Il fallait faire appel à un maître pour réussir une aussi grandiose ouverture. Kamel Ouali était tout désigné pour cela. Le célèbre chorégraphe kabyle Kamel Ouali, l’un des meilleurs, a donné, encore une fois, la preuve de la grandeur de son art, en réalisant le spectacle d’ouverture du Panaf à la Coupole d’Alger, Kamel Ouali a signé en lettres d’or un travail artistique haut de gamme.
Danses, chants, jeux théâtraux, expressions socioculturelles et politiques… étaient au rendez-vous du spectacle. Elles disaient, haut et fort, la grande marche de l’Afrique vers son indépendance, son émancipation. La chorégraphie présentée, hier, conçue et réalisée par Kamel Ouali, restera, indéniablement, le moment fort de ce 2e Festival culturel panafricain. Telle une chanson fredonnée par des centaines d’artistes, Kamel Ouali, l’a conçue, justement toute en couleurs, et riches en expressions. Avec un nombre impressionnant de danseuses et de danseurs, « le ballet », s’ouvre sur l’un des vingt tableaux présentés, avec des images sombres de l’histoire de l’esclavagisme qu’a enduré le Continent. Et ce après avoir revisité la longue et tumultueuse marche de l’Afrique depuis la nuit des temps, elle, qui est le berceau de l’humanité.
Un autre tableau évoquant les luttes africaines pour les indépendances est exécuté par un groupe de cavaliers algériens, lesquels racontent l’abnégation, le courage et la détermination des peuples africains pour la liberté.
Sous une forme de fresques riches en couleurs, l’histoire, les moments forts de la vie de l’Afrique sont revisités par le chorégraphe. Le spectacle qui se déroulait sur plusieurs niveaux a permis ainsi aux milliers de présents de savourer, non sans étonnement, la richesse culturelle africaine.
Avec un mélange de sonorités, de danses, de musiques et de textes africains, le spectacle s’est voulu une mosaïque culturelle où tout peuple africain trouvera son compte. Les dizaines de tableaux, exécutés magistralement par les danseurs, où l’histoire se mêle à la richesse culturelle de ce continent, se veulent aussi un message de paix pour le monde. Ils racontent aussi les besoins de l’humanité et ceux de son berceau.
Le jeu chorégraphique a pu retenir l’attention du public, par sa diversité, mettant en oeuvre plusieurs scènes en même temps, où des esclaves sont carrément proposés à la vente, des exécutions sommaires d’indigènes par des soldats de l’armée coloniale, à côté des couples de colons déambulant dans le marché, avec une arrogance qui va justifier le tableau qui suivra et qui sera dédié au combat des indigènes pour se libérer de l’asservissement du colon. En arrière-fond défilaient, le long de cette scène, des images de la lutte armée en Algérie et dans d’autres pays africains qui ont pu casser le joug de la colonisation grâce à leurs sacrifices.
A côté de cette chorégraphie « narrative », où la mémoire du continent est mise en évidence, d’autres tableaux et scènes exécutés, sous des rythmes jazz et autres genres musicaux qui ont fait vibrer le nouveau monde, seront accompagnés des danses traditionnelles africaines, pour montrer la richesse culturelle du continent et son apport à la musique moderne dans le monde.
Warda embellit le spectacle
Emerveillé était le public présent à la Coupole lors de la rentrée de la célèbre Warda El-Djazairia suivie de la vedette africaine Youssou N’dour et de Césaria Evora.
Le spectacle se termine sur des notes de joie avec une scène enflammée par les danseurs habillés des couleurs nationales des pays participant à ce festival, grâce au rythme du saf, une musique algérienne venue de l’ouest du pays. L’Afrique n’est finalement pas si pauvre que cela !
M. Mouloudj