Marchés à bestiaux : les prix s’emballent, les éleveurs respirent mais…

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Depuis deux semaines, les prix au niveau des marchés à bestiaux ont enregistré une hausse rapide pour atteindre leurs cours habituels et cela, après avoir chuté au plus bas de l’échelle durant presque une année à tel point que de nombreux éleveurs ont frôlé la ruine en raison d’une sévère sécheresse qui a sévi particulièrement au niveau des Hauts Plateaux, lieu traditionnel de regroupement du gros du cheptel à l’échelle nationale. Une sécheresse qui a contraint la plupart des gros éleveurs à se séparer de leurs bêtes au tiers de leur prix réel, une “liquidation” ou plus exactement un bradage qui s’explique aussi par la flambée des aliments de bétail et les épidémies qui apparaissent dans de telles circonstances (sécheresse).

C’est une situation catastrophique pour les malheureux éleveurs à laquelle les pouvoirs publics ont tourné le dos. Les nombreuses précipitations de l’automne, ayant définitivement écarté le spectre de la sécheresse prolongée, ont encouragé les éleveurs qui ont fait quelques économies pour “renflouer” leurs troupeaux et relancer l’élevage, une activité ancestrale dont ils ne peuvent se séparer malgré les coups sévères que ne cessent de leur assener les “spécialistes du congelé” avec toutes les facilités que leur accorde l’Etat au dépend de la production locale qui ne survit que grâce à l”amour pour leur métier.

Donc pour “régénérer” leurs troupeaux décimés — par des conditions climatiques périodiques défavorables — les éleveurs se rabattent sur les marchés à bestiaux et “raflent” le maximum de bêtes disponibles.

A souligner cependant que l’actuelle flambée des prix n’est pas l’œuvre d’autres éleveurs qui se séparent du surplus de leur cheptel mais des mécanismes qui écument les marchés à bestiaux et font “monter ou descendre” les enchères selon leurs intérêts sans que les pouvoirs publics ne pensent à mettre en place un mécanisme de régulation pour protéger les éleveurs contre cette mafia qui contrôle les marchés à bestiaux sur lesquels ils règnent en maîtres absolus. Cette brusque reprise des cours du bétail s’explique aussi par l’approche de la fête de l’Aïd el Kebir où chaque croyant sacrifie un mouton ou une brebis. C’est ainsi que l’agneau cédé il y a un mois entre six mille à huit mille dinars a atteint à l’heure actuelle, quinze, voire dix-huit mille dinars.

Quant aux béliers engraissés ils ont franchi la barre des vingt-cinq mille dinars. Cette hausse n’est pas prête de s’arrêter vu que les conditions climatiques sont favorables pour la réussite d’une relance prometteuse de l’élevage, de plus la prodigieuse reprise des parcours de pâturage entraînerait automatiquement un recul des prix des aliments de bétail qui seront de nouveau abordables.

Une aide précieuse que pourrait apporter l’Etat à l’élevage avec la création de moyens de stockages des aliments de bétail dont la majorité sont périssables, ce qui permettrait aux éleveurs de faire des réserves à des prix raisonnables pour faire face aux périodes difficiles. C’est aussi une manière d’élargir ce créneau qui peut facilement constituer la 2e richesse du pays après le pétrole.

Hélas, c’est un rêve qui n’est pas prêt de se réaliser quand on constate que l’Etat s’est désisté de la couverture sanitaire du cheptel laissée à la charge des vétérinaires privés, ces praticiens affectés au niveau des subdivisions agricoles.

Ces derniers ne sont même pas équipés d’une trousse de secours et ne se contentent de faire un constat que lorsqu’ils sont sollicités et qui restent impuissants aux cris de détresses des éleveurs dont les troupeaux sont régulièrement “visités” par des épidémies dévastatrices.

La majorité des éleveurs qui n’ont pas les moyens de faire appel aux vétérinaires privés font recours aux traitements traditionnels transmis de père en fils et qui se retrouvent désarmés devant ces maladies nouvelles et extrêmement contagieuses qui déciment des troupeaux entiers en quelques jours. Malgré tout le tapage “qu’on” fait autour de ce secteur, ceux exerçant dans ce créneau (élevage) sont livrés à eux-mêmes et sont à la merci des maquignons, ces spéculateurs qui les écorchent vifs et enfin au marché instable angoissant, un état déplorable sur lequel doivent se pencher les pouvoirs publics.

L’élevage pour peu qu’il soit accompagné par l’Etat, est un créneau à la portée de tout le monde pour absorber le chômage, par conséquent un moyen de développement irremplaçable.

Pour ceux qui l’ignorent, le bélier de Djelfa (Ouled-Naïl) est classé en tête de liste en matière de qualité à l’échelle nationale grâce à sa prolifération facile et rapide. Il suffirait de deux années d’efforts soutenus pour faire de l’Algérie un pays exportateur à grande échelle.

Oulaïd Soualah

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