Un eldorado pour les compétences

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La majorité des Kabyles se concentre à Genève et Berne, la capitale. Rencontré à Alger, Châabane, la cinquantaine, membre de l’Association des compétences algériennes et natif de Tizi Ouzou, dira : “Après le Canada, la France et la Belgique, c’est la Suisse qui est la destination préférée des cadres kabyles et on forme là-bas une grande communauté.”

Châabane est médecin spécialiste en ophtalmologie et son épouse est architecte dans un grand cabinet. “La communauté se rencontre une fois par semaine dans le restaurant kabyle (le Djurdjura) pour discuter, échanger nos expériences et trouver un peu de chaleur, car il est vrai que le pays nous manque parfois, la Kabylie en particulier. Je viens une fois tous les trois ans.” Ali, cadre dans une entreprise spécialisée dans la transformation des viandes, nous dira que la communauté kabyle a très bien réussi en Suisse et que son intégration se fait de manière naturelle et rapide. “Je ne vais pas vous le cacher, mais j’ai bien réussi, l’entreprise où je travaille est en plein essor, mes enfants ont grandi et ont réussi dans leurs études et actuellement je pense vraiment construire une petite maison, chez moi, à Azeffoun, ou je viendrais chaque été passer mes vacances.”

Ali est parti en Suisse à la fin des années 1970 afin de poursuivre ses études en biologie à l’université de Lausanne et a fini par s’y installer. Il a épousé une Suissesse avec laquelle il a quatre enfants. “C’est un pays magnifique où les plus tenaces peuvent réussir.” Evoquant le racisme, il rétorque : “Certes le racisme existe même en Algérie, et il ne faut pas se leurrer néanmoins, cela demeure infime, car toutes les personnes que je connais ici, ont réussi et leurs enfants se sentent comme chez eux, c’est leur deuxième pays”.

Une association des Kabyles de Suisse a été créée, un lieu de rencontres et d’échanges où on peut écouter de la musique kabyle, manger kabyle et “faire du karaoké” en kabyle. A la question de savoir si les enfants parlaient le kabyle, il répond: “Et comment !” Ces Kabyles ont réussi dans un pays certes difficile, une nation fermée où le racisme, ces dernières années, fait parler de lui avec l’émergence des partis de l’extrême droite qui demandent de faire cesser l’immigration, mais les personnes qu’on a rencontrées, à la journée des compétences algériennes, se disent pas du tout concernées : “Tout ça, c’est de la politique.”

Les restaurateurs kabyles font aussi parler d’eux, en Suisse, avec le fameux couscous kabyle. A cet effet, Ali nous confie : “Les Suisses apprécient beaucoup notre couscous où plusieurs établissements spécialisés ont ouvert leurs portes, à travers la Suisse, j’en connais plus de dix.”

Et d’ajouter : “On garde toujours nos traditions malgré la distance, la Kabylie coule dans nos veines et on peut pas se passer de nos plats traditionnels.” A la question de savoir si sa femme parle kabyle, il dira :  » Chitoh.  »

Hacène Merbouti

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