Preuve en est que, deux semaines après la rentrée scolaire, la polémique née sur et autour du tablier est toujours d’actualité. En prenant attache, hier, avec certains établissements scolaires du chef-lieu de wilaya et de certains villages de Kabylie, nous étions stupéfiés de constater que la décision de Benbouzid continue de faire des malheureux. Qu’on en juge : des enseignants qui ont requis l’anonymat, nous ont affirmé que beaucoup d’élèves n’ont toujours pas rejoint leurs classes parce que “dépourvus” de tabliers. La situation est d’autant plus dramatique lorsqu’on sait qu’elle se généralise dans tous les paliers de l’enseignement et qu’elle touche les centres urbains autant que les régions rurales. Pis encore, certains enseignants ont même dû accepter des élèves en tabliers rouges (pour les filles) et noirs (pour les garçons) dans le seul souci de ne pas pénaliser l’élève pédagogiquement et ses parents financièrement. “C’est tout ce que leur parents leur ont trouvé !. Doit-on renvoyer ces élèves pour la simple raison que la couleur de leurs tabliers n’est pas conforme alors qu’ils se sont démenés pour les acheter ou les confectionner… ?” fulmine une jeune maîtresse de primaire qui reconnaît, avec une certaine amertume, qu’elle a dû fermer les yeux sur la couleur des tabliers et certains élèves dont les parents ne sont pas en mesure, pour le moment, du moins, de leur en fournir d’autres.
Et ce n’est pas tout ! Car il ne font surtout pas oublier que ladite décision, ambigüe à l’origine, a déjà créé une vrais cacophonie au sein du secteur car, à sa mise en application, elle n’a presque rien précisé ! Les parents ne savaient pas s’ils devaient acheter des tabliers avec manches, sans manches, de couleur claire ou foncée… Souvent, la situation a pris des tournures burlesques : des lycéens de terminale, dont la morphologie est beaucoup plus imprévisionnante que leur camarades (un autre détail qui a échappé à M. Benbouzid), n’ont pas rejoint leur lycée pour la bonne et simple raison qu’ils n’ont toujours pas trouvé de tablier… à leur taille !
Certains de ceux qui en trouvent refusent de mettre le tablier (et donc de reprendre les cours) parce qu’ils se sentent “ridicules” avec cette tenue qui sied mal, très mal, avec leur taille de géants !
Ahmed Benabi