La crédibilité des élus locaux en question

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Les populations de ces régions avaient préféré recourir aux méthodes musclées pour se faire entendre au lieu de saisir les autorités locales pour leur exposer leurs doléances. Ainsi, les représentants directs de ces populations se sont rendus compte qu’ils ne sont investis d’aucun pouvoir, sinon qu’ils ne sont en mesure de faire quoi que ce soit pour satisfaire aux revendications des protestataires.

Sinon comment expliquer qu’ils ont été exclus de la table des pourparlers à chaque fois que ces populations manifestaient leur mécontentement dans la rue ! Il semble du coup que ces derniers ne croient plus en leurs représentants directs, à savoir les maires.

Ceux-ci sont, semble-t-il, réduits ainsi à occuper un fauteuil sans pour autant servir de courroies de transmission entre leurs électeurs et l’administration. Aussi à chaque mouvement de contestation les mécontents demandent comme préalable pour surseoir à leur action d’être reçus par le premier responsable de la wilaya, ignorant par là l’existence même d’une autorité communale.

D’ailleurs, tous les contestataires ont eu gain de cause en parvenant à se réunir avec le wali autour d’une table de dialogue. Ainsi le wali aura joué au pompier durant toute cette période.

Il reste cependant que cette manière de faire a surpris plus d’un. Faut-il recourir aux actions de rue et maintenir la pression pour se faire entendre ? Y a-t-il lieu de procéder à la dissolution des APC et amorcer une manœuvre de rétropédalage en retournant au mode D.E.C, sachant qu’elles ne remplissent plus la mission de médiation ? Autant de questions qui laissent dubitatifs les observateurs. Pour couper court aux mauvaises langues, le wali s’est expliqué à ce sujet sur les ondes de la radio locale.

Une manière pour lui de dissiper toute confusion, en appuyant que l’administration ne cède aucunement au “chantage”. Or, ce qui est vrai et à craindre à la fois c’est que les citoyens des différentes localités de la wilaya de Bgayet seraient désormais plus encline à porter leurs doléances dans la rue sachant que ce monde opératoire est devenu légion ces derniers temps.

La situation que couvent du reste d’autres municipalités pourraient se traduire sur le terrain dans les tous prochains jours par des actions que d’aucuns redoutent d’ores et déjà.

Il est ainsi à craindre la survenance du pire d’autant plus que plusieurs localités vivent dans le dénuement. Même les populations qui avaient exprimé par le passé leur désarroi en coupant les routes nationales à la circulation et en recourant à bien d’autres actions radicales à l’exemple de la fermeture des sièges APC pourraient revenir à la charge à tout moment s’il s’avérait que les pouvoirs publics n’ont pas pris effectivement en charge leurs doléances.

En un mot, ces APC pourraient replonger dans les remous à tout moment. L’exclusion des représentants de la population dans la prise de décision est différemment appréciée par les édiles. Ainsi, Mohand Sadek Akrour, P/APC de Barbacha, estime que la non-association des élus dans la prise de décision porte sérieusement atteinte à leur crédibilité.

“S’agissant des décisions où l’avenir d’une municipalité quelconque est engagé autour d’une table de négociations, il faut que toutes les parties soient associées autrement c’est la crédibilité de l’élu qui est remise en cause”, explique-t-il, en précisant à ce propos qu’il y a en Algérie un problème de “pédagogie politique”. Selon lui, les lois sont encore floues et les problème que soulèvent les populations dépassent souvent les moyens dont disposent les APC.

Devant cet état de fait, ajoute-t-il, il ne reste aux citoyens que de saisir les plus hautes autorités de la wilaya. “Quand les problèmes soumis par la population nous dépassent, le seul recours est de l’orienter vers la wilaya.

Quelques fois on était même au devant pour faire bouger les choses” assure le P/APC de Barbacha, en soulignant que ces actions de rue à l’image de celle des villageois de Boughiden, dans la commune de Barbacha, est, somme toute, “l’expression de la rareté”. Un autre P/APC, préférant garder l’anonymat, estime, quant à lui, que l’administration marche dans la “combine” en cédant à la pression des protestataires. De son avis, outre le fait que des élus se retrouvent égratignés dans leur pudeur, l’administration tend à ériger la contestation en mode de règlement des conflits soulevés par les citoyens. Pour le P/APC d’Amizour, Salem Mammeri, cette situation s’explique par l’incapacité des collectivités locales à répondre favorablement aux revendications des citoyens. “Dans la commune d’Amizour par exemple beaucoup de problèmes dont l’état des routes, le problème d’eau, d’assainissement et tant d’autres se posent avec acuité alors que les moyens matériels et humains dont disposent l’APC sont insuffisants et dérisoires pour les régler, d’où la radicalisation des mouvements de revendication”, explique-t-il.

Pour rétablir la confiance entre les élus et la population, il faut, estime-t-il, donner aux communes les moyens nécessaires pour prendre en charge les doléances de la population. En somme, la majorité des élus s’accordent à dire que le manque de moyens surtout financiers a eu comme effet d’entraînement cette cascade d’actions de protestations à travers le territoire de la wilaya de Bgayet. En conséquence, c’est carrément la crédibilité des élus qui est remise en cause. Les citoyens pour leur part mettent en relief l’absence de communication au niveau des municipalités, d’où le recours à des méthodes plus musclées pour faire valoir leurs droits.

D. S.

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