La petite fille capricieuse

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Se soumettre aux caprices d’un enfant récalcitrant, c’est souvent lui nuire, c’est ce que doivent savoir les parents, à l’image de ce père débonnaire de ce conte populaire, qui a acheté un bélier à sa petite fille, qui a appris à ses dépens, que son caprice du moment, lui fait subir une forte tension.Jadis, il fut un temps où les animaux avaient le don de la parole, c’est à cette époque que vécut un homme ne possédant qu’une fille, qu’il aime à la folie. Capricieuse à souhait, si elle lui demandait la lune, il était capable de la lui ramener. Consciente de l’ascendant qu’elle a sur son père, elle exagère dans ses exigences. Un jour, en plein hiver, elle lui demande un bélier, auquel elle servira de bergère. Son père a beau essayer de la dissuader, en lui parlant de la rigueur du froid, elle ne le croit pas. Pour faire céder son père, elle se met à pleurer, aussitôt il s’exécute et lui achète un beau bélier aux cornes retournées.Dès le premier jour, elle l’emmène brouter l’herbe dans les champs, malgré qu’ils étaient recouverts de neige et de verglas. Grelottante de froid, les mains et les pieds presque gelés, elle ne pouvait s’asseoir nulle part. Pour essayer de se réchauffer, elle tente d’allumer un feu avec du bois mort, mais trop mouillé, le feu ne veut pas s’allumer. Obstinée, elle reste ainsi jusqu’au soir pour ramener le bélier. Contre toute attente, le bélier refuse de la suivre, il veut faire comme elle, il l’a vue à l’œuvre. “Je veux rester ici, je veux être libre de mes mouvements, tu fais des misères à ton père, je vais t’en faire autant !” La petite fille se saisit d’un bâton pour le frapper, mais le bélier la menace de ses cornes. “Puisque tu refuses de m’obéir”, la petite fille appelle le chacal et lui dit :Ay ou chen etch ik’erri ! (Chacal dévore le bélier !)Le bélier refuse de s’exécuter, elle appelle l’hyène et lui dit : Ay ifis etch ouchen ! (Hyène, dévore le chacal !)L’hyène refuse l’ordre donné. Elle appelle le lion et lui dit :Ay izem/ou ayrad’) etch ifis ! (Lion dévore l’hyène !)Le lion refuse de s’exécuter. Elle appelle la lionne et lui dit : A thasedda etch izem ! (Lionne dévore le lion !)La lionne refuse.Elle appelle la corde et lui dit :-Ay amrar chid thasedda ! (Corde attache la lionne !)La corde refuse. Elle appelle le rat et lui dit :Ay aghard’a etch amrar ! (Rat ronge la corde !)Le rat refuse. Elle appelle un chat et lui dit :Ay amchich etch aghard’a ! (Chat dévore le rat !)Le chat refuse. Elle appelle un chien et lui dit :Ay aïd’i (ou aqjoun) etch amchich(Chien dévore le chat). Le chien refuse, elle appelle le bâton et lui dit :Ay aâkaz ouèth aqjoun ! (Bâton frappe le chien.)Le bâton refuse. Elle appelle le feu et lui dit :A thimes sargh aâkaz ! (Feu brûle le bâton !)Le feu refuse.Elle appelle l’eau et lu dit :Ay aman sekhsi thimès ! (Eau, éteins le feu !)L’eau refuse, elle appelle le bœuf et lui dit :Ay azgar sou aman !Le bœuf refuse. Elle appelle le couteau et lui dit :Ay ajen oui ezlou az gar ! (Couteau l’égorge le bœuf !)Le couteau refuse. De guerre lasse, elle appelle l’homme vounadem (le fils d’adam), forgeron de son état, et lui dit :Ay ah’edad’ sefsi ajenoui ! (Forgeron fonds le couteau !)Pour lui faire plaisir, le forgeron va chercher le couteau pour le mettre au feu à l’effet de le fondre.Le voyant se diriger vers lui, le couteau s’écrie :“Eloigne-toi de moi forgeron, je sais ce qui me reste à faire”. Aussitôt, il fonce vers le bœuf pour l’égorger. Le voyant arriver en trombe, pour éviter de se faire égorger, il va boire l’eau. L’eau prend peur et va éteindre le feu. Le feu va brûler le bâton, le bâton va frapper le chien. Le chien craignant pour sa vie, saute sur le chat pour le dévorer. Le chat à son tout bondit sur le rat, qui se précipite sur la corde pour la ronger. La corde voyant le danger court vers la lionne pour l’entraver. Le lion voyant la lionne se diriger vers lui en rugissant, se lance sur l’hyène pour la dévorer, pour échapper au félin, l’hyène se dirige vers le chacal pour l’étriper. Le chacal panique à sa vue, et saute sur le bélier. De peur de se faire dévorer, il court à perdre haleine, vers la demeure de la petite fille et rentre dans l’écurie (aday nine) pour échapper à tout danger. Soumise à rude épreuve, la petite fille se plaint à son père de l’entêtement du bélier. Pour s’éviter d’autres soucis elle demande à son père d’égorger le bélier. Cette fois-ci, il lui obéit de bon cœur. Il se dit qu’elle s’est peut-être assagie, il la serre contre lui et espère que le temps des caprices est bel et bien fini.

Benrejdal Lounes

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