Les affiches sont partout dans la ville de Sidi Aich, comme un grand tableau à ciel ouvert. Avec le temps, la laideur fait sa place, l’anarchie aussi. Depuis la nuit des temps, l’homme ne cesse de créer de nouveaux moyens pour communiquer avec ses frères. Aujourd’hui, la technologie est au service de cet “art” qui fait rapprocher les gens davantage. Il suffit de se connecter sur Internet pour dépasser toutes les frontières, politiques ou autres. Désormais, le monde est un petit village ou presque. Cependant, même les méthodes anciennes de la communication demeurent vivaces. L’affichage sur les murs fait partie de ces moyens qui gardent encore leur place.Le citoyen a besoin d’être informé de tout ce qui bouge, et même de ce qui stagne, parfois. Alors on ne peut s’en passer du fameux papier qui nous laisse en contact avec autrui.Même si l’affichage classique continue de servir les gens, beaucoup de désagréments sont causés par le non respect des normes de cette pratique qui est censée ne faire que du bien. En effet, chez nous, chaque chose qui se fait doit subir des modifications et avoir un cachet “Made in Algéria”. La ville de Sidi Aich située dans la vallée de la Soummam ne se distingue pas trop de ses pairs. Apparemment, cette règle de l’algérianité est omniprésente. Ces derniers temps, “l’affichage sauvage” a fini par gagner beaucoup de terrain, au point où les façades des édifices publics ou privés ne sont pas beaux à voir. L’ampleur de ce phénomène est très grand au point où chaque personne qui passe par là, ne peut s’abstenir de faire un commentaire. Autrefois, le panegyrisme n’est atteint que durant les campagnes électorales, où les candidats et leur “troupes” envahissent chaque coin de la ville. Même les poteaux électriques et les arbres ne sont pas épargnés par “El Hemla”. C’est vrai que la propagande politique est tolérée, mais pas à ce point bien sûr. Maintenant, chaque jour ressemble aux journées de course électorale. Pèle-mêle, l’affichage marque sa forte présence partout. Personne ne peut nier que cette situation est une caractéristique de toutes les villes du pays. Mais “l’anarchie doit elle être généralisée pour devenir banalité”, estime-t-on. Peut-être que dans les grandes villes, ceux qui se livrent à l’affichage débordant le font par souci de pouvoir toucher plus de monde. Toutefois, lorsqu’on est dans une ville qui a une seule artère principale, peut-on comprendre ce désordre ? Les partis politiques, les associations, ou de simples citoyens ne se génent point d’afficher n’importe où. Certaines affiches ne portent ni signature ni cachet. Ce genre de pratiques s’est tellement propagé, au point où certaines bâtisses à l’instar de l’APC donnent l’impression d’être de grands tableaux d’affichage.“On a besoin d’être informé et d’être à l‘écoute de tout ce qui se passe dans notre ville ou ailleurs. Mais lorsque l’anarchie prend le dessus, l’utilité de la communication est délaissée. Avoir une ville propre, c’est aussi consacrer des espaces réservés à l’affichage, chacun à son niveau doit contribuer pour que le civisme soit instauré. Le petit geste des uns et des autres fera de Sidi Aich et des autres régions des pépinières”, estime un natif de la ville.
Mohand Cherif Zirem
