Le parvis de la direction de l’éducation arrivait difficilement à contenir la foule présente hier matin sur les lieux suite à l’appel du Cnapest et de l’Unpef qui avaient décidé de tenir un sit-in de protestation en signe de réponse aux déclarations du ministre de l’Education. Ce dernier avait en effet longuement insisté pour que les enseignants reprennent ce dimanche en affirmant que les négociations avec les syndicalistes avaient été bénéfiques à plus d’un titre. Cependant, les coordinateurs de wilaya du Cnapest et de l’Unpef de Bouira ne semblent pas partager le même avis que M. Benbouzid et ont clairement affiché leur scepticisme quant aux accords conclus entre le ministère de l’Education nationale et certains syndicats. Pour M. Saidi, coordinateur de l’Unpef, la forte mobilisation devant la direction de l’éducation de Bouira est un signe qui ne trompe pas. Et après avoir lu une lettre adressée au président de la République dans laquelle il est fait mention de l’ensemble des revendications, le syndicaliste réaffirmera qu’il n’y aura pas de reprise des cours tant que les doléances des travailleurs demeurent lettres mortes. Même esprit pour le Cnapest via son coordinateur de wilaya M. Zoubir qui déplore le fait que la gestion des œuvres sociales bénéficient à certaines personnes privilégiées pour des vacances à l’étranger ou pour l’achat de voitures luxueuses pour des responsables haut placés.
La titularisation des enseignants contractuels exerçant depuis plus d’une décennie dans des conditions plus que précaires a été également à l’ordre du jour, de même que leur sort a été évoqué avec insistance par les syndicalistes. L’année dernière, quelque 108 enseignants contractuels exerçant dans le secondaire avaient été comptabilisés par le Cnapest à travers la wilaya de Bouira.
Des contractuels qui, pour la plupart d’entre eux, ne peuvent plus passer les examens de recrutements aux concours de PES cette année, titulaires qu’ils sont de licence. Une aberration pour M. Zoubir qui se demande pourquoi avoir formé des licenciés dans une filière si aucun débouché n’est disponible par la suite.
C’est M. Abbas, membre du bureau national de l’Unpef qui prendra ensuite la parole pour déclarer qu’“il n’est pas question de reprendre le travail alors que nous n’avons encore rien décroché… Nous sommes aussi des parents d’élèves avant tout et nous voulons tous le bien de nos enfants…’’ M. Hamraoui, membre du conseil national du Cnapest dans son intervention, abondera dans la même logique en affirmant que “les SARL, syndicats à responsabilités limitées n’ont aucune prérogative pour déclarer la fin de la grève…Nous avons été approchés par le ministère pour participer aux commissions d’études et nous avons refusé, nous voulons que toutes nos exigences soient satisfaites avant d’entamer une quelconque négociation sur les modalités d’applications…’’ La prise de parole s’est terminée vers 11h30 sur un “one two three viva l’Algérie” et “wahed zoudj tlata, nous voulons nos droits’’, repris en chœur par les centaines de présents ayant pris part à ce sit-in. Par la suite, une session extraordinaire du Cnapest a été provoquée, en présence des enseignants de tous les établissements de la wilaya et après des débats parfois houleux ayant duré plusieurs heures les syndicalistes ont été unanimes a déclarer la continuité de la grève tant que “toutes les revendications ne sont pas satisfaites’’ comme préalable avant toute négociation. M. Zoubir, coordinateur de wilaya du Cnapest, déplore la sourde oreille de la tutelle et nous affirme à l’issue de la réunion du bureau de wilaya que le ton risque de se radicaliser car plusieurs enseignants ont opté pour des actions de rue si le ministère refuse de satisfaire les exigences des syndicalistes. A Bouira, les représentants des deux syndicats ont exigé l’épuration des rangs dans l’administration et dans les établissements scolaires ainsi que soit rendu publics les résultats des enquêtes suite aux multiples scandales ayant éclaboussé la direction de l’éducation.
Hafidh B.
