La Dépêche de Kabylie : M. Kerrouche, à quoi répond votre présence aujourd’hui à Tizi Ouzou (vendredi) ?
Slimane Kerrouche : Aujourd’hui, nous sommes le 11 Décembre, date très importante dans l’histoire de notre pays. C’est un palier important pour le recouvrement de notre indépendance, pour laquelle beaucoup d’Algériens ce jour-là sont tombés en héros au champ d’honneur. Déposer une gerbe de fleurs est un devoir pour moi, et à chaque festivité commémorative je ne m’empêche pas d’être présent au Carrée des Martyrs aux côtés des membres de la famille révolutionnaire. Il s’agit de l’appel des martyrs auquel il faudra répondre, en continuité de mes activités depuis ma tendre enfance, où j’étais aux scouts, à la JFLN, à l’UNJA et aujourd’hui en ma qualité de membre du conseil national du FLN et cadre au parti et en cette date historique, ma présence est plus qu’un devoir.
Et votre projet d’association Les amis et fans et de la JSK où en êtes-vous, car les gens attendent beaucoup ?
Il faut juste dire que pour construire quelque chose de durable et de solide, ce n’est pas chose facile, mais relève du possible quand la volonté existe. Nous avons sillonné pratiquement toute la Kabylie entière et notre projet ne se confine pas dans une ville donnée. Il balaye toute la Kabyle et au-delà. En un mot, la JSK est un club national et on a touché tous les espaces où les supporters existent. Des comités dans chaque commune sont installés et des rencontres de proximité sont tenues pour expliquer notre action et notre projet, qui consiste à rassembler la Kabylie entière dans le domaine sportif, culturel, religieux, selon notre programme. Je dois dire au passage que notre association s’est dotée d’un siège au centre-ville de Tizi Ouzou, grâce à l’action de bienfaiteurs, et que notre agrément est déposé aujourd’hui au niveau de la Drag de Tizi Ouzou par 22 membres.
Sur quoi repose justement votre programme afin de faire adhérer le maximum d’avis à votre projet ?
La mission principale que s’assigne notre association consiste d’abord à dresser un constat sur l’Etat des lieux dans laquelle se trouve la JSK. Et il est regrettable de le dire, le club passe par une mauvaise période. Plus de 43 entraînements, le club remporte rarement des titres, une prestation nationale et internationale en régression, la politique, l’extinction quasi totale des autres discipline, les supporters qui désertent le stade même à Tizi Ouzou. Ce sont toutes ces raisons qui gouvernent notre action et notre souci, on ne peut rester indifférents à cet état de fait.
En ex-dirigeant et enfant de la région, je me dois d’agir avec d’autres bonnes volontés pour un redressement de la situation. A ce titre, la priorité va vers la réhabilitation de la grande JSK, qui englobe toute la Kabylie et au-delà, avec la relance de toutes les autres disciplines, ce qui donnera la chance à notre jeunesse d’avoir de l’ambition à évoluer un jour dans ce grand club.
En tant que président de cette association, je suis persuadé que la jeunesse de Kabylie donnera du tonus au club, pour peu qu’on lui ouvre les portes et lui donner la chance, à l’instar des grands talents que le club a connus (Gaouaoui, Zafour, Meftah, Hamlaoui, Douicher, Djouder, Aït Tahar, Marek, Boubrit, Douden, Karouf, Menad, Sadmi….), qui jouaient avec cœur et amour en défendant les couleurs du club. Il faut juste voir le palmarès (3 coupes d’Afrique…). Il faut relancer le club sur les fondations de Abdelkader Khalef et Benkaci, car au rythme où vont les choses actuellement, il y a péril en la demeure, comme aussi imposer un staff technique stable comme fut la paire Zywotko- Khalef qui ont su driver le club treize ans durant.
Je n’ambitionne pas d’être président de la JSK, mais de travailler à donner des assises fortes au club en créant les meilleures conditions de travail et surtout en convainquant les bailleurs de fonds de la région (industriels, investisseurs) à se rapprocher des affaires de la JSK, en instaurant une gestion transparente et loyale.
Il s’agit de l’institution d’un conseil d’administration qui aura la charge d’un contrôle rigoureux sur la comptabilité du club, l’origine et la destinée des fonds, avec traçabilité. La politique des recrutements, le choix des hommes, sont les préalables au fonctionnement professionnel du club. Ainsi, la JSK se trouvera fin prête en 2011 où le professionnalisme sera consacré. Cette approche apportera de l’eau au moulin et convainquera tous les investisseurs potentiels à s’impliquer davantage, contrairement à certaines déclarations faites, accusant à tort la région de Kabylie de ne pas disposer ni d’hommes ni de bailleurs de fonds, ce qui relève de la désinformation et de l’intox.Le problème réside en eux et non chez la Kabylie. Il faut relancer l’école de football, d’où sortiront des valeurs sûres et des compétences de Kabylie dans toutes les disciplines handball, natation, basket, judo, boxe, athlétisme, tennis…
Il faut donner l’occasion et la chance à des compétences d’émerger. Le génie de notre jeunesse n’est plus à démontrer, la région a enfanté des forces qui ont pu s’imposer dans l’arène nationale et internationale.
