Il est natif du 13 avril 1949 à Tifrit, à Akbou, Mohamed, dit Massin Uharun, vaillant militant de la cause amazighe et identitaire qui sacrifia toute sa vie au service de ce combat.
Il est l’un parmi les poseurs de bombes de 1976 dans les locaux du journal El Moudjahid qui symbolisait l’Etat répressif incarné par la dictature inique de Boumediène. Fils de martyr de la Révolution, le jeune Mohamed entre à l’université pour des études techniques après le lycée de Dellys. Et c’est justement à cette période que le jeune militant, fondateur de l’Organisation des forces berbères, prit conscience de sa réalité culturelle et s’engages avec convictions dans la lutte, notamment en tant que militant de l’Académie berbère. Le 2 mai 1976, le tribunal militaire de Médéa le condamne, avec ses coéquipiers, à perpétuité dans l’affaire des poseurs de bombes. Il connaîtra les pires sévices dans les sinistres geôles sous le règne de Boumediène et ensuite celui de Chadli, témoignait, Ferhat Mehenni, un de ses proches amis qui l’a revu, en 1986 à Lambèse (Tazoult). Plus de onze ans de prison dans des conditions inhumaines, avec son lot de torture physique et morale que Massin subissait sans pour autant fléchir devant ses bourreaux. Il était convaincu que seul le combat des hommes et des femmes engagés avec engouement peut aboutir. Il est parmi les rares militants à avoir accepté ce sort et se à donner corps et âme à ses convictions. Son geste était tellement symbolique que la jeunesse kabyle voyait en lui un héros que ni la répression, ni la terreur des services du pouvoir ne pouvaient faire plier.
Massin Uharun est ce militant type qui n’avait pas peur d’affronter la police militaire de Boumediène. Il l’a fait et l’histoire des poseurs de bombes restera, à jamais témoin, d’abord de l’engagement de ces hommes pour reconquérir leur droit à l’expression dans leur langue et surtout l’engagement de la Kabylie pour abolir un système dictatorial pour, enfin instaurer une démocratie tant espérée ! Il n’était pas seulement ce militant engagé sur le terrain, mais il était aussi un poète et un chercheur. De nombreux poèmes ont été composés bien avant sa longue période d’emprisonnement, ainsi que des recherches dans la langue et culture amazighes. Il sera » gracié » le 5 juillet 1987. Depuis cette date, Massin redoublait d’effort et d’engagement en faveur de son digne combat, celui de l’amazighité. Même s’il a vécu une vie pleine de tourments et de peines, Massin restera ce digne fils de la Kabylie combattante et engagée. Il mourut le 22 mai 1996, sans avoir le temps d’accomplir sa mission, laissant derrière lui une veuve et deux orphelines, mais toute une histoire de bravoure et de dignité. Treize années se sont écoulées depuis sa disparition tragique, des suites d’une longue maladie qu’il a contractée en prison, mais sans pour autant que son nom soit oublié.
Des hommages lui ont été rendus partout en Kabylie, en souvenir d’un homme brave, honnête et qui s’est engagé avec abnégation et conviction. Massin Ulac-it Yella, ad Yilli !
M. Mouloudj