On ne dira jamais assez, la précarité avec laquelle on a, de tout temps, géré l’eau potable au niveau des 18 villages que compte la commune de Boudjellil. Au fil des années, les élus qui se sont relayés au trône local ont démontré de fort belle manière leur incapacité à approvisionner correctement les 12 000 habitants.
Le constat est sans appel : hormis les années 1984, 85 où il y avait encore à Béni Mansour le réseau d’AEP colonial encore opérationnel, la pénurie a commencé à s’installer dès 1989. La distribution est déficiente depuis toujours. Malgré un renforcement opéré en 1997 sur une partie du réseau d’adduction à Bourar au sud de Beni Mansour et des dépenses sans cesse consenties depuis, pour préparer ou rénover littéralement des équipements hydrauliques, à coups de dizaines de millions, fait peine à voir.
En 2004, on se souvient de la levée de bouclier des habitants de Béni Mansour qui duré de janvier à mars après une pénurie qui a assoiffé le village pendant une quarantaine de jours. D’une manière ou d’une autre, on a contribué à créer même dans la goutte d’eau, un amalgame entre les riches et les pauvres et toléré une fraude massive des ressources pour des considérations électoralistes.
On continue à naviguer à vue pour approvisionner les villages de Beni Mansour, Iaarkav et Tala El Vir. Les raccordements illicites et les citoyens qui ne s’acquittent pas de leur factures d’eau sont légion. Faute d’une étude qui adapte les moyens hydriques aux besoins, les équipements de pompage sursollicités de manière effrénée, sont en hiver comme en été, exposés à des avaries.
Les conduites et les vannes censées régir la distribution sont dans un piètre état ou parfois inexistantes.
On ne compte plus les dépenses qui s’additionnent du fait de ce perpétuel bricolage, devenu une tradition incontournable dans la gestion de l’eau potable et qui malheureusement ne permet que de différer l’épineux problème du manque d’eau qui réapparaît toujours avec davantage de complexité. A Boudjellil, les citoyens endurent le calvaire du manque d’eau depuis l’indépendance du pays. Toutes les assemblées, qui ont alterné au pouvoir local, n’ont fait que dépenser des sommes faramineuses juste pour parer de manière spontanée et provisoire à une légion de pannes ayant affecté les pompes hydrauliques qui, on le sait très bien, tombent à chaque fois en panne parce que réduites à fonctionner sans répit dans des conditions extrêmes surtout en été.
Les villages de Tigrine, Ath Ouihdène et Hamda ont vécu au printemps dernier, une vingtaine de jours sans eau potable. A Aftis, qui ne se souvient pas des mouvements de protestation en 2002 où ils ont fermé le siège de l’APC pour contester la pénurie totale d’eau qui les touchait de plein fouet ? Au douar de Tazmalt, il n’y a pas de mots pour décrire la souffrance des populations.
Plusieurs décennies d’une gestion hasardeuse et malgré les multiples jérémiades des citoyens et les promesses alléchantes des élus à faire de l’eau leur priorité, rien n’a été fait : une bonne partie des citoyens n’ont pas accès en 2009 à l’eau potable.
Une situation peu enviable qui contraste avec l’embellie en ressources hydriques du pays et les moyens financiers colossaux alloués pourtant par l’Etat. Où se situe donc la défaillance qui fait que toute velléité d’apporter des réponses définitives est vouée à l’échec. A Metchik, où il est difficile d’imaginer que des habitants puissent avoir droit à une douche, le rythme d’alimentation du village est, selon un élu de l’APC de Boudjellil, d’une fois par semaine. A aucun moment, on n’a, par exemple, songé à rendre disponible une pompe hydraulique de rechange pour parer à une urgence surtout en été, pourquoi ?
De plus, des budgets astronomiques sont dépensés depuis toujours avec prodigalité et de manière hasardeuse et inefficace et l’écueil du manque d’eau continue à être le perpétuel cauchemar de beaucoup d’habitants. Dans ces conditions peut-on parler de développement et d’amélioration du cadre de vie des citoyens ?
Z. Z.
