Peut-on vivre avec trois mille DA par mois ?

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Les préoccupations du citoyen doivent être signalées à qui de droit pour alléger le fardeau qui pèse sur le dos des gens, ce qui ne se fait que rarement malheureusement.

En Algérie, il y a trois catégories de citoyens : les aisés, les importateurs, les entrepreneurs, les commerçants (les vrais) et les décideurs, une couche qui ne se plaint jamais.

Viennent ensuite les fonctionnaires, les enseignants, les ouvriers et tous ceux qui ne gagnent pas plus de 40 000 DA, c’est-à-dire la couche moyenne. Ce sont justement eux, qui se plaignent à longueur d’année sans qu’ils soient un jour écoutés. Leurs incessants cris de détresse ne sont jamais pris en considération et ne dérangent nullement les autorités concernées et surtout pas le numéro un de l’UGTA qui ne s’occupe que des dossiers qui n’ont rien à voir avec les revendications de la masse ouvrière qui constitue pourtant la force de l’UGTA. Bien sûr, les autres syndicats ne peuvent même pas bouger le petit doigt car le pluralisme syndical n’est pas encore à l’ordre du jour.

La moyenne couche sociale a fini par devenir la couche à faible revenu, donc une modeste couche qui ne sait plus où donner de la tête surtout durant les fêtes de l’été, le Ramadhan, l’Aïd El-Fitr, la rentrée des classes et l’arrivée au même moment des factures de l’ADE, de la Sonelgaz et d’Algérie Télécom pour certains.

Que faire avec son maigre salaire ? S’endetter ou vendre ses meubles constitue pour beaucoup l’unique alternatve.

Enfin, il y a les oubliés de l’Etat et même de la presse, ceux qui gagnent moins de 4 000 DA, à savoir les handicapés, les employés de l’IAIG, les employés du PAIS et ceux qui touchent l’AFS.

Signalons que les travailleurs de l’IAIG et l’AFS gagnent 3 000 DA, le PAIS 2 225.

Ces hommes et ses femmes que l’on trouve dans les écoles, les administrations, les chantiers et la voirie et qui font souvent l’essentiel du travail sont à notre sens les esclaves du nouveau monde, peut-être moins que des esclaves car dans le temps, on faisait travailler les gens excessivement sans les payer, mais au moins on leur donnait à manger. Aujourd’huin, ces gens que l’Etat paie 3 000 DA peuvent-ils s’offrir la même chose ? Peut-on vivre avec 100 DA par jour, surtout si vous êtes père de famille ?

Braham que nous avons rencontré sur son lieu de travail, plutôt sur son lieu d’esclavage, embauché dans le cadre de l’IAIG depuis 15 ans nous dira simplement : “Dieu existe. Je suis là depuis 15 ans et je suis père de quatre enfants.

Quelques fois, l’envie d’en finir avec ce cauchemar m’effleure l’esprit. Que faire avec les 3 000 DA de la honte que l’on nous jette comme si on était des chiens. Sommes-nous des Algériens ? En rentrant le soir à la maison, mes enfants sont souvent déçus. Je les comprends, un père est censé ramener quelque chose à ses petits, moi je ne peux pas le faire ! mon seul réconfort vient uniquement de l’aide qui m’est accordée pour l’auto-construction.

Je lance un appel aux hautes autorités de notre pays pour revoir et réetudier notre cas, nous sommes peut-être des millions à vivre l’enfer et nous ne voyons pas le bout du tunnel.

Nous ne demandons pas l’impossible, nous voulons juste être régularisés et pouvoir vivre à la sueur de notre front.

Merci à votre journal qui a au moins pensé à nous”.

En voyant Brahim et ses collègues nettoyer le réseau d’assainissement saturé et dégageant des odeurs nauséabondes sans protection et sans gants, nous comprenons que ces hommes méritent d’être rémunérés à la hauteur des efforts qu’ils fournissent.

Avec leur salaire qu’ils perçoivent, ils ne pourront même pas s’offrir le savon nécessaire à leurs toilettes. Faire vivre une famille de 6 membres relève de l’impossible.

Hocine Taïb

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