Un programme dans l’histoire du Tassili

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Pour assurer l’animation de la conférence prévue sur le patrimoine culturel et naturel du Sahara, les organisateurs ont fait appel au très réputé artiste peintre Mahfoud Maghzoumi.

Rappelons que ce grand homme de la peinture jouit d’une réputation exemplaire et d’une renommée mondiale. D’emblée M. Makhzoumi annoncera que notre pays possède le plus beau désert du monde et le plateau du Tassili, qui se trouve à Djanet (le Paradis) renferme 15 mille peintures rupestres authentiques qui n’ont subi ni touche ni retouche ; un patrimoine aussi riche doit être à tout prix préservé car il est comme une famille, il a besoin de protection, de soin et d’entretien, pour cela il faut d’abord former et sensibiliser l’homme pour construire ensuite une société.

L’Algérien ne connaît pas son pays, les jeunes d’aujourd’hui ne pensent qu’à l’étranger, partir en France, au Canada ou aux USA est toujours sur leurs lèvres.

Tout cela parce qu’ils ne sont pas suffisamment formés, il faut leur apprendre ce qu’est le patrimoine, et ce qu’est l’identité. Si je suis aujourd’hui à Maâtkas c’est surtout pour voir, apprendre et écrire pour les générations à venir. Il faut bien que les futures générations connaissent l’histoire de leur pays, l’orateur s’étalera sans discontinuer sur l’histoire de l’Algérie ancienne, les fresques du Tassili et la vie dans le désert qui fût vert dans le temps.

A travers des dispositifs, M. Mekhezoumi nous a offert gratuitement un voyage dans l’histoire du Tassili.

Des dizaines de diapositives montrant des peintures rupestres qui datent de 8 000 ans relatives à la vie de l’homme de l’époque, des merveilles découvertes depuis 1934 que la quasi totalité des Algériens ne connaissent pas, eh oui !, les Algériens ne connaissent pas leur propre pays !.

Des formes surréalistes, des forêts de pierres, des cyprès des scènes de chasse, et d’autres animaux, de l’époque sont montrés au public visiblement émerveillé par tant de richesse que nous ont légué nos ancêtres. Bien sûr, la projection ne s’est pas arrêtée seulement à cela car il s’agissait aussi des caractères du Tifinagh gravés sur les parois rocheuses et qui, semble-t-il, montrent beaucoup de similitude avec les motifs décoratifs de la poterie de Maâtkas, selon toujours M. Makhzoumi.

Le canyon de Tamrit, la place du marché et la seule mosquée de Djanet sont aussi révélés à l’assistance tergui vêtue de leurs tenues et armes légendaires autant de merveilles, à vous rincer les yeux.

A la fin de la séance, M. Makhzoumi s’adonnera à un réquisitoire indiscutable, tellement ses propos et ses arguments tiennent bien la route. Sans hésitation l’artiste dira : “Le patrimoine est géré par des bureaucrates et des technocrates qui n’ont rien avoir avec la lecture, en Algérie, le patrimoine souffre et notre richesse culturelle est en voie de disparition. Il faut réconcilier l’Algérie avec l’art. Au lieu de dépenser des milliards à tort et à travers pourquoi ne pas construire des centres et des musées de conservation. L’initiation et la formation doivent être des priorités si l’on veut aboutir à quelque chose de solide.”

Sous d’autre cieux, un homme de la trempe de M. Makhzoumi ne sera certainement pas obligé de vendre ses peintures pour vivre. Cette encyclopédie vivante unique en son genre à travers le territoire national, voire international ne mérite pas d’être écarté car l’Algérie a grandement besoin de ses connaissances.

Les autorités compétentes ne doivent pas attendre son départ pour se rendre compte que le pays a perdu un grand peintre. Rétablissez-le dans son droit à une vie décente à la hauteur de ses facultés.

Hocine Taïb

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