On croit savoir que vous faites face à des blocages et que l’actuel président de la JSK vous traite de tous les sobriquets ? Quel commentaire en faites-vous ?
Pour mettre fin à toute polémique stérile, je précise que notre association est une force de proposition de construction et non une quelconque opposition. Nos objectifs et programmes sont clairs et bien ficelés et n’ambitionnent pas de créer des pushs où déstabiliser qui que ce soit. A travers nos différentes sorties sur le terrain, nous n’avons ménagé aucun effort pour expliquer les missions de notre association. D’ailleurs, nous comptons reproduire notre programme à large échelle et le distribuer pour lever toutes les équivoques. Notre démarche sera populaire, pacifique, démocratique, transparente. L’ASP JSK est une grande entreprise, mon passage pendant 10 ans dans ce club a été d’un grand apport pédagogique, financier, constructif, comme en témoignant les résultats.
Un bulletin d’information bimensuel a été établi à l’époque. Il a été confectionné avec la collaboration de la direction de l’Education dont le directeur était Nouredine Medjoud, que je remercie au passage. Le bulletin était distribué à l’échelle nationale et en France.
Pour revenir aux blocages que vous évoquez par rapport à notre initiative, je précise que personne n’a la force où la compétence de faire échec à notre initiative, pour le seul motif qu’il s’agit d’une initiative populaire bien ancrée, aux assises fortes. Les détracteurs sont démasqués et impuissants à faire quoi que se soit. En ce sens, ils agissent par la défensive et, pris par un vent d’hystérie, déclarent des inepties et font n’importe quoi, à leur corps défendant. Force est de constater que la population de notre région est suffisamment armée pour déjouer les manœuvres et ne pas céder à la désinformation en tirant le bon grain de l’Ivraie. En Kabylie, tout le monde suit sait qui est qui et qui fait quoi? Alors de grâce, je préfère ne pas m’attarder sur cela car il relève de l’accessoire. Moi, je m’investis dans l’essentiel, un grand travail de construction m’attend et la région a besoin de forces à même de construire. Je tiens tout de même à répondre à ceux qui jurent de m’interdire de mettre les pieds à la JSK, d’abord la JSK appartient à tout le monde, mon identité pleine et entière d’Algérien de Kabylie me fait conforter dans ma citoyenneté d’Algérien, pour laquelle ma famille s’est battue en martyrs.
En ce sens, je confirme si besoin est, que je n’ai jamais failli à mes devoirs nationaux, je vis en Algérie, je vote à chaque échéance, je me recueille sur le carrée des martyrs à chaque festivités commémorative, et la JSK qui est un patrimoine national, ma fibre patriotique; m’interdit de m’en éloigner et personne ne peut interdire ma présence à ce club, à moins qu’on brandisse un acte de propriété notarié et jusqu’à preuve du contraire ce n’est guère le cas. Ma loyauté et mon franc-parler pour l’intérêt du club et de la région dérangent sérieusement des intérêts. Le président du club de la JSK, qui fonctionne en véritable seigneur brandit des menaces, ce qui n’est guère à son honneur et ne travaille nullement les intérêts du club, encore moins ceux de la région. Je prends à témoin toute la Kabylie sur cette dérive en le sommant de prendre l’entière responsabilité de ce qui adviendra. Encore une fois le président de la JSK démontre son amateurisme en matière de communication et de gestion de situation, il s’agit d’une preuve tangible de son immaturation alors qu’il est à la tête d’un club le plus prestigieux du pays, la JSK mérite un meilleur sort.
Vous maintenez votre appel à la tenue de l’audit sur le fonctionnement de la JSK. Pourquoi cet audit et qu’attendez-vous de cela ?
