La colère des Aït El-mechta

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“La santé n’attend pas.” Ce n’est pas le slogan d’une campagne publicitaire pour un nouveau médicament, mais bel et bien l’expression d’une inquiétude que vivent les habitants du village colonel Amirouche, particulièrement ceux issus du village Elmechta. En effet, depuis bientôt quatre mois, un chantier est à pied d’œuvre pour la réalisation d’un nouveau réseau d’assainissement car l’ancien n’est plus en mesure d’évacuer les eaux usées des ménages. Cependant, la situation dans ce village – situé sur la RN 26 – vire chaque jour davantage à la catastrophe et, pour cause, les eaux usées s’accumulent dans les caniveaux d’évacuation des eaux pluviales en leur donnant l’aspect verdâtre propres aux lagunes destinées à l’épuration des eaux usées du Moyen Age. Les odeurs pestilentes qui s’y dégagent à la faveur de la décomposition et de la concentration des “excréments humains” suite à l’évaporation de l’eau rendent le quartier invivable et à grands risques épidémiologiques. Des habitants dudit village ont fermé à la circulation RN 26 en y déposant des pierres et trois buses de diamètre de 40 cm dès 7h du matin, mercredi dernier (8 juillet). “Une réaction spontanée des habitants après une longue attente au bout de laquelle les citoyens ont cessé de croire aux promesses des autorités locales quant au règlement du problème de l’assainissement”, nous dira l’un des membres du “comité de crise”. Et ajouter : “Nous encadrons cette action spontanée pour éviter d’éventuels dérapages.” Certains des usagers de cet important axe routier ont été contraints de rebrousser chemin et de faire le détour sur une distance d’environ 30 km par Ighram via Ath M’likeche en empruntant le CW 7 pour rejoindre les villes de Tazmalt et Akbou. D’autres, notamment les poids lourds ont préféré rester sur place et attendre que la route se libère. Ainsi, s’est créé un embouteillage de quelque 4 km de long. Les protestataires ouvraient les barricades pour permettre le passage des ambulances et des voitures transportant les malades. Au milieu de la journée, alors que la température atteignait des pics et l’atmosphère se chargeait d’humidité et de poussière, des usagers dépités par le fait accompli ont reproché aux habitants le fait de les prendre en otages pour revendiquer des droits. “Pourquoi ne ferment-ils pas l’APC ou la daïra ?” nous dira un citoyen venu d’Alger. Pour les protestataires il n’y a que “le blocage du chef-lieu de Béjaïa qui est à même de faire réagir les autorités”. Voir des vieux, des pères de famille et pire, une femme en sanglots venant d’Alger vers Jijel pour assister à l’enterrement de son père, supplier des concitoyens pour leur céder le passage est affligeant. Il a fallu l’intervention d’une commission de wilaya composée d’un attaché du cabinet du wali, du chef de la daïra d’Aouzellaguen qui assure l’intérim du chef de la daïra d’Akbou, de membres de la subdivision de l’hydraulique et des membres de l’APC d’Akbou pour voir la situation dénouée et la route rouverte à 14h30. Les représentants des pouvoirs publics ont promis de vidanger dans l’immédiat les caniveaux. Il a été aussi convenu d’une réunion de travail au siège de la daïra d’Akbou entre la commission de wilaya et “le comité de crise” constitué à El Mechta. En plus de problème de l’assainissement, le raccordement de 26 foyers au réseau d’électricité et la situation foncière du village seront abordés au cours de réunion. Nous y reviendrons…

B. S.

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