En effet, dès les premières heures de la matinée, des jeunes de ladite cité ont procédé au blocage total du tronçon donnant sur la rue Houari-Boumediène jouxtant la maison de la culture Mouloud-Mammeri, par toutes sortes d’objets, pneus brûlés entre autres.
Une impressionnante fumée noire se dégageait du lieu de la protestation attirant, de fait, une foule nombreuse. Les jeunes insurgés ont exprimé leurs ras-le-bol, par des slogans hostiles aux autorités locales accusées d’observer un mépris envers leur cité. Certains jeunes que nous avons rencontrés sur place nous ont fait savoir que leur cité croule sous les décombres de l’oubli. « Nous attendons depuis des années l’amélioration du cadre de vie des résidants ; l’aménagement de la cour principale de notre cité ne voit toujours pas le jour, nous vivons dans des conditions vraiment déplorables. Nous avons alerté les autorités locales qui n’ont pas daigné réagir, car nous avons tout le temps privilégié la voie pacifique. Vous savez, dans ce pays, il faut déranger pour arranger ». Le contraste était hier frappant, au moment où les jeunes criaient leur colère rappelant à tous les années sombres du Printemps noir. A quelques mètres de là, les préparatifs pour l’ouverture de la 2e édition du Festival arabo-africain de la danse folklorique allaient bon train. « Des autorités qui ne peuvent pas refaire et réaménager une petite cour d’une cité habitée par des centaines d’âmes, se permettent le luxe de dépenser inutilement des milliards », nous dit Madjid, un jeune qui avait du mal à cacher sa colère. Vers 12h, la route était toujours coupée donnant lieu à d’énormes embouteillages, la ville était totalement bloquée, le vent de panique s’est, visiblement, emparé même des services de sécurité, qui ne s’attendaient vraisemblablement pas à ce que la manifestation prenne une telle ampleur.
La nouvelle « mode » consistant à n’intervenir qu’en cas de mouvements de contestation s’érige incontestablement comme principe de gestion chez les responsables. Les citoyens ont très bien compris cette réalité et ne se gênent plus pour le faire savoir. Avant-hier, ce sont les villageois d’Aït Bouali dans la daïra de Beni Douala qui sont montés au créneau pour dénoncer la pénurie d’eau qui frappe de plein fouet leur village depuis déjà plus d’un mois, les habitant du village Aït Abdelmoumène menacent de bloquer les siège de la daïra et de l’ADE des Ouadhias, pour les même motifs. Confirmant cette approche de gestion réactionnaire, les jeunes de la cité “Les âtiments bleus” ont été reçus, durant toute l’après-midi d’hier, par le directeur de l’OPGI de Tizi-Ouzou, des engagements vont sûrement être pris et le tour est vite joué. Il faut dire qu’à travers ces actions de protestation sur des questions sensibles et légitimes des populations de la région, loin s’en faut de considérer cela comme fatalité du tissu social de la région, il s’agit de positiver ce qui arrive car les populations ne réclament que leurs parts des différents programmes de développement et de bien-être social.
Le rétablissement de la relation administration et administrés pose l’impérative nécessité de la communication, qui à coup sûr atténue les dérives connues par le passé où la situation de non-droit et le sentiment d’impunité ont gravement dégradé l’environnement.
Omar Zeghni