(1re partie)
«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).Aussi fort que l’on soit, il y a toujours plus fort que soit, c’est ce que va apprendre à ses dépens un lionceau que la nature a doté d’une forte carrure. C’est l’histoire de ce lionceau, que nous allons vous raconter à travers ce conte du terroir, qui se passe à l’époque où les animaux avaient le don de la parole. Dans la forêt, il y avait une lionne pleine, sur le point de mettre bas. Le jour de la délivrance, elle donne naissance à quatre petits qui font sa fierté. Quelques jours plus tard, un grand malheur s’abat sur la pauvre mère, profitant d’un instant d’inattention, le lion dominant lui dévore trois petits. Il ne lui reste désormais plus qu’un seul à élever. A lui tout le lait et toutes les proies attrapées. Gavé, le lionceau survivant est content. Il se développe énormément, jusqu’à atteindre en quelques mois seulement, la taille de sa mère.Conscient de sa force, il tyrannise les lionceaux de son âge et les blesse, en leur donnant des coups de dents. Devenu le plus fort des lionceaux de la famille, il s’attaque à d’autres animaux qu’il bat. De succès en succès, un jour il déclare à sa mère :- Je suis le lionceau le plus fort de la contrée. Personne ne peut me résister !- Tu est trop prétentieux mon petit, un jour ou l’autre tu trouveras à qui parler !Aussi fort que l’on soit, il y a toujours plus fort que soi, tien le toi pour dit ! Le lionceau ricane, et se précipite, sur la proie ramenée par sa mère pour la dévorer.Un jour, il demande l’autorisation à sa mère pour s’éloigner et chasser dans la forêt. Ce jour-là, il fait un carnage, et tue tout ce qui bouge, et ne les mange même pas. Il tue pour son plaisir.De prédation en prédation, il tombe sur un bûcheron en train d’abattre un chêne. Il s’avance vers lui, et, lui dit menaçant :- Cette forêt est à moi, tu te trouves dedans sans autorisation, je vais te tuer et te dévorer bûcheron !- Je suis plus fort que toi !Voyant qu’il ne plaisantait pas, le bûcheron surpris avait laissé sa cognée dans le tronc de l’arbre à moitié coupé. N’ayant plus d’arme pour se défendre il taquine la vanité du lionceau, et lui dit :- Si tu est fort autant que tu le dis, avant de me dévorer, viens m’aider à extirper ma cognée, de l’endroit où elle est coincée. Si tu réussis tu pourras ensuite me manger !- Bombant le torse, le lionceau s’approche et, de ses pattes de devant écarte les deux parties du chêne. Le bûcheron profite de l’effort fourni pour dégager sa cognée coincée. L’arbre revient à sa position initiale et coince les pattes du lionceau, qui rugit de douleur.Prisonnier, le bûcheron se saisit de sa cognée et avec son manche se met à frapper le lionceau qui hurle comme un écorché. – Puisque tu es fort, libère-toi, abat l’arbre !Malgré les douleurs qu’il ressent, le lionceau arrive à articuler : – Anouak-k k’etchini ? (Qui es-tu ?)- Nek d’ memmi-s n tmet’t’outh ! (je suis le fis de la femme !)- Sarh’iyi ak’ galagh seg assagi our âoulja gh ouigad’ illan am k’etchini.- Délibère-moi, et je te promets, qu’à partir d’aujourd’hui, je ne toucherai plus jamais à toi, ni à tes semblables.
Lounès Benrejdal (A suivre)
