissance de l’engin qui a creusé un grand cratère dans le caniveau. Les corps des passants sont projetés très loin dont les membres ont été ramassés par les pompiers. Déluge de sirènes d’ambulances évacuant les blessés et transportant les cadavres mutilés et ensanglantés vers les morgues. L’opération de secourisme peine à se frayer un chemin parmi un grand nombre de commerçants et de passants en état de choc. Le tronçon de la RN 26 en face du site où a eu lieu l’horreur est bouclé. Un officier de la gendarmerie ( lieutenant alors), haut-parleur à la main, appelle à l’évacuation des lieux expliquant le risque d’une autre bombe qui plane. C’est à peine si l’argument convainc les curieux auxquels il aura fallu répéter durement qu’il faut circuler. Appelée à la rescousse, la police scientifique ratisse à la recherche d’indices dans l’espace finalement bouclé. Elle passe au crible des échantillons de poudre, un lot de ferrailles ajoutés aux ingrédients de la bombe pour faire davantage mouche. La chasse d’indices ADN pour mettre l’enquête sur une piste suit son chemin lorsqu’un cortège accoste avec un arsenal policier accompagnant le wali de l’époque venu s’enquérir. Les folles rumeurs circulent sur le bilan de l’attentat ouvrant la voie à une vaste panique. Finalement, l’information prend le dessus sur les autres canaux de la voix populi qui évoquait dun bilan lourd. 5 morts et plusieurs blessés. Les services hospitaliers et de sécurité confirment le chiffre. C’est un attentat meurtrier mais le pire a été évité car le marché n’était pas encore bondé au moment de la déflagration. Tazmalt a compati à la douleur d’un de ses enfants, fauché par la nébuleuse terroriste. Il s’appelle Redjal Zaïdi auquel la population, les autorités et même la presse avaient rendu un vibrant hommage. Un enfant de 12 ans et son grand-père qui venaient de Takerboust lui acheter une paire de chaussures ont aussi péri. La commune d’Ath Rzine a pleuré, on s’en souvient, un jeune de 32 ans, alors président d’une association et militant au sein du mouvement citoyen de Kabylie.

On a évoqué un inconnu qu’on n’a pu identifier. Tout ce qu’on sait de lui, c’est que c’est un Algérien d’origine africaine qui a l’habitude de vendre des produits pour soigner les petits bobos. Des témoins oculaires affirment qu’étant le plus proche de l’explosion, son corps a été propulsé et démembré à une dizaine de mètres dans les airs avant de retomber en morceaux mutilés. Enfin, hormis une marche organisée par le parti d’Aït Ahmed pour dénoncer la barbarie et une plaque commémoratrice, érigée par le même parti sur les lieux, on ne souvient pas d’un quelconque hommage rendu aux victimes de l’horrible boucherie. A-t-on la mémoire courte pour oublier de si tôt un tel massacre de gens vulnérables qui n’ont rien fait d’autre que d’aller au marché hebdomadaire ce jour-là pour faire leurs emplettes ?

Z. Z.

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