Ce sont d’ailleurs tous les changements qu’on opère sur notre garde-robe qui témoigne des surprises que Dame nature nous réserve durant ce mois. C’est aussi le mois où l’on profite pour faire les emplettes de l’hiver, déballer la literie de la saison, faire de nouvelles acquisitions pour la circonstance et même préparer de nouveaux habits pour l’hiver. On y profite aussi pour sortir.
Les températures étant généralement plus fraiches que celles de nos étés brûlants et plus douces que les températures de nos hivers glaciaux. Les terrasses des cafés se remplissent, les rues de la ville sont repeuplées. Les plages le deviennent aussi même si les aventuriers et les adeptes des eaux glaciales ne sont pas très nombreux.
Mais on y va en famille ou en couple pour savourer les dernières journées de soleil. Même si ce dernier ne nous manquera pas autant que ça. Nous avons des journées ensoleillées qui n’ont rien à envier aux belles journées d’été, même en plein mois de janvier. Contrairement aux autres coins de la terre où on se terre dès les premiers signes de l’hiver, l’hibernation n’est pas au rendez-vous dans la ville des Genêts. Dès que le soleil pointe du nez, on se donne presque le mot pour se retrouver dehors. Dans les villages kabyles, c’est l’occasion d’aller aux champs pour préparer la récolte des olives qui doit commencer début décembre. Il se trouve aussi des localités où la récolte commence justement en novembre. La récolte d’olive ne s’annonçant pas très bonne cette année, on se contente de nettoyer les arbres et les préparer pour la prochaine récolte. Pourvue qu’on ne croise pas les bras. Qu’il pleuve ou qu’il neige, on trouve souvent quoi faire quand on habite un village. En ville aussi, on ne chôme pas côté idées. A chacun son automne, à chacun son programme.
Quand automne rime avec besogne !
Farida est ce qu’on peut appeler une fée du ménage. Elle fait le grand ménage chaque mois. Lavage de murs, de literie, de rideaux, réaménagement de meubles. La totale quoi ! Cette semaine, elle prévoit le méga ménage du mois de novembre. Mais en plus de son habituel nettoyage à fond, elle procède cette fois au changement des garde-robes de tous les membres de sa famille. Elle remet les vêtements d’hiver, qu’elle a soigneusement mis dans des valises au début de l’été, dans les armoires et remballe les vêtements d’été jusqu’à la fin du printemps. Leur tour viendra aussi.
Elle dit agencer ses meubles autrement que pour les autres périodes de l’année. Les troque les rideaux vert d’eau pour des rideaux blancs afin d’attirer au mieux la lumière. Elle inonde son salon de lampadaires gardés généralement dans le placard durant les douces saisons. Elle fait en sorte de multiplier les sources de lumière pour limiter au mieux les petites déprimes et autres moments de mélancolie.
« Si nous changeons notre manière de nous habiller durant les différentes saisons, on peut aussi changer son intérieur. J’avoue que je le fais pour pratiquement toutes les saisons. Des fois je ne résiste pas et je refais mon intérieur au bout d’un mois. Je ne dépense rien pour cela et obtient un changement important. Il suffit de déplacer les meubles, et les cadres. Remplacer les rideaux par d’autres. Marier la couleur des couvertures et des coussins de mon salon en fonction du changement opéré. Remplacer les tapis des chambres par ceux du salon et de la salle à manger et placer ces derniers dans les chambres. J’adore les bougies. On en trouve partout chez moi, même dans les sanitaires. Je suis une dingue des photophores. On en trouve beaucoup maintenant dans les commerces contrairement au passé. Avant, il fallait les commander de l’autre côté de la mer. J’aime les couleurs, j’en abuse même chez moi », nous raconte Farida, maman de 2 enfants. Cette infirmière de 41 ans nous avoue que son entourage n’apprécie pas toujours ce qu’elle appelle « mes folies ». Des folies qu’elle essaie de limiter au maximum.
Elle en fait de moins en moins. Pour cet hiver, Farida prévoit de repeindre la maison. Un projet qu’elle reporte de mois en mois, depuis le mois de juin dernier. « J’ai de l’humidité chez moi. Cela laisse des taches noires sur les murs et plafonds. J’ai fait de mon mieux pour laver, les taches ne partent pas. J’ai l’intention de repeindre, au moins le salon avant l’hiver. Je reporte de semaine en semaine, depuis juin. Au début je suis partie en vacances. Au retour c’était le Ramadhan. J’imagine mal inhaler les odeurs de peinture et d’essence durant mon jeûne. Puis ce fut le retour au boulot. Puis la rentrée des enfants qui fait que mes week-ends leur soient réservés, notamment à leurs révisions. Là, je profiterais de la semaine de vacances de novembre pour envoyer mes enfants chez leur grand-mère et repeindre la maison. Je prévois une couleur chaude contre les affres de l’hiver », ajoutera Farida qui a dû négocier avec son mari pour pouvoir opter pour la couleur abricot. Elle voulait initialement du rouge ! Il est vrai que quand il fait froid dehors, il n’y a pas mieux qu’un intérieur accueillant pour réchauffer les cœurs et les corps ! Et Farida l’a bien compris.
