Le désarroi des villageois

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Le village du barrage noir, situé à six kilomètres de la ville d’Aïn Bessem, sur la route qui mène vers la commune d’El Hachimia, est devenu ces derniers jours, un sujet public inquiétant, suite aux différentes maladies dont se plaignent les habitants de ce village. Pour s’enquérir davantage sur la véracité des faits racontés, nous nous sommes déplacés sur les lieux. En effet, les habitants qu’on a rencontrés n’ont pas caché leur désarroi et leur effroi… M. Hamlaoui Azzedine qui nous a invité chez lui nous dira : “Regardez par vous même, les murs sont fabriqués avec de l’amiante ciment et le toit est en ternite, l’odeur qui se dégage des murs et du toit pendant l’été est insupportable… Pendant l’hiver, le toit fuit et le parterre est toujours mouillé… Je me suis marié dans ce chalet en 1985 dans l’espoir d’un recasement. Actuellement, je suis asthmatique et mon fils souffre d’une allergie… Pis encore, nous n’avons aucun papier qui prouve que nous sommes propriétaires de ces chalets… Nous sommes de vrais SDL (sans domicile légal) Impossible d’avoir un prêt ! Impossible de bénéficier du don pour l’habitat rural. Nous sommes dans l’impasse… Et nos vies sont en danger. J’ai un voisin qui a perdu un fils suite à un cancer, le deuxième est dans un état grave et pour la même maladie”. M. Lamri Amar qui nous a rejoint chez Hamlaoui nous raconte son histoire… “Mon fils Fethi est décédé suite à un cancer… Il allait passer l’examen de la 6ème AF. Ma femme est actuellement dans un état grave… Avec mon maigre salaire, je suis obligé de l’emmener deux fois par semaine à Alger pour qu’elle se soigne”… M. Belabesse Messaoud, père de neuf personnes, déclare avoir deux enfants handicapés mentaux, M. Bouzid Mustapha est devenu cardiaque. Tous sont unanimes : l’amiante est à l’origine de ces cas cancéreux, des maladies respiratoires, des allergies et des… Une requête a été envoyée à M. le wali en date du 12/05/2008 avec un rappel le 21/06/2008 mais aucune suite ne leur a été donnée. M. Zenagui quant à lui nous dira : “Au nom de tous les habitants du village, nous dirons à M. le Wali ; Sauvez-nous ! Notre village est devenu un vrai mouroir…”

Pour l’histoire, la société espagnole Dragados qui était chargée de la construction du barrage Lakhal” avait construit ces 75 chalets dont la durée de vie ne devrait pas dépasser les cinq ans… Les chalets existent encore… Et l’amiante sévit encore et fait des morts…

K. Ladjal

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