»Je souhaite que la JSK retrouve sa place dans le gotha africain »

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Rubrique animée par Hamid Oukaci

La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, présentez-vous à nos lecteurs ?

Hakim Meddane : Je suis né le 05/09/1966 à El-Harrach mais mon défunt père, qui tenait beaucoup à nos origines, m’a inscrit à Beni Yenni, d’ailleurs c’était le cas de tous mes frères et sœurs, on était très attachés à notre village malgré que nous ayons vécu à Alger.

Racontez-nous vos débuts dans le football ?

Comme tous les jeunes de mon époque, j’ai commencé à taper dans un ballon dans mon quartier. Les Eucalyptus à Badjarah et c’étais justement dans un tournoi d’interquartiers, que l’entraîneur de IRHD a découvert mes qualités, donc, j’ai intégré ce club en 1979, et puis après, j’ai signé ma première licence l’année d’après, avec l’USM El Harrach

Comment aviez-vous intégré l’USM El-Harrach ?

Je dirais tout simplement que c’était le destin, je me souviens qu’il y avait un test de présélection pour intégrer l’USMH et les jeunes du quartier sont allés au stade pour tenter leurs chance, alors j’ai accompagné mon frère. En arrivant là-bas, je me suis posé la question « pourquoi pas moi » ? Je n’étais même pas prêt pour cet essai et je l’ai quand même fait, avec les chaussures de mon frère ; à la fin, j’ai réussi à décrocher une place mais malheureusement je n’ai pas pu intégrer le club à cause d’un événement facheux et qui m’a endeuillé.

Lequel ?

C’était le décès de mon père. En septembre 1981, j’ai perdu mon père qui était âgé de 53 ans, et c’était très dure pour toute la famille et moi car à l’époque, je n’avais que 15 ans donc j’ai perdu toute envie de jouer, je suis parti au village et je suis resté là-bas plus d’un mois. Pendant ce temps, l’entraîneur de l’UMSH Ramit en l’occurrence- venait souvent au quartier pour s’enquérir de ma personne. Dès mon retour, il m’a pris en charge et j’ai signé ma première licence en 1981 en catégorie cadets, je tiens justement, à souligner le grand rôle qu’a joué monsieur Remit durant cette période très difficile dans ma vie, il m’a beaucoup aidé à surmonter la pente et m’a redonné l’envie de jouer.

Vous êtes resté combien d’années à El-Harrach ?

J’ai joué au début de la saison 1981-1982 en cadets mais à partir de la phase retour, je commençais à progresser pour jouer en juniors. Mon premier match avec les seniors je l’ai disputé à l’âge de 16 ans, donc, je suis resté toujours à la disposition de l’entraîneur, j’ai gagné trois fois consécutif la coupe d’Algérie avec les juniors, et une autre avec les seniors en 1987 face à la JSBM, j’ai été même convoqué en équipe nationale à l’âge de 19 ans sous la houlette de l’entraîneur Rabah Saâdane, enfin, j’ai participé à la coupe d’Afrique des nations de 1986 en Egypte et celle de 1988 au Maroc, avant de rejoindre la JSK en 1988, car cette dernière voulait m’enrôler depuis longtemps.

Pourquoi avez-vous mis tout ce temps pour rejoindre la Jsk ?

En réalité, les contacts avec la JSK remontent à 1984, par le biais de défunt Abdelkader Khalef et Noureddine Saâdi qui m’ont conseillé d’aller jouer à la JSK, sans oublier bien sûr mes amis, la famille et les gens de mon village qui me poussaient à chaque fois, à exaucer leur souhait le plus cher, celui de me voir un jour, endosser le maillot Jaune et Vert.

Je pense que mon jeune âge et mes habitudes à El-Harrach ont retardé ma venue à la JSK, je vous avoue tout de même, que moi aussi, j’avais cette envie de jouer pour mon club de cœur, car à mon avis, chaque joueur kabyle rêve de défendre les couleurs de la Jsk. En 1988, j’ai senti que le moment était venu pour chercher d’autres challenges et répondre à l’appel du cœur, c’était une décision très difficile car j’étais la coqueluche du public harrachi, en plus, quitter mon environnement n’était pas chose facile, mais aujourd’hui je peux dire, que j’ai pris la bonne décision et je ne regrette rien.

Racontez-nous vos débuts à la Jsk ?

