Un cri du cœur à découvrir

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C’est d’ailleurs cette détermination et prédisposition affichées par l’auteur de Salas d Nuja qui donneront une chance à entre autres auteurs d’expression amazighe, Boubeker Dissi de publier son Tighri n tasa que l’on pourrait traduire et trahir par Le cri du cœur. L’œuvre, préfacée par Mohamed L’hasen Mahrouche (enseignant au département de langue et culture amazighes), fait le tour d’une thématique déjà abordée. Seulement, précise dans sa préface Mahrouche, Tighri n tasa tella deg-sen cwit n tfelsafit (philosophie), cette tentative philosophique, nous la retrouvons dans, entre autres, Akud (le temps):

Sutregh Akud (j’ai demandé au Temps)

Ad iyi-d-yefk cwit n wakud (de me donner un peu de son temps)

Ina-d: nek ur sâigh akud; (il me dit : moi, je n’ai pad de temps)

Nekk ttwayalegh (moi, je suis redevable)

Tighimit ur tt-sinegh (je ne sais pas m’arrêter

Am lebraq i ttâeddayegh (je passe comme un éclair)

L’auteur de la préface estime aussi que quelques fragments de la poésie de Dissi ont la «contenance» et la résonance de proverbe. A titre indicatif, il prélèvera : « Tukkra neker d imeza, itij ghef wiyid i d-yecreq ». Littéralement, ce fragment de texte veut dire : nous sommes les premiers à nous réveiller, mais le soleil s’est levé sur les autres.

Tout au long des trente-deux textes, la langue du poète n’a pas perdu de sa fluidité et de  »sa quotidienneté ». Les néologismes sciemment incrustés n’altèrent pas la  »kabylité » des poèmes.

Tighri n tasa a toutes les qualités d’un recueil de poèmes qu’on laisse à portée de main de sorte à ne pas aller le chercher, toutes les fois que l’envie de voyage  »là-bas » nous prend. C’est aussi une œuvre qui nous semble  »cadrable » avec l’univers scolaire déficitaire en termes de supports pédagogiques.

Tighri n tasa est donc à acheter, à lire et à faire découvrir.

A souligner aussi qu’un grand bonheur de la bibliographie amazighe, les Editions Tira viennent de publier Akal d wawal, de Djamal Arezki, Talest tuhzint (traduit au kabyle par Malek Houd), Ghas !, œuvre posthume de Djamel Iggi. Toujours aux Editions Tira, est attendu, dans les très prochains jours et entre autres publications, Les derniers de Kabyles de Rachid Oulebsir.

« Un grand coup bibliographique », dirions-nous. Espérons que la toute jeune boîte de Tazaghart fera des jaloux dans l’univers de l’édition : le livre ne s’en trouverait que rehaussé.

T. Ould amar

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