C’est un état des lieux les plus décevants qu’affiche ce dossier à l’échelle de la wilaya de Tizi-Ouzou. Sur les 20 000 aides attribuées à la région, le taux d’avancement des chantiers n’est pas pour satisfaire les objectifs initialement tracés, des centaines de dossiers croulent sous le poids du retard considérable. Des citoyens sont contraints parfois à s’endetter pour achever leurs logements.
Le poids de la bureaucratie
Pour bénéficier de l’aide à l’auto-construction, le citoyen est d’abord invité à se reprocher des services de l’APC pour déposer une demande. Une fois retenu, il sera appelé à satisfaire une batterie de démarches avant de pouvoir enfin bénéficier réellement de l’aide en question. D’abord, il doit se rapprocher d’un bureau d’études pour établir un certificat de possession après l’élaboration d’un plan de masse moyennant la somme de 17 000 DA. Le certificat de possession est affiché, trois mois durant, au sein de l’APC pour une éventuelle opposition. Par la suite, une fois le certificat de possession retiré, le postulant sera appelé à déposer une demande d’un permis de construire délivré par l’APC après le visa des services techniques de la daïra. Le citoyen n’est pas au bout de ses peines, jusque-là il ne peut pas encore bénéficier de “son” aide puisque la liste des bénéficiaires sera expédiée à la Caisse nationale du logement (CNL) qui statuera sur l’éligibilité des postulants. Plusieurs noms ont été retirés de la liste car ils ont dû bénéficier de l’une des formules de l’aide sociale. Pour lui faire délivrer la discussion d’attribution, le concerné devra justifier d’un apport personnel avoisinant les 20%, des travaux prévus.
Il faut dire dans ce sens que cette chaîne à laquelle fait face le postulant l’aide à l’habitat rural, est l’une des raisons du retard constaté dans la concrétisation du projet. Une situation fortement dénoncée par les citoyens. “C’est paradoxal, au moment où les autres nations avancent à pas de géant dans l’allégement des démarches administratives, chez nous, on continue de nous faire courir pour un simple dossier. Nous sommes contraints de déambuler, par exemple d’une service à un autre, pour un simple certificat de possession qui exige, à lui seul, plus de trois mois de procédures. J’ai été retenu dans le cadre de l’aide à l’habitat rural depuis plus de deux mois, à ce jour je n’ai pu toucher un sou, je me suis même endetté. A quoi serviront, donc, les 50 millions que l’Etat va m’octroyer ?” s’interroge un citoyen de la commune de Tizi-Ouzou. C’est là un constat qui revient dans toutes les discussions engagées avec des citoyens de la wilaya. Tous dénoncent à l’unanimité le joug de la bureaucratie qui freine l’avancement des projets. Cela s’apparente même à une maladie endémique qui s’est confortablement installée dans l’administration locale.
La cherté des matériaux de construction, l’autre épine…
“Comment voulez-vous avancer dans les travaux avec de tels prix des matériaux de construction. On m’a donné 10 millions pour la plate-forme alors qu’elle en a consommé plus de 40 en raison du relief accidenté et de l’assiette foncière”, nous dit Madjid, de Larbâa Nath Irathen.Il faut dire que les prix ont sensiblement augmenté. “Le ciment est cédé à 1 110 DA le quintal (SVP) et encore faut-il le trouver sur le marché”. C’est pour cela que plusieurs bénéficiaires se retrouvent obligés de ralentir la cadence des travaux en espérant une baisse des prix de matériaux de construction. Ces retards accumulés ont poussé l’administration locale à faire pression sur les bénéficiaires afin d’accélerer les travaux, car elle aussi est tenu par l’obligation de résultat.
50% de logements achevés à travers toute la wilaya
Cette situation a donné lieu à des résultats les plus mitigés.
Sur les 20 000 logements qui devraient être réceptionnés en 2009, l’on compte à Tizi-Ouzou uniquement 12 000, soit un retard de 8 000 unités.
Certains parmi les cadres de l’administration locale estiment que l’erreur a été commise au départ : “Nous avons attribué des aides à des citoyens qui n’ont même pas l’apport personnel. La plupart sont incapables de demander les travaux”, nous dit un responsable au niveau de la wilaya.
Et nous assistons ces dernières semaines au durcissement des procédures dans certaines localités qui espèrent par là booster les chiffres dudit dossier. C’est le cas de le dire, à titre illustratif, de la daïra des Ouadhias dont les responsables ont pris des mesures exceptionnelles en procédant à l’annulation de quelques décisions d’attribution dont les bénéficiaire n’ont fait aucun geste dans l’optique du démarrage des travaux.
Entre le citoyen qui crie sur tous les toits sa raison et son vœu d’avoir un logement et l’Etat (l’administration locale) contraint par l’obligation de résultat et tenu par une raison de délais administratifs, il est difficile de situer la responsabilité de l’échec (pour certaines communes) d’une opération qui a, pourtant, suscité beaucoup d’espoir parmi les couches sociales démunies.
Au moment où d’autres régions du pays bénéficient déjà du montant de 70 millions, certaines communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, continuent, paradoxalement à puiser dans le quota des aides de 50 millions, c’est dire tout le retard qu’accuse cette wilaya par rapport à d’autre.
A. Z.