Pour l’intégration, je m’étais très vite adapté au groupe, puisque je suis de la région, en plus j’avais beaucoup d’amis qui ont joué avec moi en équipe nationale, à l’image d’Adgigh, Menad, Sadmi, mais la phase aller a été très difficile, car tout le monde attendait de moi un grand rendement ; malheureusement, la charge du travail m’a handicapé et j’étais loin de ma forme, heureusement que tout le monde était patient avec moi. A partir de la phase retour, j’ai retrouvé mes repères, la saison suivante en 1989-1990, j’étais au top de ma forme et cette année-là, on a réussi à décrocher le titre du championnat et la coupe d’Afrique des clubs champions, sur le plan personnel, j’étais élu joueur de l’année par le sondage de l’APS.

Vous avez tenté aussi une expérience professionnelle ?

Effectivement, après avoir passé trois saisons avec la Jsk, j’ai passé trois autres avec le club portugais de Famalicao, un pensionnaire de la première division qui comptait dans ses rangs Djamal Menad ; d’ailleurs, c’était ce dernier qui m’a aidé à jouer dans ce club, ensuite, j’ai joué une saison toujours dans le championnat portugais sous les couleurs de Desalgueiros, avant de finir mon aventure à Famalicao pour revenir en Algérie et réintégrer la JSK en 1996.

Comment avez-vous trouvé la Jsk ?

Bien sûr, qu’il y avait un changement puisque la majorité des joueurs avec qui j’ai déjà joué n’était plus là, mais, je dirais qu’on avait un bon groupe et on a réussi à remporter la première coupe de la CAF en 2001, face à Ismaïlia, d’ailleurs ce fut mon dernier match comme joueur, avant de mettre fin à ma carrière.

Malgré votre retrait comme joueur, vous êtes toujours resté à la Jsk ?

Absolument, juste après la première coupe de la CAF, j’ai intégré directement la direction de la JSK comme manager général et j’ai gagné aussi deux coupe de la CAF et un championnat. Depuis 2005, je suis à la Fédération algérienne de football où j’exerce comme entraîneur avec Ouardi de l’équipe nationale des moins de 17 ans avec qui, on a réussi une honorable participation au Mondial après avoir été malheureux finaliste de la coupe d’Afrique qui s’est déroulée, ici, en Algérie.

Durant votre carrière, vous avez gagné beaucoup de titres, quel est celui qui vous a marqué ?

Je pense que chaque titre remporté à sa saveur mais, je dirais que le coupe d’Afrique des clubs champions que nous avons ramenés de Lusaka à une saveur particulière, tout d’abord ça été très difficile, puisqu’on avait gagné avec une marge non sécurisante au match aller et le suspense a duré jusqu’aux tirs au but, il y avait aussi la coupe de CAF que nous avons remportés face à Ismailia qui a pu redonner le sourire à nos supporters après plusieurs années.

Vous avez marqué aussi beaucoup de buts, quelles sont les réalisations qui vous sont restées en tête ?

Je dirais qu’il y avait trois buts. Le premier est celui face à la JSBM en finale de la coupe d’Algérie en 1987, alors que je jouais à El-Harrach, le deuxième avec la JSK contre Ashanti Kotoco sur un corner direct, et sans oublier le dernier penalty dans la série de tirs c’était une très grande responsabilité. En finale retour de la coupe d’Afrique des clubs champions, j’avais tiré des 30 mètres qui me séparais du point de penalty, après avoir marqué le but, j’avais peur que l’arbitre ne l’annule puisque le ballon a franchi la ligne.

Quel est l’entraîneur qui vous a marqué le plus ?

Je dois ma réussite à tous les entraîneurs que j’ai eu depuis mon jeune âge, en particulier Ramit, le duo Khalef Et Zyvotco, Noureddine Saâdi sans oublier le défunt Belabed.

Si on parle de l’équipe nationale ?

Je pense qu’on a une bonne équipe qui dira son mot dans la prochaine CAN et Coupe du monde, je veux rendre un grand hommage à ce groupe qui a réussi à redonner le sourire au peuple algérien. Nous avons l’avantage d’avoir un grand entraîneur qui a pour nom Rabah Saâdane, je dirais aux mauvaise langues « de grâce, laisser-le travailler. »

Un dernier mot pour conclure ?

Je souhaite que le football algérien repart de bon pied, j’espère aussi que la JSK retrouve sa place dans le ghota africain, une pensée à notre frère Kamal Aouis à qui, je souhaite le rétablissement le plus tôt possible.

H. O.

Pour vos contactes itranddk@yahoo

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