Le ministre de l’Education nationale fait ainsi face à un début de protesta de plus en plus inquiétant. L’on assiste, comme ce fut le cas chez les lycéens de l’an dernier, à des actions de grève menées, conjointement par les enseignants et les élèves.
Après les interminables réformes, à travers lesquelles l’élève s’est senti comme un simple objet de laboratoire, le département de Benbouzid a provoqué une série de mutations dans le secteur sans que les intéressés, élèves et enseignants, n’aient été réellement associés.
Ces réformes ont généré, depuis l’année de leur mise en application, un vent de colère qui n’arrive toujours pas à s’estomper.
Le combat de longue haleine que mènent les syndicats autonomes pour faire valoir leurs droits professionnels, les parents d’élèves qui réclament d’abord une meilleure prise en charge pour leur progéniture en ce qui concerne les programmes scolaires, ensuite une prise en charge dans des conditions idoines pour les études, les élèves qui montent au créneau contre les programmes chargés, le manque de moyens, la qualité de l’enseignement qui leur est dispensé… constituent des griefs qui peuvent être retenus contre la gestion de Benbouzid du secteur de l’Education nationale. A cette situation s’ajoute le chamboulement des programmes avec l’adoption du nouveau week-end semi-universel : tout en gardant le vendredi journée sacrée, donc, fériée, afin, disent-ils, de récupérer le retard d’une demi-journée, les élèves iront à l’école le samedi matin.
Drôle de gestion dans la mesure où la tutelle joue, ainsi disaient certains syndicalistes, « de nos enfants comme on jouerait aux billes ».
Du côté des syndicats, les grèves cycliques décidées durant le mois prochain comme réponse à la décision du gouvernement concernant l’effet rétroactif des indemnités vient, encore une fois, mettre de l’huile sur un feu déjà bien engagé.
L’école, fer de lance de tout développement, qu’il soit économique, culturel ou scientifique, est réduite, malheureusement chez nous, à un marchandage où s’entremêlent idéologie, politique, intérêts étroits et surtout amateurisme criant.
Cette fois, ce sont les potaches de Kabylie qui veulent en découdre avec les mauvaises conditions dans lesquelles ils pataugent dans leurs écoles. A Tadmaït, Saharidj, Mechtras, où à Bor-Oudarguine, Bgayet, les élèves ont décidé de bouder les cours et de protester contre les réformes qu’ils estiment porteuses de défaillances. Toute cette agitation qui bloque le secteur met réellement en danger les élèves et leur année scolaire, qui d’un moment à l’autre peut être hypothèquée. Entre le manque de moyens logistiques et pédagogiques, spécialistes, parents d’élèves, enseignants et élèves s’accordent à dire que les réformes engagées du secteur ont « déformé » même les aspects qui étaient, jadis, positifs pour plusieurs générations d’Algériens.
Où va l’école algérienne ?
M. Mouloudj