Nous sommes un Etat de droit, qui combat la mauvaise gestion et la corruption, et l’audit que nous appelons pour sa tenue, interviendrait pour l’assainissement de la gestion des affaires du club, et préparer ainsi le terrain à recevoir les bailleurs de fonds et les investisseurs de la région au profit du club la JSK. A ce jour, toute la gestion de ce club est entre les mains de deux personnes, qui ne connaissent pas le domaine. Elles ne sont ni des experts ni des spécialistes en la matière. Sachez qu’aucune comptabilité n’est tenue, et que les bilans chiffrés qu’on annonce n’obéissent à aucune étude ou traitement des dossiers, il s’agit d’une gestion d’épicerie qui se pratique. Devrons-nous nous taire et laisser le pourrissement durer et s’éterniser ? Le bon sens humain dirait non. C’est en ce sens que l’audit serait une réparation salutaire qui ferait tomber les masques et laisserait vraiment des plumes. A titre d’exemple, expédier une AGO en l’espace de 17 minutes (voir les comptes rendus de presse de l’époque), où il était question de présenter les bilans moral et financier estimé à hauteur de 25 milliards et devant une assistance sélective et non concernée. Cela donne à réfléchir sur la manière dont fonctionne la JSK et sur les méthodes retenues lorsqu’il s’agit de choses sérieuses. Devant cet état de fait, nous interpellons la DJS, de respecter la réglementation en vigueur et d’appliquer les lois de la République liées aux critères réglementaires : Identification des membres de l’AG selon les statuts ; acquittement de toutes les cotisations selon le règlement intérieur ; remise des bilans moral et financier aux membres de l’AG identifiés avant l’AGO, pour étude avant approbation. Or, force et de constater que cela n’a jamais été fait avant la tenue des AGO, ce qui dénote la violation de la réglementation en vigueur et les lois de la République. Pour cela, nous combattons corps et âme contre tout ce qui a trait à la mauvaise gestion et tout ce qui attente au respect de la réglementation en vigueur, laquelle mettrait sur les rails de la bonne gouvernance toutes les institutions de la république à l’ère de la globalisation et de la mondialisation. Les pouvoirs publics et les institutions élues, le ministère de la Jeunesse et des Sports, la FAF, se doivent d’avoir un droit de regard et de contrôle sur le fonctionnement du club, qui manipule des sommes colossales des contribuables sans que cela soit fait dans la transparence et la loyauté.
Le président Moh-Chérif Hannachi vous défie de venir à l’AG de la JSK. Que pensez-vous de cela ?
Il ne s’agit nullement d’un défi qui m’est lancé, mais étant légaliste et respectueux des lois de la République, je me demande comment me présenter à une AG préfabriquée et vidée de toute légitimité et d’officialité, dès lors que les membres qui la constituent n’ont absolument rien à voir avec la JSK.
De plus, il faut rappeler, que l’AGO est ouverte à tout le monde et à tout citoyen désireux d’assister et autorisé à prendre part en tant qu’observateur. L’approbation des bilans est l’affaire exclusive des membres de l’AG dûment reconnus par les textes et en respect des recommandation statutaires qui régissent le club. Que Moh Chérif Hannachi soit rassuré, Slimane Kerrouche n’ambitionne pas d’être président de la JSK, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. Mais au même temps on ne cessera pas de faire appel aux grands bailleurs de fonds, prêts à mettre tous les moyens (apports colossaux), à la conviction d’une bonne lisibilité de la gestion, pilotés par un conseil d’administration aux compétentes avérées, ce qui ferait éviter à la JSK de pratiquer l’aumône comme un mendiant de rue, comme elle le fait présentement et depuis près de 14 ans. Notre association sera d’un apport à toute la dynamique dans l’esprit de la complémentarité, afin de former une bonne cohésion entre les supporters et la direction du club, dont la réconciliation donnerait une efficace synergie de force au bénéfice de la JSK et de la région.
Que les choses soient définitivement claires : notre association se veut comme structure de proposition, de construction et non d’opposition comme veulent le faire croire les détracteurs de tous bords.
Je rassure la population de la région, que notre association s’est fait comme credo la construction, le rassemblement, la réconciliation. J’en appelle aussi à la population pour soutenir notre démarche mais surtout pour faire preuve de vigilance quant à la campagne de désinformation menée tambours battants dans certains médias, cherchant à dévoyer notre action.
Quelle lecture faites-vous de la présence de Mahieddine Khaled ces derniers temps (Tizi-Ouzou, Blida…) avec la JSK ?
La présence de Khaled avec la JSK n’est pas du tout une surprise, il est un enfant du club, et il a toujours revendiqué son amour pour la JSK.
Je tiens aussi à éclairer l’opinion que Mahieddine Khaled soutient notre démarche, qu’il trouve constructive et utile à la JSK.
Revenons à l’affaire Dabo, que pouvez-vous dire de précis concernant son contrat ?
Avant de parler de Dabo, il faut rappeler que plusieurs joueurs sont dans la même situation. Le joueur Faradji, dont l’affaire a éclaté dans l’enceinte même des vestiaires et qui a pris une ampleur au niveau national, a exigé la régularisation de ses dûs par le président selon les médias. Pour revenir à Dabo, dommage que son affaire ait éclaté deux ans plus tard, où il déclare que Hannachi lui a volé 210 000 euros et il est prêt à prouver cela par des documents “avenant de contrat”. A ce titre, notre association combat cette mauvaise gestion, qui porte atteinte à l’image de marque du club et de la région. J’appréhende que d’autres affaires similaires éclatent au grand jour et risquent de nuire à notre club.
Un dernier mot.
Je remercie la Dépêche de Kabylie qui fait un travail professionnel en ouvrant ses colonnes aux différents avis, comme aussi je remercie un ancien moudjahid connu dans la région qui a accepté d’être premier vice-président de notre association, il s’agit de Fedjar Amar, qui apportera un plus à notre dynamique.
Je ne peux m’empêcher de lancer un appel à la population de notre région, afin de contribuer à l’essor économique et à la stabilité de notre région et de notre club cher à tous la grande JS Kabylie.
Entretien réalisé par Khaled Zahem
