Le sacré sur les fresques

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Hadjira Oubachir

Lors de sa visite sur le site de l’exposition des fresques du Tassili N’Adjer, Amadou Hampaté Bâ, écrivain et ethnologue malien a su décrypter plusieurs peintures bovidiennes du Sahara, incompréhensibles pour un observateur européen. Petit fils d’un silatigui, Hampaté Bâ avait assisté dés son enfance à plusieurs cérémonies rituelles. Il s’est attaché toute sa vie à recueillir des légendes et les mythes des peuples Africains animistes jusqu’à devenir un des derniers dépositaires d’une civilisation orale. Chez les peuls bovidiens, le troupeau était source de tous les mythes, le bœuf n’est pas seulement un animal, il est considéré comme un parent. Aujourd’hui encore, les peuls donnent un nom à chaque bête et répugnent de se nourrir de sa chair, ne consommant que son lait. L’attachement au monde animal est très fort. Parmi les objets revêtant un caractère presque sacré, identifié par Hampaté Bâ, on retrouve un récipient de lait car chez son peuple le monde provient d’une goutte de lait. C’est la première femme de la famille qui est chargée de tout ce qui est laitage. Dans chaque parc est entreposée une calebasse destinée à recueillir ce liquide sacré. Les peintures représentant les scènes de la vie témoignent d’un art précieux avec un goût très prononcé pour le mélange de certaines couleurs.

La liberté de l’Art

Dans le Tassili, Tibesti ou Fezzan, des dizaines de milliers de peintures et gravures apparaissent.Les peintures les plus anciennes sont d’aspect négroides même si certaines représentent des personnages aux traits plus fins et à la taille élancée. Les gravures préhistoriques du Sahara constituent un monde aussi riche et merveilleux qu’en Afrique du Sud. La femme est une source intarissable d’inspiration. Elle a toujours été présente dans l’imaginaire des artistes depuis la nuit des temps. Ainsi l’une des fresques les plus célèbres de l’art Sud Africain, représente une femme dont seul le visage est blanc, elle porte des vêtements légers et des bottes. Elle est accompagnée de personnages peints en jaune brun et noir. C’est en fait la légende d’une reine noire au visage coiffé d’un masque blanc comme c’est l’usage en Afrique pour les cérémonies rituelles ou funéraires.

Que ce soit en Afrique du Nord ou en Afrique du sud, ces fresques qui attirent des dizaines de milliers de visiteurs, racontent l’histoire, la réalité de l’époque. Elle révèlent aussi la beauté et la liberté que l’art apporte à l’imagination artistique de ces gens inspirés par les réalités quotidiennes et les forces qui agissent dans la nature et que l’être humain essaie de dominer en les reproduisant.

La civilisation berbère

Là où il y a art, il y’a humanité. L’art exprime d’abord l’émerveillement de l’homme devant la vie. Comme sur les fresques, l’homme revit naturellement ses moments d’exaltation de chasse, de pêche, de guerre ou de rêve pour ensuite les reproduire sur les parois des grottes. C’est avant tout une simple joie de la création et de la contemplation esthétique. Nos ancêtres africains ont inventé des formes artistiques très originales qu’elles marquent d’un sceau visible les productions actuelles. Il n’est pas étonnant que l’art africain soit de loin le plus riche du monde. La brillante imagination de ses auteurs nous restitue l’histoire et les traditions des berbères qui ont beaucoup apporté à la civilisation universelle dans tous les domaine : “Les peintures du Tassili notamment, figurent dans un style d’une grande beauté, la vie des plus anciens habitants de l’Afrique du Nord. C’est plus de cent siècles de vie, de culture et d’art qui s’offrent aux yeux du visiteur admiratif… Quand le grand historien grec Hérodote le décrivait, il (le Sahara) était alors, traversé par de grands fleuves et possédait une riche faune, ainsi que le montrent les scènes de chasses peintes sur les parois.

Il était aussi une terre de peuplement où se côtoyaient diverses cultures, avec leurs religions, leurs croyances et leurs rites…” selon le livre de M.A. Haddadou « Apport des berbères à la civilisation universelle ». Collection « juste dire ».

Des fresques remontant à des milliers d’années du début l’ère chrétienne représentent des chars et des chameaux ; des scènes qui mettent en relief des peuples chasseurs, des éléphants, antilopes girafes et autruches. Les couleurs de ces fresques ont été fabriquées à partir de pigments très résistants. La palette ne comporte que le marron, le jaune, le blanc ou le noir provenant du charbon de bois ou d’os calcinés et broyés avec de la graisse brûlée. Ces ingrédients ainsi mélangés et écrasés au pilon de pierre ou de bois dans les mortiers, étaient malaxés avec de la graisse animale fondue ou de la moelle d’os cuite. C’était déjà la peinture à l’huile de la préhistoire.

La poterie berbère

Durant des générations les potières ont exercé ce métier perpétuant ainsi des traditions ancestrales avec les techniques acquises dès l’enfance auprès des aînés. Des formes variées et décorées de manière élégante révèlent les états d’âme, les rêves et les désirs de celles qui les fabriquent quand elles ne sont pas inspirées par l’environnement. La couleur de ces œuvres d’art aux tons vivaces est apposée avec le doigt, une plume d’oiseau ou un fétu de paille. Chaque poterie est exécutée avec beaucoup de minutie, de passion et de patience. Ces pièces ainsi exécutées dénotent une maîtrise de la technique qui témoigne d’une longue tradition qui remonte à la préhistoire.

Les poteries sont faites pour s’adapter au choix et au besoin de chacun car elles constituent aussi l’une des sources de l’économie domestique. Les potières berbères continue de vivre dans beaucoup d’endroits et les techniques actuelles de fabrication ne sont guère différentes de celles de leurs ancêtres. Les jarres permettent un conditionnement parfait des aliments tandis que les belles cruches gardent la fraîcheur de l’eau tout au long de la journée ; cette eau qui s’imprègne de l’odeur de la terre et des feuilles de lentisque qui donnent ce goût d’eau de source qui traverse des champs odorants. Bon nombre d’indices et de témoignages ont été laissés par les potières sur leur production. Ces marques permettent de les dater et mieux les situer dans l’histoire. Même si le nom des fabricants de nos poteries reste anonyme,

La poterie grecque

Les noms des potiers grecs sont connus grâce aux marques qu’ils ont laissées sur leurs vases. Ces marques permettent d’aider à la datation de la poterie. Des catalogues de signatures ont été réalisés par des archéologues. Il existe environ 600signatures de potiers et 150 associations.

On retrouve cette coutume en Italie au troisième siècle avant Jésus Christ. Les signatures persistent en Gaule jusqu’au troisième siècle après Jésus Christ.

Il existe trois sources de signatures :

Les vases signés par le potier avant cuisson à l’aide d’un tampon ou la main,appelés signatures du potier

Les moules signés par l’artiste qui les a réalisés

Les poinçons signés par l’artiste.

Les signatures quand elles ne sont pas représentées par des dessins d’animaux ou de végétaux, elles sont signées d’un nom. Il s’agit d’une preuve du niveau social de ces hommes qui savaient écrire pour protéger leurs œuvres. Et si on est si souvent prompt à attribuer une origine étrangère à des éléments de la culture berbère, il faut aussi envisager,pour l’art,comme pour les autres domaines, une influence berbère sur les autres cultures termine M.A. Haddadou « Apport des berbères à la civilisation universelle ».

H. O.

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