Djoua est un village kabyle perché sur un pic montagneux (Le pic Djoua d’une hauteur de 100 m) qui domine le golfe de Bgayet. Le village se trouve sur le territoire des Ath-Bimoun. Il fait partie des cinquante villages qui composent cette confédération. On y trouve le tombeau d’Imma Djoua sous la protection duquel sont placés le village et la fontaine que l’on atteint par un chemin unique. Des pèlerinages auprès du mausolée étaient traditionnellement organisés autrefois par les habitants de la région pour invoquer Imma Djoua. Ils donnaient lieu à de mémorables festivités. La légende dit que le Saint réalisait des miracles forts impressionnants. Elle dit également que Yemma Djoua était la sœur de Yemma Gouraya car les similitudes sont frappantes par leur situation sur les pics de deux montagnes qui se regardent avec, toutes les deux, à leurs pieds le mausolée de Sidi Aïssa.
Autrefois aussi, les habitants des Ath-Bimoun se rendaient au marché qui se tenait le mardi (Tslatha) au pied de la montagne de Djoua. Ce marché appelé Tslatha n’Ath-Bimoun, constituait un carrefour d’échanges de part sa position. Au-delà des échanges économiques, cet espace était aussi un lieu de partage d’idées et de règlement de conflits entre les populations d’Ath-Bimoun, notamment celles d’Ath-liman, d’Ath-Amrous, d’Ath-Kharoun ou d’Ath-Boumessaoud. Toutes ces populations habitaient sur les terres qu’elles possédaient et possèdent toujours sur les hauteurs du littoral qui longe la mer entre Bgayet et Tichy. Pendant des siècles, elles y ont cultivé le chêne (Akchour) à glands doux, le chêne zen, l’orme, le blanc de Hollande (safsaf), la vigne, l’olivier, le miel, la cire…etc. Elles ont également pratiqué l’élevage de bovins, de caprins, d’abeilles …etc. De plus, elles ont exercé les métiers de l’artisanat traditionnel : bucherons, forgerons, cordonniers, fabrication de bateaux de pêche, de charbon de bois, de savon, de tuiles, la vannerie…etc.
Joua et son territoire se trouvent dans l’arrière-pays immédiat de la capitale régionale, Bgayet. De tout temps, ce territoire a vécu au rythme des bouleversements qui ont secoué la ville, et cela, pour le meilleur et pour le pire. Bgayet était la fenêtre de la région sur le monde. C’était un site stratégique exposé à la convoitise et aux agressions des conquérants. Face aux périls, la ville s’est de tout temps tournée vers l’arrière-pays pour trouver refuge ou puiser dans l’indomptable bastion de la résistance paysanne du territoire face aux forces combattantes qui allaient donner l’assaut.
Ainsi a été la vie à Djoua, jusqu’aux bouleversements survenus durant la guerre de Libération, en 1954 plus précisément, lorsque le territoire fut déclaré zone interdite par l’armée française. La région fut donc désertée et Djoua se retrouva abandonné par ses habitants. La plupart d’entre-deux rejoignirent Bgayet d’où ils ne sont jamais retournés. A l’indépendance, l’exode rural puis l’attrait de la ville et de la modernité achevèrent de transformer Djoua en village abandonné jusqu’à tomber en… ruines.
51 ans plus tard, ses enfants établis en Algérie et à l’étranger ont décidé de relever le défi de le faire revivre. C’est ainsi que l’Association Protection et Développement du Patrimoine et du Tourisme de Bgayet et de Paris (France) œuvre pour la renaissance de ce village historique à travers un projet audacieux. Le festival de Djoua n’en est que le commencement…
Amastan S.
Source : Document élaboré par l’Association Protection et Développement du Patrimoine et du Tourisme.a