Tout a commencé dans l’après-midi de vendredi lorsque des jeunes Tadmaïtis surprennent deux personnes en train de mettre le feu dans une oliveraie située tout près de la cité Bagdad.
Outrés, scandalisés, touchés dans un aspect aussi symbolique, les jeunes s’en prennent aux deux “pyromanes”, pour les appréhender et les conduire manu-militari au siège de la mairie. Ils exigeront de rencontrer les personnes qui leur ont donné l’ordre d’incendier les oliviers de Sidi-Ali Bounab. Un immense rassemblement populaire s’en est suivi et les citoyens rejoignaient spontanément la même colère. Les esprits s’échauffaient et les jeunes ne voulaient pas avoir le chef de la brigade de gendarmerie comme interlocuteur.
C’est le commandant de la caserne de parachutistes qui se chargera des négociations, très musclées avec des Tadmaïtis résignés à ne pas lâcher les deux personnes appréhendées. Les jeunes, devenus plus nombreux et plus nerveux exigèrent ouvertement des explications immédiates : “Pourquoi brûle-t-on nos oliviers”, “Qui commandite cette besogne”, “l’état doit-il nous protéger ou nous brûler ?” assénaient-ils sèchement à l’endroit de l’officier. Toujours est-il que celui-ci a avait du mal à tempérer les ardeurs qui commençaient à se faire menaçantes. Le dérapage commença quand vers la fin de la journée, les manifestants se rendirent compte qu’aucune lumière n’a été faite sur cette affaire. Une plainte a été tout d’abord déposée contre les deux personnes prises en flagrant délit avant que les jeunes, emportés par la colère, ne décident d’aller fermer carrément l’autoroute reliant Tiji à la capitale. Pendant plus de trois heures, des milliers d’automobilistes et de passagers ont été pris dans le gigantesque embouteillage qui s’est formé autour de Tadmaït. Les manifestants ne décident de lâcher prise qu’après l’intervention de quelques sages qui réussirent à convaincre les jeunes en colère de la nécessité d’ouvrir la route pour libérer les centaines de familles bloquées depuis plusieurs heures. Mais ce n’était pas pour autant que les émeutiers lâchèrent prise. En libérant la voie, ils décidèrent de se regrouper devant le siège de la mairie en vue de parlementer avec un officiel. Ne voyant rien venir (sauf les renforts de la police), les manifestants se sont sentis trahis et la présence des CNS était perçue comme une provocation. De fait, ce qui devait arriver arriva. Tadmaït plongea dans de violents affrontements qui allaient s’étaler jusqu’au petit matin de samedi. A l’heure où nous mettons sous presse, il n’y aurait ni blessés ni arrestations, mais les jours à venir risquent d’être cruciaux pour une localité en pleine ébullition. Nous y reviendrons.
Ahmed B.
