»La justice doit assumer ses responsabilités »

Partager

Lors d’un point de presse animé hier par Me Benarbia, porte-parole du collectif des avocats de Mohamed Benchicou, en présence de l’épouse de ce dernier, un certain nombre de points relatifs au dossier du journaliste incarcéré depuis un peu plus d’une année à la maison d’arrêt d’El Harrach ont été communiqués. La disparition du dossier de Benchicou de la Cour suprême, plus haute instance de la hiérarchie judiciaire du pays et qui demeure à ce jour introuvable, reste une véritable énigme qu’aucune réponse officielle n’est venue élucider. A ce titre, Me Benarbia dira qu' »en dépit de toutes nos démarches de sensibilisation à l’adresse des plus hautes autorités du pays, y compris le premier magistrat du pays, aucune suite n’a été donnée à cette affaire ». Il ajoutera que le collectif qu’il préside se refuse de croire à un acte involontaire, car la Cour suprême ressemble au coffre-fort de la Banque centrale entouré de vigilance, et s’interrogera si on aurait pu laisser un dossier d’une telle sensibilité traîner sans aucune surveillance. mais il écartera également, pour le moment, la thèse de l’acte délibéré, car si c’est le cas « il s’agirait alors d’un délit de forfaiture commis par la Cour suprême, et c’est encore plus grave ».Dans les deux cas de figure, Benchicou se trouve actuellement dans « une situation de non-droit » à laquelle s’impose « une situation de droit » et qui consiste à libérer bonnement l’ex-directeur du Matin, et en droit le pourvoi doit être jugé pour qu’il soit enfin cassé ou rejeté. Que faut-il faire dans pareils cas ? Une question à laquelle, l’avocat de Benchicou répondra en disant qu’il n’appartient pas à la défense d’aller à la reconstitution du dossier, et tel que prévu par le code, il revient à l’instance judiciaire de s’exprimer sur le sort de ce dossier et de prendre une décision définitive. En ce sens, il lance un appel aux autorités concernées pour respecter les droits de Benchicou, non pas en tant que responsable d’un journal, mais uniquement en tant qu’un citoyen algérien qui a déposé depuis une année un pourvoi en cassation, qui est toujours incarcéré, et dont le dossier vient de disparaître comme par enchantement. A ces instances, il demandera d' »assumer leurs responsabilités en procédant à la reconstitution, la programmation du dossier afin de faire passer le pourvoi au niveau de la chambre de la Cour suprême. »Revenant à l’hypothèse d’une volonté délibérée de faire disparaître le dossier de Benchicou, Me Benarbia s’interrogera : « Craint-on que le pourvoi en cassation parvienne à un aboutissement favorable, ce qui est imparable compte tenu des moyens qui seront développés ? Doit-on déduire qu’il y a volonté de laisser ce dossier en souffrance jusqu’à ce que le pourvoi n’aurait servi à rien ? Pour démentir ces appréhensions et prouver la bonne foi de la Cour suprême qui bénéfice de la présomption d’innocence en sa qualité de plus haute instance de la justice, Me Benarbia affirmera que « des instructions fermes doivent êtres données à la Cour suprême, car il y va des droits de l’homme et de la crédibilité de notre justice. Le sort de Benchicou doit être définitivement fixé par une décision judicaire ». Le porte-parole du collectif des avocats de Benchicou conclura en avançant que jusqu’à preuve du contraire, « on ne peut incriminer, ni impliquer personne et on accorde la présomption de bonne foi à la Cour suprême pour agir et assumer ses responsabilités, et si rien n’est fait, on saisira les ONG internationales des droits de l’homme et le débat sera alors autre ».

H. Hayet

Partager