Effectivement, les enseignants ont durci le ton en poursuivant normalement leur débrayage qui en est à sa troisième semaine. Ils exigent des engagements écrits et non pas des promesses. “Rien ne fera arrêter ce large mouvement de protestation, excepté la satisfaction totale de notre plate-forme de revendications”, a tonné le porte-parole du conseil des lycées d’Algérie (Cla). Suite à l’appel du ministre de tutelle à la reprise des cours, les élèves, comme à leur habitude, se sont dirigés vers les établissements scolaires, pour rebrousser le chemin par la suite, du fait qu’aucune activité pédagogique n’a eu lieu. Il est clair que les intimidations et les menaces de l’administration n’ont fait que jeter de l’huile sur le brasier et attiser la flamme des mécontents qui revendiquent aujourd’hui plus que jamais la prise en charge définitive de leurs revendications justes et légitimes.
Une détermination qui renseigne sur le ras-le-bol des enseignants des promesses non tenues du premier responsable du secteur. Il veulent à tout prix avoir du concret pour pouvoir mettre un terme à cette action d’envergure. Il faut bien dire que les syndicats autonomes du secteur de l’éducation nationale ont démontré leur force à mobiliser l’ensemble des enseignants, tous paliers confondus. Lycées, CEM et écoles primaires de la capitale étaient paralysés. Une simple virée dans les établissements scolaires d’Alger confirme ce constat. Au lycée Ibn-Nass, sis à la Place du 1er-Mai, une foule d’élèves attendaient encore à 9h devant cette bâtisse.
Lassés de l’attente et de l’incertitude, les élèves ont fini par quitter les lieux vers 10h. Seules quelques agents de sécurité ont été à leur poste. Ils nous ont signifié que les établissements sont en grève depuis maintenant trois semaines. “Vous êtes en grève ?”, avons-nous demandé à un enseignant à l’entrée du lycée Ibn-Nass. “Oui, évidemment, comme tout les enseignants qui travaillent dans cet établissement », nous a-t-il répondu. Un autre enseignant dira qu’ “aucun enseignant ne compte reprendre les cours, et ce, jusqu’à ce qu’il y ait des engagements écrits. Cela fait deux ans que le ministre nous parle des primes et indemnités, mais malheureusement nous n’avons rien vu arriver sur le terrain.” S’agissant de la déclaration du président de la Fédération des parents d’élèves, dans laquelle il souligne qu’il se préoccupe quant à l’avenir des élèves, une autre enseignante rencontrée au lycée Emir-Abdelkader à Bab El Oued, nous a affirmé sans ambages que « celui qui n’a pas d’enfants ne saura pas comment se préoccuper du sort des élèves ». « Moi-même, j’ai des enfants scolarisés et c’est justement pour leur intérêt que nous n’arrêterons pas la grève. Espérons que nos enfants auront une vie meilleure que la nôtre », fulmine-t-elle. « Il fallait bien qu’il intervienne lorsque les lycéens ont investi le terrain pour dénoncer la surcharge des classes et des programmes et l’emploi du temps », a-t-elle enchaîné.
Lemya Ouchenir