La saison des casaniers !
Si l’automne est synonyme de temps gris, on trouve bien le moyen d’égayer ces journées. Le cocooning ou le « chouchouting » est le meilleur moyen de garder la bonne humeur même en plein déluge à l’extérieur. Il suffit de s’offrir un intérieur chaleureux et douillet. Et là, c’est selon la personnalité des uns et des autres. Ça peut être une chambre désordonnée d’ado comme ça peut être une chambre de rêve avec des dentelles tout autour ! Les casaniers sont plus proches de cette solution. Ils supportent plus l’idée de rester à la maison et d’y passer du bon temps. Cela peut durer plus d’une journée. Il est vrai que des fois on se sent tellement bien chez soi qu’on ne veut guère en sortir excepté pour les nécessités vitales.
Pour apprécier ces moments, il suffit de rendre son intérieur le plus douillet possible, selon les moyens de bord. Et à chacun ses moyens. Un simple feu de cheminée même dans un très vieux « kanoun » en bonne compagnie est un bon plan pour passer du bon temps chez-soi. Si on a de l’imagination, on peut se créer un doux cocon en usant et abusant de bonne musique, de l’encens, des bougies, des huiles parfumées, des revues et des bouquins, une bonne tisane ou un chocolat chaud et un bon repas. On peut faire simple aussi. « Je passe mes après-midis sous la couette dès que l’hiver pointe du nez. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait la semaine dernière et ce que je prévois de faire dès la semaine prochaine. Il paraît qu’il va encore pleuvoir à partir de jeudi. Pour ne pas être dérangée, je fais mon ménage et ma popote une fois mes enfants partis à l’école le matin. A midi, ils mangent à la cantine. Cela me permet de rallonger mes journées de chouchoutage jusqu’au soir. Mon ménage fini, je m’occupe un peu de moi. C’est selon ! Un jour soin du visage, un autre des cheveux, un autre encore application de vernis. Chaque jour je me réserve un bon moment pour moi. Je reçois souvent ma nièce coiffeuse esthéticienne à la maison. Elle s’occupe bien de moi aussi. Je mange souvent au lit. Ce que je ne me permets jamais devant mes enfants, étant donné que je leur interdis de le faire eux-mêmes. Souvent je loue des films ou en emprunte chez ma voisine, femme au foyer également. Sinon, je me branche sur les chaînes arabes jusqu’au soir. Je me permets des pauses téléphone de temps en temps ! J’ai un abonnement avec un important forfait et plusieurs numéros gratuits. Vous imaginez à quel point ça sert quand il fait gris dehors et qu’on soit « enfermé » chez soi ? le soir quand mes enfants et mon mari rentrent, je suis tellement détendue que le reste de la soirée n’est qu’une continuité de bien-être et de relaxation. C’est d’ailleurs avec bonne humeur que je m’occupe de mes enfants et de leurs révisions. Je cajole un peu tout le monde étant donné qu’ils m’ont permis de me gâter un peu toute la journée. L’idée de me laisser le plus de temps pour moi-même vient de mon mari. Il a pensé que même si j’avais choisi d’arrêter de travailler, je devais avoir du temps pour moi et ne pas me transformer en ménagère tout court. Il a même inscrit les enfants dans l’école limitrophe à son lieu de travail pour pouvoir les accompagner à l’aller et au retour. Pour le déjeuner, les enfants mangent à la cantine. Leur papa les invite une fois par semaine, histoire de casser avec la routine. J’ai la chance d’avoir un mari aussi compréhensif. Mon besoin de m’enfermer à la maison pour ne m’occuper que de moi, il le comprend très bien. Il faut dire qu’il était aussi témoin des années d’esclavage professionnel que j’ai dû endurer pour lui venir en aide quand il ne pouvait pas assumer seul les besoins de notre famille. Dès qu’il s’est installé à son compte et que son affaire a bien marché, il m’a donné le choix, entre garder mon poste, travailler pour lui ou rester à la maison et me chouchouter au maximum. J’ai choisis la dernière option. Ça sert pour les jours gris et pluvieux. J’ai toujours été une adepte des grasses matinées. Ces dernières m’étant inaccessibles à cause de mes enfants qu’il faut préparer le matin, je me les permets le long de la journée. Je ne le fais pas aussi toute l’année. Quand il fait beau, je sors et profite pour faire mes courses et flâner un peu. Je rends visite à mes amies », nous raconte Aldjia, 48 ans. Cette femme au foyer, ancienne institutrice, se souvient des jours pluvieux où elle devait marcher à plus de 20 minutes de chez elle pour atteindre l’école primaire où elle enseigne le français. Elle dit qu’en y repensant encore, elle frissonne de froid et ses jambes en tremblent. “Vive les journées « chouchouting », conclut-elle!
La cuisine s’y met aussi !
