Makhzoumi, victime de son nationalisme

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La Dépêche de Kabylie : M. Makhzoumi, bienvenu à Maâtkas. Je sais que vous n’êtes pas un homme à présenter, mais faites-le surtout pour nos jeunes lecteurs.

Mahfoud Makhzoumi : Que dire ? – Merci. Je suis un artiste peintre âgé maintenant de 69 ans ?

Exact, voulez-vous maintenant nous parler de vos débuts dans le domaine de la peinture ?

J’ai commencé en 62. Imaginez que ce sont les étrangers qui m’ont mis sur la voie, je veux nommer la galerie ABC de Paris en 64. J’ai fréquenté également l’atelier du peintre Georges le Poitrin, en 69. J’ai collaboré avec la Sores de Montréal pour une étude sur le passé historique et socioculturel de l’Algérie. J’ai travaillé également avec l’ONAT en qualité de guide touristique ce qui m’a donné l’occasion de connaître le territoire national et spécialement le Sahara. J’ai fait aussi le guide des officiels lors de la conférence des non-alignés en 73. J’ai fait également plusieurs expositions en Algérie et à l’étranger. J’ai participé également à l’année de l’Algérie en France en 2003.

Que doivent faire les autorités compétentes pour préserver le patrimoine culturel national ?

Le patrimoine, mon cher, c’est comme une famille. C’est l’élément de l’identité de toute une Nation et non uniquement du folklore. Pour le préserver il faut former et initier les jeunes. Il faut à mon sens réconcilier les Algériens avec l’art.

Qu’en est-il du statut des artistes ?

Le 8 juin 2009, j’ai suivi à la Radio une intervention d’un haut responsable de la culture qui a affirmé que le statut est fin prêt, mais voyez-vous jusqu’à aujourd’hui notre mésaventure sociale continue. C’est le statu quo.

Vous n’avez pas participé au festival Alger, capitale de la culture arabe et au panafricain : peut-on connaître les raisons ?

Que voulez-vous ? On ne m’a pas fait appel tout simplement. Des gens qui n’ont rien avoir avec le monde de la culture sèment le désordre et la honte. C’est regrettable !

Le rêve de M. Makhzoumi ?

Comme tout artiste, je souhaite pouvoir vivre de mon travail et voir la culture revenir aux siens. Bien sûr j’aimerai voir des musées, des maisons de l’art, des centres de formation pour pérenniser notre patrimoine. C’est pour toutes ces raisons que je suis resté dans mon pays. Croyez-moi j’ai eu plein d’opportunités et d’occasions d’aller sous d’autres cieux mais l’amour de mon pays a largement remporté, je suis victime de mon nationalisme ! J’aime mon pays et j’entends mener ma mission jusqu’au bout même si les moyens ne suivent pas.

Nous vous laissons le soin de conclure ?

D’abord je remercie, votre quotidien et puis permettez moi de terminer par ce poème qui constitue un cri d’alarme et au même temps un message d’espoir.

Sereine Algérie

Sereine Algérie, espoir d’une culture

Rêves de victoires, au sein de ton aurore

Reflets recherchés, inspire une belle peinture

Poésies des vents berceurs, fascinante nature.

Les feux du soleil succédant l’indicible nuit

Vers des lumières du bonheur, beauté de ton âme

Cœur généreux en des sentiments épanouis

Note éclatante, subtile en ta flamme.

Rose dans le désert, couleur merveilleuse

Fleur en bourgeon à tes racines profondes

Prémices des tons aux colorations lumineuses

En des imaginations passionnées et fécondes.

Fraîcheur du matin à sa rosée brillante

D’une paix rencontrée vers un beau songe divin

Expression sensible aux teintes luisantes

En tes yeux rayonnants, visage serein.

Dans l’air énamouré une voix mélodieuse

Tristesse oubliée vers d’autres cieux

Souvenirs épars d’une vérité silencieuse

Impressions vers les éternels sites majestueux.

Dans les clairs chemins d’heureux présages

L’aube resplendissant dissipe ma morne solitude

Contemplation ardente au fond de l’infini paysage

Charme de ton sourire, mon nouveau prélude.

Les sombres nuances s’estompent sous l’azur

Ensoleillé dans une vision qui est mienne

Enchantement de ton regard à son image pure

El Djazair essaïda, sereine pensée algérienne.

Entretien réalisé par Hocine Taïb

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