Cheikh Aheddad réexhume l’épisode de la dépossession

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Les tribus d’Illoula-Oussamer, hauteurs d’Akbou, sont, une nouvelle fois, redescendus dans la rue pour réclamer des terres que l’Etat a déjà restitué aux descendants du bachagha Ben Ali Chérif.

La mise en terre des restes du chef spirituel du soulèvent de 1871 a, dans un effet presque attendu, réexhumé l’affaire du séquestre. Mis sous la protection de l’Etat au lendemain de l’indépendance, 959 ha de terres les plus fertiles, situées dans les communes d’Akbou, d’Ouzellaguen et de Chellata, ont été restituées, en 1998, aux héritiers du bachagha Ben Ali Chérif, en vertu de l’ordonnance 95-26 du 25 septembre 1995 portant restitution des terres agricoles à leurs propriétaires originels et ce malgré l’opposition de l’Union locale des paysans algériens (UNPA) et la politique de la chaise vide pratiquée par l’ONM. Les villageois de Felden (Chelata) revendiquent une partie de ces propriétés, ceux de Laâzib une autre, les attributaires de la révolution agraire, réunis en association, la totalité. L’argumentation mise en avant par les gens de Felden et de Laâzib, renvoie directement aux circonstances ayant fait suite à la défaite de l’insurrection menée par cheikh Aheddad et El-Mokrani. Le bachagha Ben Ali Chérif qui était demeuré fidèle aux Français aurait été le principal bénéficiaire du séquestre ordonné sur les terres des partisans de l’insurrection avortée. Deux millions et demi d’hectares de terre on été placés sous séquestre après l’anéantissement de l’insurrection de 1871. 313 collectivités sont dépouillées de leurs biens, les terres de sept tribus considérées comme instigatrices de l’insurrection sont totalement accaparées. Le montant des amendes infligées dépassa les 70 millions de francs. Les dernières tranches avaient été payées 20 ans après le déclenchement de l’insurrection. Jouissant de forts pouvoirs mystiques sur les populations, au point que des tribus avaient déjà récusé un ordre de représailles du cheikh Aheddad lui-même, Ben Ali Chérif aurait joué de sa position d’allié des Français pour accaparer des terres qui ont été restituées, en 1998, à leurs héritiers. Aux ancêtres de ceux qui manifestent aujourd’hui dans les rues d’Akbou, il proposait de mettre leurs terres sous sa tutelle pour échapper au séquestre. Une pression continue s’exerce sur l’Etat pour l’amener à revenir sur la décision de restitution prise en 1998. L’APW de Béjaia reprend à son compte l’argumentaire des villageois. L’APC d’Akbou préconise le gel des transactions sur ces terres objet du litige. Mais un fait accompli difficile à ignorer est en train de s’opérer. Les heureux bénéficiaires de la restitution s’empressent de bazarder les terres à 2000 DA le mètre carré ! Au profit d’acquéreurs qui peuvent être parfois les descendants des insurgés de 1871.

M. B.

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