L’automne c’est une saison que les gourmands aiment particulièrement. Au début de l’automne on trouve encore les produits de fin d’été. Les poivrons, courgettes, aubergines et autres tomates continuent à garnir les étals des marchands de légumes. Les potagers particuliers en débordent.
Si nos assiettes sont encore coloriées, il suffit de quelques gouttes de pluie pour qu’on se mette aux soupes et aux ragouts. Dès qu’il se rafraîchit nous éprouvons le besoin de nous réconforter grâce à un ragout chaud ou une soupe fumante. Les plats mijotés reviennent dans le menu familial.
Les recettes de grand-mère sont particulièrement prisées. La table redevient le lieu de rencontre de toute la famille. Un endroit chaleureux où règnent Tadjines, soupes, ragoûts et plats traditionnels. Afin de se préparer pour l’hiver rien de mieux que de concocter de bonnes recettes qui réconforte et réchauffent ! Puisqu’il n’y a pas de mauvaise saison et qu’elles sont toutes bénéfiques à condition qu’en n’en tire que le meilleur autant commencer par le coin cuisine. « Je ne suis pas fine cuisinière. Mais j’ai un faible pour les crêpes. Quand il fait un temps morne, j’en profite pour faire des crêpes ou des M’hadjeb. Ce sont mes enfants qui adorent ça. Au lieu de se fâcher, parce que privés de leur sortie quotidienne, ils sont ravis qu’il ne fasse pas beau juste pour les petits plats que je leur concocte à la maison. C’est selon les ingrédients et le temps dont je dispose. La semaine dernière, il a beaucoup plut le mardi après-midi. Mes enfants devaient aller voir leurs grands-parents. Comme nous ne sommes pas véhiculés, nous n’avons pu les emmener au village. Leur déception ne s’est éteinte qu’à l’aide d’une bonne crêpe party ! Sinon, ils avaient hâte de déguster le ragout de fayots dont ils raffolent particulièrement. Je trouve que la cuisine d’hiver est plus facile à préparer que celle de l’été. En ce moment c’est encore mieux. On trouve de tout. Et cela fait le bonheur des ménagères qui ont plus donc ingrédients, plus d’imagination ! « , nous raconte Ouiza, 43 ans.
Et la beauté dans l’histoire ?
Si à la veille des vacances on prépare sa peau pour avoir un meilleur bronzage et un teint impeccable, en automne on a tendance à vouloir effacer les signes de l’été. Si les peelings, les gommages et autres masques devaient dégager la peau de ses impuretés pour mieux accueillir les bains de soleil, les mêmes procédés sont également utilisés pour se débarrasser des taches brunes et autres imperfections laissées par un excès d’exposition au soleil ou l’utilisation d’un produit louche ou même l’exposition sans protection.
L’été fini, le teint halé n’est plus d’actualité. Pour être à la page et aux couleurs de l’hiver qui approche, rien de mieux que l’automne pour s’en occuper et rien de plus simple que quelques soins du visage et du corps pour briller de mille feux les mois qui viennent. « J’ai réservé 4 séances de soins du visage chez mon esthéticienne. Après l’été, je me suis retrouvée avec des taches brunes sur le visage. Mon esthéticienne m’a proposé des soins pour m’en débarrasser et m’a suggéré d’aller voir un dermatologue au lieu d’essayer d’acheter des produits éclaircissants à chaque fois qu’on m’en conseillait un. J’en suis à mon troisième soin et je remarque déjà une nette amélioration au niveau de mon teint. Les taches se sont estompées sans pour autant disparaître. Je dois aller chez le dermatologue une fois mes soins finis », nous raconte Hayet, 34 ans, maman d’un enfant de 16 mois. Si Hayet se plaint de ses taches brunes, Sonia, quant à elle, a gardé autre chose de ses vacances. « J’ai pris 6 kilos durant les vacances et le mois de Ramadhan qui s’en est suivi. J’ai acheté deux produits que j’ai utilisé durant ces deux derniers mois pour m’affiner des parties où j’ai le plus pris. En vain. Je me suis inscrite au sport sans pour autant faire l’effort d’aller en salle. Sinon, j’ai entendu parler des séances de sauna qui peuvent m’aider à me débarrasser de mes graisses. Et là, je crois que ça va marcher », nous raconte Sonia, rencontrée chez une coiffeuse du centre-ville qui possède un espace sauna au niveau de son salon de beauté. Sonia avoue ne pas pouvoir suivre un régime après toutes les privations et frustrations du Ramadhan. « L’hiver approche et je ne me sens pas de taille à commencer un régime », nous avoue-t-elle. Il est vrai qu’on supporte mieux un régime en été, les aliments étant plus riches en eau que le corps demande exclusivement.
En hiver, le corps demanderait plus de graisses et de glucides. Des mets bien chauds et riches. Ce n’est certainement pas le moment de faire un régime. Les manteaux et vestes longues couvrent bien les imperfections d’ailleurs. Alors goinfrez-vous mesdames ! Pour une fois que c’est permis !
Samia A. B.
Pas de mauvaises saisons. A chacun d’en tirer le meilleur…