Le bébé sauvé des eaux

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(5e partie et fin)

Elle lui exhibe fièrement l’habit taché de sang. Les deux femmes jubilent de leurs exploits. désormais rien ne les inquiétera. Elles ont fini une fois pour toute avec le jeune garçon.Le jeune garçon qui montre des prédispositions au combat fut intégré dans la bande. En quelques jours, il se montre très efficace. beaucoup de marchands sont détroussés. Les exactions se multiplient. le roi, excédé par les plaintes de ses sujets, décide d’envoyer ses soldats pour réprimer, ces bandits de grand chemin.Cernés par les soldats, les bandits livrèrent combat aux troupes du roi, mais ils sont décimés à l’exception du chef des bandits et du jeune garçon, qui furent gardés prisonniers.Ramenés au palais pieds et poings liés, leur sort est scellé.Leur exécution sur la place publique, afin de servir d’exemple est en préparation. C’est en se rendant au marché pour vendre son poisson que le pêcheur apprend la nouvelle. Il se renseigne sur les condamnés et on lui dit qu’il s’agit du chef des bandits, celui-là même qui lui a enlevé son « fils ». Poussant ses investigations, il apprend qu’il y a un jeune et beau garçon qui a été capturé et qu’il allait subir le même sort que son chef. Un doute lui traverse l’esprit. ce jeune garçon n’est-il pas par hasard son « fils ».Il se renseigne de plus en plus, on le lui décrit. Il arrive enfin à avoir le cœur net. Le jeune condamné est biel et bien son « fils ».Pour le sauver de la potence, il troque ses habits de pêcheur contre des habits plus décents et se rend au palais.Il demande une entrevue au roi, mais on le chassa. il tape à toutes les portes, mais aucune s’ouvre, et les préparatifs de l’exécution vont bon train. Il lui faut coûte que coûte voir le roi. C’est le seul qui peut surseoir à l’exécution, s’il lui fait la grande révélation.Mais comment y parvenir, ce n’est pas une mince affaire ?Le monarque, même quand il sort, est tout le temps escorté. C’est justement lors d’une de ses sorties, qu’il l’attend et décide de jouer le tout pour le tout.Dès qu’il le voit il s’approche de lui en levant les mains et en criant :- Ay ag’ellid’Ghori serr ak’inigh !(Majesté, j’ai un secret à vous révéler !)Les gardes du roi lui barrent la route de leurs lances, et de leurs sabres mais l’ag’ellid’ leur demande de le laisser s’approcher de lui.Haletant, il arrive à peine à articuler -Majesté épargnez les condamnés !Le monarque est surpris. il demande à l’homme les raisons qui l’ont amenées à braver ses gardes et à lui faire une doléance pour sauver les têtes de deux bandits.- Majesté, le jeune bandit n’est pas véritablement un bandit. C’est moi qui l’ai élevé. Je l’ai trouvé dans un panier en osier flottant au gré des flots. cela remonte à une quinzaine d’années, à l’époque même où la rumeur publique disait que vous attendiez un héritier en vous remariant pour la seconde fois. Une femme venant du palais, c’est sûrement elle qui l’a jeté. Quand elle l’a reconnu à cause d’une envie noirâtre qu’il porte au cou, elle a décidé de le tuer en lui offrant un gâteau empoisonné. S’étant aperçue de son échec, elle ‘la fait enlever par le chef des bandits sûrement pour le tuer, c’est un miracle qu’il n’a pas été abattu. L’ag’ellid’ n’en croit pas ses oreilles. Tout souverain qu’il était, il n’a pas pu être mis au courant de la naissance de son fils.Ça lui a été caché. On l’a trompé, on l’a dupé, au point qu’il a mis dans un cachot, celle qui lui a donné un héritier. C’est dur à avaler. Les intrigues du palais sont trop sophistiquées. Mais maintenant grâce à l’homme qui est devant lui, il savait qui était à l’origine de cet ignoble complot.Il fait mander sur le champ la servante de la reine. Quand les gardes viennent la chercher pour la ramener devant le roi, elle voulait se parer du voile de l’innocence, elle croyait que le jeune garçon avait été tué, mais quand l’ag’ellid’ lui apprend qu’il était vivant, elle tombe des nues, et passe aussitôt aux aveux. Elle narre au souverain tous les détails de l’affaire. Pour essayer de sauver sa tête, elle accuse la reine d’être à l’origine du complot.La reine est amenée à son tour et confrontée à sa servante. Plus aucun doute n’est permis. Les aveux complets des deux femmes soulagent le roi qui avait un héritier et il ne le savait pas ! Le chef des bandits et le jeune garçon son graciés, à leur place sont écartelées la reine et son âme damnée.L’ag’ellid’ fait sortir du cachot la reine injustement incarcérée pour une faute qu’elle n’a pas commise. Il lui demande des excuses. pour avoir retrouvé son fils et sa femme, il donne une fête grandiose qui dura sept jours et sept nuits. »Our kefount eth h’oudjay inou our kefoun ird’en tsemz’in as ne-elaïd’ anetch ak’soum tsh’emz’ine ama ng’a thiouan z’izine ».(Mes contes ne se terminent comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd, on mangera de la viande et des pâtes jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).

Benrejdal Lounes

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