“As des As”, un groupe qui monte

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De la scène R’nb locale, riche de plusieurs groupes, un nom émerge : “As des As”, composé d’un DJ (M) et de deux MC (Master of cerémony), Dr Hat et Kous Cool (n’allez surtout pas leur demander la signification de ces noms), ce groupe de rap est né en 1997. Depuis cette date, que de chemin parcouru, de succès, mais aussi des désillusions, d’incompréhensions et de frustrations. Dans un environnement macho ou en dehors du chaâbi, genre musical mâle, conçu par et pour les “Hommes”, il n’y a que peu de place pour ce genre importé des USA, la matrice de tout mouvement musical. Une musique syncopée, faite de reprises célèbres, un discours aux apparences violentes, déclamé plutôt que chanté et au bout, un genre qui carbure chez les jeunes et moins jeunes.Afrika Bambaâta, Sidney, Ice MC et leurs discours soft, teinté de positivisme. C’est là toute la différence entre le “no future” punk et les délires mortifères d’un Siet Vicious apologue bien connu de la violence et de l’autodestruction.“As des As” tente, tant bien que mal, de se frayer un chemin dans une scène musicale où il n’y à de place que pour le rai qui a fini par épouser les contours du politiquement correct, le chaâbi, le chaoui, le staïfi, le kabyle aseptisé… Comme le rock, à ses débuts, celui de Buddy Holly, Chuck Berry, Lille Richard…, le rap est fortement suspecté de drainer les laissés pour compte et marginaux. Rien n’est plus faux ! Le seul péché véniel qu’ils revendiquent d’ailleurs est de dire les choses crûment, sans artifices ni formalisme.En huit ans d’existence, As des As a aligné concert sur concert à Bgayet, mais aussi à Alger, Sétif, Constantine avec des passages remarqués à Radio El Bahdja et surtout chez Tayeb, du côté de Saraha Raha, l’émission TV qui cartonne, le jour de l’an fêté en grande pompe. Forcément, c’est des souvenirs qui restent. Bientôt l’album, le premier, le mercenaire, couvé par tous, sera sur le marché avec des titres comme Funky rêve, Smerfy Funky, Dr Mahbool. Si cette œuvre reprend des thèmes aussi vieux que le monde, du genre problèmes et maux sociaux affectifs, les conseils qui y sont prodigués tendent à éloigner la jeunesse des chemins faciles, balisés qui ne mènent qu’à la perdition, à l’oisiveté mère de tous les vices. Une anecdote avant de laisser ces deux sympathiques troudabours, aux bouilles joviales, continuer leur petit bout de chemin. Un jour qu’ils voulaient organiser un spectacle, il leur fut exigé… un casier judiciaire.

M. R.

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