Hommage à Mohia

Partager

En hommage à Mohand Ouyahia décédé il y a déjà cinq ans, la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, en collaboration avec le théâtre régional de Béjaïa (TRB) a élaboré, un programme de festivités ayant débuté jeudi dernier et s’étalera sur plusieurs jours. En effet, outre, le recueillement sur sa tombe prévu ce lundi à Ath R’bah et l’exposition qui porte sur sa vie et son oeuvre, des pièces théâtrales sont également prévues. L’interprétation revient à l’équipe du théâtre régional de Béjaïa. Il s’agit du Foehen de Mouloud Mammeri, et Sin ni de Mohia. De son vrai nom Abdellah Mohia, il est né le 1er novembre 1954 à Aït Rbah dans la localité d’Iboudraren, Mohand Ouyahia a vécu son enfance à Azazga où son père exerçait le métier de tailleur. Dès son jeune âge, il s’intéressa à la cause identitaire, son combat a commencé au lycée Amirouche où il avait tenté, avec d’autres lycéens d’interpréter une pièce de théâtre en kabyle, ce qui avait soulevé, à l’époque, un tollé chez les autorités.

Elève brillant, il décrocha son baccalauréat en 1968 et s’inscrit à l’université d’Alger pour une licence de mathématiques. Une licence qu’il décrocha en 1972. Il est utile de souligner que durant son cursus universitaire à Alger, Mohia avait entrepris plusieurs actions qui avaient trait à la revendication identitaire, notamment la création avec d’autres camarades du cercle culturel berbère.

Par ailleurs, après avoir obtenu un concours, Mohia s’inscrit pour un doctorat à l’université de Paris III. Dès lors, il s’est attelé à un travail de recherche et d’animation, notamment avec le groupe d’études berbères. Même s’il ne s’est jamais fait l’idée de devenir poète, Mohia a écrit de nombreux poèmes liés à la revendication culturelle et identitaire et qui véhiculent un discours politique contestataire, car la poésie pour lui, c’est focaliser l’attention sur des sujets, des points de vue ou des sentiments bien déterminés. A ce sujet beaucoup d’entre ses compositions ont été interprétées par plusieurs chanteurs, citons entre autres, Ferhat, Idir, Ideflawen, Domrane, Agraw, Chabi et Takfarinas.

Au début des années 1980, après le soulèvement du Printemps berbère, Mohia songe à un autre travail, il passe de la contestation à la traduction littéraire, et c’est ce qui a vu naître Mohand Ouchabane et le ressuscité du Chinois LuXun, puis vint Tachbaylit (la jarre de Luigi Pirandello), Si Lehlou (le médecin malgré lui de Molière) ou encore le maître Patelin du 15e siècle qui devient sinistre. Comme dans les mathématiques, Mohia a toujours su placer les mots et les personnages qu’il faut à leur place, au point où on se doute même de l’originalité de ces œuvres. “Pour ma part, je ne voix pas d’autre alternative qui réponde au défi en dehors de celle qui consiste à écrire dans la langue vernaculaire”, soutient encore Mohia. Après l’ouverture du champ politique en 1989 et qui a donné naissance aux partis politiques et aux journaux privés, le dramaturge s’intéresse à la traduction de la philosophie grecque, notamment Platon qu’il découvrit dans une poubelle un soir en rentrant chez lui. C’est ainsi que Mohia consacre le reste de sa vie jusqu’à un certain 7 décembre 2004, lorsqu’il nous a quitté à la suite d’une longue maladie, laissant son œuvre inachevée.

M. A. Tiaouinine

Partager