“Réconcilier l’Algérie avec la culture”

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La Dépêche de Kabylie : Bonsoir Belaïd, peut-on connaître à chaud, vos appréciations sur la projection de votre film Melmi as tataxred en avant-première et du débat qui s’en est suivi ?

Belaïd Namane : Bonsoir, pour être franc avec vous, je n’en reviens pas, cela fait longtemps que j’attends ce moment. Je suis un homme comblé d’abord parce qu’il semble que le nombreux public est ravi de notre travail et le débat qui s’est déroulé est d’un très haut niveau ; ce qui prouve encore que nos cocitoyens sont des fin connaisseurs du monde du cinéma et cela nous encouragera à travailler encore plus pour les satisfaire, franchement c’est super !

Certains critiques présents vous ont fait remarquer que vous n’avez pas abordé convenablement les causes qui conduisent les jeunes à sombrer dans l’abus de l’alcool et de drogue. Qu’en dites-vous ?

Il est vrai que je ne me suis pas étalé longuement sur les causes pour surtout respecter le fil de la trame du film et puis on ne peut pas mettre dans un seul film, tout les problèmes de jeunes (amour, chômage, échec scolaire, problèmes familiaux…). Si on s’amuse à inclure tout ça, il faut beaucoup plus de temps et surtout beaucoup plus de moyens.

En effet, vous avez raison, puisque vous parlez de moyens, quel est le budget alloué à votre film et les sources de son financement ?

Les estimations que nous avons faites sont évaluées à plus de 200 millions de centimes, quant à nos sponsors, il y a d’abord l’association culturelle Amusnaw de Tizi-Ouzou, le transport Mokhbi, l’huilerie Ourahmoun et plusieurs particuliers que nous remercions vivement. Je profite de l’occasion pour lancer un SOS à Mme la ministre de la Culture et à toutes les autorités concernées pour nous venir en aide, une petite subvention nous poussera à nous surpasser et par-là, enrichir le cinéma algérien en général.

Revenons un peu à votre film si vous le voulez bien. Une autre critique n’a pas manqué d’attirer votre attention sur la musique du film qu’il juge parfois trop forte et puis il a parlé aussi des raisons qui ont poussées votre acteur principal à revenir au droit chemin et que vous n’avez pas suffisamment soulignées.

Pour la musique, c’est peut-être un peu fort parfois, c’est une musique d’Amérique du Sud, utilisée généralement dans les westerns, je crois que l’on peut arranger ça, c’est d’ailleurs, l’objectif de l’avant-première. Pour les raisons qui ont poussé l’acteur “El Vachir” à se ressaisir, il y a d’abord les conseils incessants et pressants du père et puis avec le temps, on se rend compte du vide, créé autour de soi, cela semble suffisant pour abandonner les chemins sinueux et ténébreux de la drogue.

M. Belaïd, à votre avis, que doit-on faire pour permettre au film amazigh de progresser et d’acquérir une place sur la scène cinématographique ?

Notre cinéma peut facilement se frayer un chemin pour peu que les autorités daignent réconcilier l’Algérien avec sa culture en général, et cela, en créant plus d’espace et d’infrastructures culturelles et puis, il faut mettre la main à la caisse, le cinéma a un prix. On ne peut pas faire du cinéma avec du vent, les autorités sont interpellées, il y a urgence. Il faut investir dans la formation et l’éducation pour bâtir une Nation forte.

Nous vous laissons le soin de conclure…

Avant de terminer, j’aimerais souligner que l’on ne peut pas bâtir une nation puissante sans former ses hommes, il faut impérativement réconcilier l’Algérien avec la culture, c’est très important. Encourager et soutenir les créateurs que ce soit dans le domaine du cinéma, du théâtre, de l’écriture, de l’art en général comme cela se fait dans d’autres pays qui ont de l’avance sur nous, l’exemple de la France est édifiant.

Enfin, je voudrais aussi remercier toutes les actrices et les acteurs pour leur mobilisation et leur sens du devoir, merci aussi à tous ceux et à celles qui nous ont apportés leur soutien, merci au directeur de la Maison de la culture M. Ould Ali El Hadi. Et évidemment et ça vient du fond du cœur, merci au quotidien des hommes libres, la Dépêche de Kabylie. Enfin, le film Melmi as tuxred sera disponible en CD dès le début du Ramadhan.

Entretien réalisé par H. T.

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