Les touristes arrivent,le tourisme patine

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Certains d’entre eux, croisés au centre-ville, avouent avoir été attirés par la splendeur des sites naturels que referment certains endroits. Mais la ville des Genêts ne leur plaît pas pour autant. Ils ont exprimé le regret de déambuler dans une cité infestée par la saleté et le désordre. La canicule aidant, ces quelques touristes, se lassent rapidement en l’absence de structures d’accueil à la hauteur de l’exigence de ces vacanciers.Pour eux, ces infrastructures restent en deçà de leurs attentes et aspirations. Elles sont loin de satisfaire certaines de leurs exigences encore moins de concurrencer les établissements touristiques du même standing des pays voisins, nous disent-ils.Les tenanciers de boutiques d’objets traditionnels et de souvenirs nous ont également fait part de leur préoccupation à satisfaire ces touristes qui sont revenus visiter la Kabylie.Certes, nous dit-on, la vente a repris son envol, mais elle demeure très timide eu égard à l’absence de supports d’informations et de guides. La qualité des objets exposés à la vente en est aussi pour quelques chose, avouent encore ces commerçants. La concurrence déloyale et la médiocrité de la qualité fabriquée par les manufactures semi-industrielles laissent à désirer.“Même si le produit national présente énormément de défauts, notamment dans la finition, les touristes le préfèrent à celui importé de Tunisie, par exemple”, précise un tenancier d’une boutique à la maison de l’artisanat.Sans omettre de nous rappeler la disette des années de braise qu’a connue le pays et les quatre années de crise en Kabylie, notre interlocuteur estime que la politique du tourisme et le retard pris pour sa relance ne sont pas pour attirer les étrangers à venir en masse chez nous. Il ajoute que les touristes, nationaux ou étrangers qui ont fréquenté sa boutique se sont plains de l’état et du service des infrastructures d’accueil.

Une relance à pas d’escargotLa relance du tourisme en Kabylie se suffira-t-elle par les seules visites ministérielles qui s’effectuent en grandes pompes ou bien faudra-t-il accélérer le programme présidentiel et refaire par ricochet son mode de gestion ?Le secteur est dans un piteux état. Rien n’indique concrètement son envol, y compris les deux visites ministérielles qu’a connues la wilaya de Tizi Ouzou ces trois derniers mois. Celle de l’ex-ministre Mohamed-Seghir Kara, effectuée en mai dernier devrait pourtant donner du punch au secteur, puisque une rencontre avec les opérateurs économiques intervenant dans le tourisme y est organisée et des recommandations ont été arrêtées.Les indices démontrent amplement la terrible lenteur avec laquelle ce secteur est pris en charge. La reconversion des infrastructures d’accueil en de véritables lieux de détente et de plaisir feigne à être opérée malgré les exhortations des ministres. Ces derniers sont même allés jusqu’à fixer des délais pour la mise en conformité des hôtels et autres lieux touristiques.La privatisations de ces infrastructures patine toujours. Un seul hôtel a pu être cédé au privé, le Mizrana dans la localité balnéaire de Tigzirt.En décembre de l’année écoulée, l’ambassadeur de l’Afrique du Sud s’est rendu à Tizi Ouzou où il a affiché de bonnes intentions pour lancer le partenariat dans le domaine touristique. Cette visite devrait être suivie, début 2005 par celle d’une délégation d’hommes d’affaires et promoteurs sud-africains aux fins d’établir un état des lieux du secteur et des sites touristiques de la wilaya. Une démarche restée vaine à nos jours.Ces Sud-africains seraient-ils dissuadés par la lenteur dans l’exécution du plan de relance de ce secteur en Kabylie? Avant eux, deux promoteurs français ont visité les côtes d’Azeffoun et de Tigzirt où ils étaient émerveillés par les sites panoramiques que recèlent ces deux localités. Des vœux ont été exprimés pour investir dans l’hôtellerie balnéaire et urbaine. Et jusqu’à hier, des opérateurs économiques continuent de tâter le terrain administratif pour mieux être éclairé sur le créneau de s’engager dans l’investissement.La démarche à l’escargot dans la finalisation des zones d’extension touristiques y est pour beaucoup dans la réticence affichée par les éventuels opérateurs nationaux et étrangers.Ces ZET, au nombre de huit, devront créer une fois achevées des milliers de postes d’emploi directs et indirects. Elles permettront aussi de renflouer les caisses des recettes publiques de la région par des millions de dinars annuellement.Pourtant, les études sur les zones de Sidi Khelifa et du Caroubier dans la localité d’Azeffoun par un bureau spécialisé espagnol, ont été lancées et seraient même achevées. La ZET du Caroubier, dont les études sont achevées, d’une capacité de 1700 baigneurs, s’étale sur 337,5 ha dont 25 sont aménageables. Cette zone possède une plage de 1800 m2 bien abritée avec haut facteur de sécurité. Les équipements d’infrastructures prévus devront assurer environ 800 lits.A Sidi Khelifa, la ZET est en voie d’achèvement, elle s’étale sur 637,50 ha dont 42 sont aménageables. La longueur de la plage est de 3800 m et 100 m de largeur, elle est considérée comme la plus importante car elle est susceptible d’accueillir 5 000 lits et 15 800 baigneurs. La phase de l’approbation de la meilleure variante de cette ZET a été approuvée par la commission de wilaya.L’exploitation de ces deux zones d’extension touristiques, dès cette année pour Caroubier et dès 2007 pour Sidi Khelifa, devra enclencher les études d’aménagement sur les six autres zones. Sur cette dernière, le ministre du secteur, lors de sa visite effectuée la semaine dernière, a émis le vœu de revoir son aménagement.En somme, ces retards et lacunes devront donner aux responsables du secteur une nouvelle vision afin de gérer les chantiers devant relancer le tourisme dans notre pays et essentiellement en Kabylie qui n’a, à vrai dire, d’autres sources d’emploi et de richesse que l’exploitation des sites naturels. La région recèle tous les atouts lui permettant l’exploitation du tourisme balnéaire, urbain et de montagne. Et ce n’est certainement pas les quelques touristes nationaux et étrangers qui affluent ces deniers mois sur la région qui contrediront cet aspect.

M. A. T.

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