Stagnation de l’emploi

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Les dernières estimations établies par la wilaya de Bouira en matière de performance de l’emploi sur l’ensemble des communes révèlent une tendance inquiétante à la persistance du chômage et même à sa chronicité. En effet, au vu des chiffres relatifs aux activités économiques, le taux de chômage n’a pu être réduit depuis au moins cinq ans. Au 31décembre 2001, la population active en chômage était évaluée à 32,13%. A la fin 2004, ce taux est de 30,05% ; il reste, pour ainsi dire, inchangé.Cette situation est d’autant plus préoccupante que la population totale de la wilaya est passée, au cours de la même période, de 673.780 habitants, soit un accroissement de presque 35.000 habitants.Par rapport à la moyenne nationale, actuellement estimée entre 13 et 17% selon les institutions chargées des statistiques de l’emploi, le taux de chômage dans la wilaya de Bouira paraît visiblement trop fort. Cela est principalement dû à une politique d’investissement fort timide. Le problème inquiète encore davantage lorsqu’on se met à étudier la structure du chômage par daïra et par commune.En effet, au-delà d’une moyenne de wilaya qui n’a des signification que pour les adeptes des agrégats économiques et les décideurs centraux, les chiffres absolus du chômage enregistrés dans les villages et les bourgades montrent une flagrante disparité de la distribution de l’emploi à travers le territoire de la wilaya qui fait que certaines zones atteignent les 60 à 70% de taux de chômage.Le secteur qui emploie le plus de personnels est celui de l’administration avec 53.418 travailleurs. Vient ensuite le secteur des services (hors commerce et transport) avec 18.030 travailleurs. L’agriculture, principale vocation de la wilaya emploie quant à elle quelque 14.117 personnes. Le secteur industriel fonctionne avec 8 266 travailleurs, tandis que les Travaux publics boostés par les activités liées à la réalisation de l’autoroute Est-Ouest, en comptent 11 780. Le commerce et le transport totalisent un nombre de 15 434 travailleurs.A cette gamme de travailleurs officiellement déclarés, s’ajoute la frange de l’activité informelle qui prend de plus en plus d’ampleur dans une wilaya considérée comme une zone de transition entre la région de grand “négoce” des produits de la contrebande (Sétif, Tadjenent, El Eulma) et la capitale. Le nombre d’intervenants dans cette branche d’activité, du simple vendeur à la sauvette jusqu’aux gros “bonnets” en passant par “les caravanes” des intermédiares, ne pourra jamais être connu avec exactitude.Le tassement des offres d’emploi est, pourtant, compensé quelque peu par les mécanismes et les relais sociaux mis en œuvre par les pouvoirs publics au cours de ces dernières années. Cependant, sur ce chapitre aussi, pèsent des aléas dont les principaux sont : le caractère temporaire de certains emplois (travaux d’utilité publique, filet social, pré-emploi…) et la lourdeur administrative de certains dispositifs liés à la mobilisation des crédits bancaires (ANSEJ,…). Sur 513 projets dont les dossiers sont déposés à la Caisse d’assurance chômage (CNAC), seuls 5 ont reçu leur autorisation de financement et 178 sont à la phase d’étude. De même, les demandes de création de micro-entreprises par le moyen du dispositif de l’ANSEJ ont atteint le nombre de 5 372, alors que les dossiers qui ont réellement abouti sont au nombre de 1 167 ; leur financement est évalué à 1 748 463 000 DA permettant la création de 3 018 postes d’emploi. Le dispositif du microcrédit a agréé 900 dossiers contre une demande matérialisée par le dépôt de 4 000 dossiers.1 134 postes de pré-emploi sont actuellement pourvus alors que le nombre de demandes émanant d’universitaires et de techniciens supérieurs était de 2 376.Au-delà des chiffres et des statistiques officiels, le chômage, en tant que phénomène social, est bien visible dans la rue des villes et villages de Bouira : mendicité touchant femmes et enfants, travail précoce des enfants dans des chantiers et ateliers, multiplication des actes de brigandages et de vols, réapparition de certaines maladies liées à l’hygiène et à la nutrition…

Amar Naït Messaoud

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