L’Algérien redécouvre ses réalités

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Plus d’une semaine d’euphorie et de jubilation avant et après la victoire de l’Equipe nationale face à celle de l’Egypte.

Une semaine de mouvement qui a vu les Algériens renouer avec la joie et la colère patriotiques, surtout avec la campagne de lynchage, d’insultes et de provocation menée par les Egyptiens, peuple et gouvernement compris. La fête ne peut, en aucun cas, occulter tout le décor ornant la vie des Algériens de tous les jours. Ainsi, l’on ne peut dissimuler toute la crise couvant au sein de la société sous la joie, quoique bien méritée des Algériens après tant d’années de désillusions et de deuil.

L’euphorie à laquelle les autorités du pays ont adhéré et soutenu – ce qui relève exclusivement de leur rôle de responsables – ne doit pas aussi aller en eau de boudin.

La présence des responsables aux côtés des Algériens doit être effective et surtout omniprésente. Cela dit, les pouvoirs publics doivent, comme ils ont répondu à l’appel des milliers de supporters par la positive, répondre aux demandes des Algériens en matière de pouvoir d’achat, d’emploi, de logement…

Toutes ces revendications ne doivent pas être noyées sous les airs de fête que suscite la victoire des Fennecs, même si le match de football qui les a opposés au Pharaons, déborde du strict domaine du sport pour investir le terrain politique et diplomatique. Elles ne sont pas un accessoire de la vie de tout un chacun, mais l’essence même de la vie. Si les droits sociaux sont bafoués, il faut s’attendre à une réaction musclée de la rue, qui s’est réappropriée cette tribune d’expression à l’occasion d’un match. Car la joie exprimée est aussi synonyme d’une frustration nationale qu’il ne faut pas escamoter. A quelques jours de la fête de l’Aïd, le mouton reste inabordable. Les prix varient entre 25 et 60 000 DA. Un prix exorbitant lorsque l’on sait qu’un mouton coûtera au minimum trois mois de salaire. A cela s’ajoute la flambée des produits de première nécessité. Face à cette situation de grèves à répétition dans le secteur de l’Education, des universités, de chute du pouvoir d’achat…, la stabilité de la rue algérienne peut être hypothéquée devant la persistance de la flambée et surtout la sourde oreille des responsables quant aux doléances des citoyens. La mobilisation des Algériens pour leur équipe nationale et les sentiments de fierté et de joie exprimés doivent être canalisés dans le sens d’un règlement de la crise qui secoue plusieurs secteurs, et surtout celui du pouvoir d’achat et tout ce qui est lié à sa stabilité.

M. Mouloudj

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