Cela fait des années que l’Algérie n’a pas vécu un tel état d’effervescence. Ces trois ou quatre dernières années ont été chaudes et des vents de colère soufflèrent inlassablement sur le front social. Avec une hausse vertigineuse des prix de produits de large consommation, la réponse a été simple et attendue : un chapelet de grèves nationales, des rassemblements et même par des grèves de la faim, et pour boucler la boucle, une grève du sommeil a été observée par des travailleurs, et ce, en Kabylie. Toutes ces « ripostes » sont, pour cette frange active de la société comme un dernier recours, afin d’avoir gain de cause. Ces mouvements de protestation enclenchés par les différents syndicats autonomes de la fonction publique, en sont les plus encadrées et les plus intenses. Des enseignants, des médecins, des psychologues, et des vétérinaires…n’ont pas manqué à travers plusieurs actions, de crier leurs ras-le-bol vis-à-vis de la situation socio-professionnelle qui ne cesse de se détériorer face à une cherté de la vie, le moins que l’on puisse dire, insoutenable. En effet, les syndicats autonomes ne cessent de se lever contre la chute du pouvoir d’achat, d’un pan entier de la société. En dépit d’une augmentation mitigée du SNMG insignifiante, de l’avis des grévistes, face à la cherté de la vie, néanmoins, le pouvoir d’achat ne cesse de reculer, d’autant plus que le taux d’inflation qui était de 7% en 2008 est désormais absorbé par « la symbolique » augmentation des salaires. La principale revendication de ces entités syndicales est, essentiellement, la reconnaissance de ces syndicats autonomes de la fonction publique comme partenaires sociaux. Ils réclament également l’application de leurs statuts particuliers, et l’ouverture du dialogue sur le régime indemnitaire. De l’augmentation insuffisante du SNMG, à la cherté de vie inacceptable, et à la non-reconnaissance des syndicats autonomes de la fonction publique comme partenaire social, par les pouvoirs publics, notre pays s’enfonce dans les dédales des “malentendus”, qui, fatalement, engendrent des situations à fort potentiel conflictuel. Ces syndicats de la fonction publique n’ont trouvé aucune autre issue à leur conflit social que celle de la grève et les révoltes répétitives dans la rue pour dénoncer le mépris, le marasme et l’indifférence des pouvoirs publics à leurs égards. Rappelons, toutefois, que le syndicat national des psychologues et celui des praticiens de la santé publique, celui des paramédicaux ne cessent depuis des mois de réclamer l’application de leurs statuts particuliers. En vain. Nonobstant, cet état d’effervescence, la position des pouvoirs publics à l’égard de ces mouvements de protestations n’a pas bougé d’un iota depuis leur premier mouvement observé par ces protestataires, bien au contraire le gouvernement qualifiait ces actions d’illégales et il allait jusqu’à saisir la justice pour casser leur mouvement. C’était là, la seule réponse des pouvoirs publics aux protestataires. Ces derniers déploraient à maintes reprises le fait que les «responsables concernés préfèrent la politique de fuite en avant que celle de la négociation». Devant le vent de protestation qui a soufflé sur plusieurs établissements sanitaires, et sur les différentes facultés de médecine à l’échelle nationale, a pris en otage, et les malades algériens, et les étudiants en médecine qui ont été victimes de la grève illimitée des examens, les pouvoirs publics ont enfin abdiqué. Ces derniers ont répondu favorablement aux hospitalo-universitaires qui ont gelé momentanément leur grève jusqu’à satisfaction totale de leurs revendications. Il est impératif voire, vital, que les pouvoirs publics interviennent pour mettre fin à ce conflit social et au bras de fer entre le gouvernement et les syndicats, tout en les invitant au dialogue pour essayer de débloquer leur situation chaotique avant qu’elle ne connaisse d’autres dérives, plus critique que celle-ci.
L. O.
