Un grand rendez-vous raté !

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Du jamais vu et du jamais vécu depuis l’indépendance du pays. L’euphorie et la liesse populaire suscitées par la qualification de Verts au mondial sud-africain restera unique en son genre tellement elle a concerné même les bébés dans le ventre de leurs mamans.

Les Fennecs à qui l’on doit trouver un autre qualifiant plus imposant pour les distinguer. Leurs rugissements a fait retourner dans leurs tombeaux les pharaons qui n’arrivaient pas à reconnaître les responsables du tremblement qui secouait leurs pyramides conçues pour résister à tous les assauts. A force de forger et de creuser dans leurs mémoires, ils ont fini par se souvenir.

Ce sont les berbères ! Couchons-nous, tonnent-ils à gorge déployée.

C’est vrai, nous avons chanté et dansé des jours durant. L’union, la fraternité perdue, la solidarité et le nationalisme égarés furent retrouvés par tous les Algériens. Bouteflika a reconquis les cœurs de nouveau.

Il faut reconnaître qu’il a joué et gagné, contrairement à son confrère de l’est, qui lui, à perdu un match de foot mais a réussi à faire parler de lui et à occuper la scène égyptienne qui lui était défavorable avant le 14 novembre. Lui aussi a su tirer profit du foot même si son équipe et son peuple ont été traînés dans la boue par les Vert du désert.

Le onze national et l’ensemble des dirigeants sont à féliciter pour avoir égayé l’Algérie, les Algériens et leurs amis. Seulement, après le beau temps, la joie et le bonheur, le peuple est retombé sur terre et retrouve sa réalité qui n’est pas, faut-il le préciser, assez reluisante ou pas reluisante du tout. Pendant que l’on chantait à tout vent, les lentilles et consorts se sont fait pousser des ailes pour atteindre les hauteurs et les cieux que nous avons réussi aussi à frôler grâce à la victoire des coéquipiers de Antar Yahia notre vol, nous avons omis de parler de nos salaires. Ils sont restés très bas.

Une erreur stratégique. Pendant que nos ailes étaient déployées à des milliers de mètres d’altitude, grâce à la joie de la victoire du siècle, les lentilles et les produits de large consommation ont su nous rejoindre mais le hic, même en nous rejoignant, on ne pouvait pas se les offrir car nos salaires demeurent toujours très bas.

La tripartite venue au secours n’a malheureusement pas pu faire quelque chose. Les salaires ne sont pas augmentés pour la plupart des ouvriers.

Le chef du gouvernement, le secrétaire national de l’UGTA et le patronat ont quand même essayé de nous venir en aide.

Hélas, ils n’ont guère pu toucher tout le monde. Les lentilles et les légumes secs ont fait mieux. Ils ont touché tous les Algériens dans leur ascension fulgurante et surtout les plus modestes. Le SMIG a atteint 15 000 DA, c’est tout ce que l’UGTA a pu décrocher.

200 à 300 mille ouvriers verront leurs salaires augmenter de quelques centaines de dinars. C’est tout de même un acquis ! Quel acquis ? Les enseignants qui se sont fait avoir, attendent la fin décembre pour juger de l’utilité de leur mois de grève.

Il paraît que là aussi, la déception sera énorme. Pas pour tout le monde, dans ce genre de situation, quelques rares privilégiés trouveront leurs comptes.

On parle déjà de promotion pour certains syndicalistes verreux. Une chose est sûre, l’élan de solidarité, d’union, de fraternité et d’espoir suscités par la victoire de l’équipe nationale ne s’est guère accompagnée de mesures qui permettent de marquer à vie les Algériens. Un grand rendez-vous raté par les décideurs !

Hocine Taïb

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